Shining Sex (La fille au sexe brillant) : critique et test blu-ray (1977)

Érotique, Science-fiction, Drame | 1h45min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Shining Sex,de Jess Franco (1975)

  • Réalisateur : Jesús Franco
  • Acteurs : Jesús Franco, Lina Romay, Raymond Hardy (Ramon Ardid), Evelyn Scott, Monica Swinn, Olivier Mathot
  • Date de sortie: 08 Juin 1977
  • Nationalité : Français, Belge, Suisse, Italien
  • Titre original : Shining Sex
  • Titres alternatifs : La fille au sexe brillant (titre français secondaire), Alpha, Le Sexe brillant, Shinning Sex (France, VHS) / Piaceri erotici di una signora bene (Italie) / Die Blonde mit dem Messen Busen (Allemagne)
  • Année de production : 1975
  • Scénariste(s) : Jesús Franco, Daniel Lesoeur, Pierre-Claude Garnier
  • Directeur de la photographie : Gérard Brissaud
  • Compositeur : Daniel White
  • Société(s) de production : Eurociné, Brux International Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : France Inter Cinéma
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Les Editions Caroline (sous le titre de Shinning Sex, VHS, 1982), Sweet Home Vidéo (VHS, 1982) / Artus Films (DVD et blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 1er février 2022 (Combo DVD / blu-ray)
  • Box-office Paris-périphérie : 13 095 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie / Interdit aux moins de 16 ans de nos jours
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Benjamin Mazure (jaquette Artus)
  • Crédits : Artus Films
Note des spectateurs :

D’une étrangeté assez fascinante, Shining Sex est une œuvre qui navigue sans cesse entre érotisme facile et onirisme poétique. Dommage que l’ensemble soit si fauché.

Synopsis : Après son numéro, la jeune et jolie strip-teaseuse Cynthia est invitée à finir la soirée par un couple libertin. La femme, Alpha, profite de l’ivresse de Cynthia pour lui enduire le sexe d’une substance brillante. A partir de ce moment, cette dernière est littéralement contrôlée par Alpha, qui lui ordonne d’exécuter ses moindres désirs.

Un tournage pour deux films

Critique : En 1975, Jesús Franco tourne plusieurs films pour le compte de la compagnie Eurociné des frères Lesoeur spécialisée dans le cinéma d’exploitation. Comme à son habitude, Franco dispose du budget nécessaire pour tourner un unique film, mais il se débrouille pour livrer à la fois une œuvre de commande, la comédie érotique Midnight Party, et en même temps un film plus difficile et plus artistique intitulé Shining Sex. Réalisés en même temps, avec les mêmes techniciens et les mêmes acteurs dans les mêmes lieux, les deux films s’avèrent très dissemblables par leur ton.

Shining Sex, détails du combo DVD / Blu-ray

© 2022 Artus Films / Conception graphique : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Autant Midnight Party est une œuvre légère, autant Shining Sex est une ode désespérée à la femme qui prend de plus en plus de place dans le cœur de Jesús Franco, à savoir l’actrice Lina Romay, pourtant toujours en couple avec Ramon Ardid (ici visible en acteur sous le nom Raymond Hardy). Le script reprend dans les deux films la même situation de départ, à savoir une strip-teaseuse qui est enlevée par des truands. Sauf que dans Shining Sex, le film évolue progressivement vers une œuvre de science-fiction complètement barrée qui ne ressemble à rien d’autre qu’elle-même.

Une première demi-heure ennuyeuse, sous le signe d’un érotisme corsé

Malheureusement, pour arriver à un début d’intrigue, il faut patienter durant une première demi-heure totalement en roue libre où le cinéaste multiplie les effeuillages de ses actrices, ainsi que les séquences érotiques, souvent saphiques, mais étonnamment explicites. L’ennui pointe donc inexorablement le bout de son nez, et ceci malgré l’emploi judicieux de décors naturels étranges (en réalité tournés dans les constructions alors modernes de La Grande-Motte). Le seul élément qui nous tient en éveil est l’utilisation d’une musique séduisante de Daniel White, ainsi que de sons étranges et bruitistes sur la bande-son. Toutefois, l’ensemble paraît bien long pour une amorce de film.

Heureusement, l’histoire contée est ensuite suffisamment structurée et cohérente (dans sa logique absurde de SF bien entendu) pour interpeller le spectateur. Le rythme est ensuite toujours aussi lent, mais la durée excessive de nombreux plans donne au film une allure d’œuvre arty qui séduit petit à petit, d’autant plus que le personnage tragique incarné avec beaucoup de présence par Lina Romay finit par émouvoir. Devenue une arme sexuelle létale aux mains d’êtres venus d’une autre dimension, elle apparaît comme une victime de sa sexualité extravertie. Certains ont d’ailleurs vu ici une anticipation des futurs ravages du sida, ce qui est tout de même assez tiré par les cheveux.

