Street Fighter vient rejoindre la longue liste des adaptations de jeux vidéo catastrophiques avec son script inepte et sa direction artistique kitsch totalement aberrante.
Synopsis : En Asie du Sud-Est, le Général Bison menace de faire éclater une Guerre Mondiale si on ne lui accorde pas 20 milliards de dollars, en échange de la vie de 63 membres des nations alliées qu’il a pris en otage. Pour stopper ces plans, le colonel William Guile s’organise de son côté…
Critique : Au début des années 90, les sociétés productrices de jeux vidéo commencent à connaître une forte popularité et cherchent à exploiter leurs franchises les plus lucratives au cinéma. Ce fut le cas de Nintendo avec Super Mario Bros. (1993), dont les résultats au box-office furent si désastreux que la société n’a plus jamais tenté l’aventure. En 1994, c’est au tour de la société japonaise Capcom de se lancer dans l’exploitation de son jeu phare intitulé Street Fighter.
Persuadés de tenir un bon filon, ils alignent un budget considérable de 35 millions de dollars en coproduction avec les Etats-Unis. Très rapidement, ils signent avec Jean-Claude Van Damme qui est alors une star du cinéma d’action, ainsi qu’avec Raul Julia pour incarner le célèbre dictateur Bison. En ajoutant la star de la pop Kylie Minogue, le volet budgétaire consacré aux acteurs est totalement consommé. Ce qui a eu comme impact de sélectionner des comédiens de piètre qualité pour les autres rôles.
D’ailleurs, le cinéaste novice Steven E. de Souza n’a pas eu beaucoup de chance durant la production houleuse du long-métrage. Tout d’abord, le planning imposé par Capcom était particulièrement serré. Ensuite, la star Jean-Claude Van Damme était alors dépendante à la drogue, rendant le tournage compliqué. Il a également eu une liaison avec Kylie Minogue durant les prises de vues. Enfin, Raul Julia souffre d’un cancer de l’estomac qui le laisse souvent exsangue après les prises. Il décédera peu de temps après le tournage. Autant d’éléments qui ne facilitent donc pas l’implication d’une équipe qui doit faire avec un script inepte.
Le résultat à l’écran est tout bonnement piteux. Non seulement on se contrefiche de l’intrigue principale, mais en plus, la plupart des personnages n’ont aucune épaisseur. La faute à un casting complètement à l’ouest (Van Damme transparent, Minogue absente), insipide (Damian Chapa et Byron Mann, piètres Ken et Ryu) ou en roue libre (Raul Julia dans un grand numéro de cabotinage sans filet). Si l’on ajoute à cela des décors kitsch, des costumes ridicules et une musique inepte, on n’a qu’une petite idée du naufrage.
Car Street Fighter n’est même pas une série Z sympathique dont on pourrait rire. Il s’agit surtout d’un film totalement inoffensif, terriblement ennuyeux dans son absence totale d’enjeu. Pire, aucun combat ne vient nous réveiller alors qu’il s’agit de la pièce maîtresse du jeu vidéo.
Aujourd’hui considéré à juste titre comme un navet pur premium, Street Fighter a connu un certain succès en salles. Aux Etats-Unis, le film a tout juste été remboursé, mais son exploitation internationale en a fait un joli coup. En France, ils furent tout de même plus d’un million de gamers à faire le déplacement, malgré des critiques assassines et des fans généralement offusqués par la nullité du produit fini. On ne les contredira pas.
Critique de Virgile Dumez
© 1994 Capcom Co LTD. Tous droits réservés.
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