Un film très bis, mais qui bénéficie d’une ambiance particulière, entre rêve et cauchemar

Si Shining Sex souffre assurément de ses conditions de tournage avec un budget qu’on imagine rachitique, le métrage fait plutôt partie des œuvres ambitieuses de Jesús Franco, et ceci malgré un nombre trop important de scènes érotiques qui brisent le rythme général. Il faut en tout cas être clairement amoureux d’un certain cinéma bis underground et auteurisant pour apprécier cette pellicule foncièrement inégale, mais finalement séduisante. On peut notamment sourire de certains faux raccords ou encore du décalage entre la voix off et les images tournées. Ainsi, le narrateur évoque un voyage en bateau le long d’un fleuve africain mystérieux, alors qu’un panneau très visible nous montre que la séquence a été tournée en Camargue.

Ces erreurs ont contribué à diminuer la portée des films de Franco, de même que sa propension à filmer ad nauseam des scènes de sexe peu affriolantes. Pourtant, Shining Sex n’est vraiment pas dépourvu de belles fulgurances et d’une ambiance étrange qui en font une œuvre curieusement poétique et définitivement à part dans la production cinématographique mondiale.

La version salle fut amputée de 25 minutes aujourd’hui réintégrées au métrage

Sorti en France sous le titre Shining Sex, souvent accompagné de la mention La fille au sexe brillant, le métrage a glané 12 220 entrées à Paris lors de sa semaine d’investiture. Il est d’ailleurs important de signaler que le long-métrage a été charcuté de 25 minutes par les producteurs qui n’ont conservé que les scènes érotiques au détriment de la cohérence narrative. Désormais, le cinéphile pourra redécouvrir le métrage dans son intégralité grâce à l’éditeur Artus Films. Si le film paraît beaucoup plus lent, il y gagne en intérêt sur le plan artistique.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 8 juin 1977

Acheter le combo DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Shining Sex, la jaquette Artus

© 2022 Artus Films / Conception graphique : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Box-office :

Resté quinze jours à l’affiche, l’essentiel de ses entrées ayant été engrangées en première semaine, Shining Sex est sorti dans 7 cinémas sur Paris. Le Ciné Halles, le Nord Cinémas, l’Amsterdam St-Lazare, la Scala, le Delambre Montparnasse, le Maine Rive Gauche et le Ritz. C’est le distributeur France Inter Cinéma (Partouze du diable, Infernales pénétrations, Surboum porno, la même année…) qui a permis à cette curiosité de trouver sa place en salle.

Avec un total de 13 000 entrées sur Paris-Périphérie, Shining Sex se situe bien loin du top érotico-porno de 1977  : Madame Claude, 404 807 / Bilitis de David Hamilton, 330 169 / Jouissances, 156 810 / A nous les lycéennes, 141 554…

Box-office exclusif par Frédéric Mignard

Le test blu-ray :

L’éditeur Artus nous propose cette rareté de Jesús Franco dans une version intégrale dotée d’une copie en excellent état. À découvrir.

Compléments & packaging : 4 / 5

Artus nous propose ici une édition combo DVD et blu-ray sise dans un fourreau et dont le boitier s’ouvre en deux sur une photo très chaude tirée du film. C’est une présentation simple, mais efficace et agréable à l’œil.

En ce qui concerne les suppléments vidéo, l’éditeur nous convie à suivre un entretien avec Daniel Lesoeur (15min) qui évoque rapidement les conditions de tournage de Shining Sex, réalisé avec peu de moyens. Il insiste aussi sur le fait qu’il est heureux de constater que les films Eurociné ont désormais leurs fans. Ensuite, Stéphane du Mesnildot analyse pendant 22min le contenu d’un film qui correspond parfaitement aux obsessions habituelles de Franco. Il insiste pour prendre le cinéaste très au sérieux, même si ses arguments peuvent apparaître comme un peu trop laudatifs. Enfin, l’éditeur nous offre un diaporama avec affiches et photos, ainsi que les bandes annonces de la collection.

L’image du blu-ray : 4 / 5

Restaurée en 2K, l’image a clairement fait l’objet d’un beau toilettage avec une définition très affutée, une colorimétrie de bonne tenue et une belle stabilité de l’ensemble. La copie n’est pas abîmée et les quelques plans flous sont d’origine. Du beau travail.

Le son du blu-ray : 4 / 5

Le film est proposé en français et en mono, mais le rendu général est de bonne tenue grâce à un nettoyage évident de la piste sonore. Non seulement les voix ne saturent pas – il y a peu de dialogues de toute façon dans ce trip sous acide – mais surtout la musique de Daniel White apparaît comme très équilibrée. Enfin, les étranges bruits discernables sur la bande-son s’avèrent totalement volontaires de la part d’un cinéaste désireux de déstabiliser le spectateur.

Test blu-ray de Virgile Dumez

Biographies +

Jesús Franco, Lina Romay, Raymond Hardy (Ramon Ardid), Evelyn Scott, Monica Swinn

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