Seules les bêtes : la critique du film (2019)

Thriller | 1h57min
Note de la rédaction :
8/10
8
affiche du film Seules les bêtes

Note des spectateurs :

Seules les bêtes est une comédie noire en forme de puzzle qui raconte l’isolement rural et la solitude affective.

Synopsis : Une femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé́ loin de cette montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle, et où la pauvreté́ n’empêche pas le désir de dicter sa loi.

Critique : Autour de la disparition inexpliquée d’une femme, en pleine tempête de neige, évoluent cinq protagonistes. Alice, l’assistante sociale (Laure Calamy qui prête à ce personnage, le plus lumineux de tous, sa générosité et sa bonne humeur). Elle va de village en village dans cette région de montagne au-devant des agriculteurs isolés pour leur prodiguer assistance et conseils.

C’est ce qu’elle fait par exemple avec Joseph (Damien Bonnard intrigant, d’une brutalité contenue qui le désigne comme le coupable idéal), cet éleveur de chèvres qui vit mal sa solitude depuis que sa mère est morte.

Damien Bonnard dans Seules les bêtes de Dominik Moll

© 2019 HAUT ET COURT – RAZOR FILMS PRODUKTION – FRANCE 3 CINEMA / Crédit photo : Jean-Claude Lother

Alice est mariée à Michel (Denis Ménochet que son ambiguïté entre rudesse et crédulité rend terriblement touchant), qu’elle trompe parfois, leur vie conjugale étant au point mort.

Prêt à tout pour rompre cette solitude sentimentale qui le ronge, Michel tombe tout naïvement dans le piège des dérives des réseaux sociaux par l’intermédiaire d’Armand, (Guy Roger « Bibisse » N’drin), un jeune voyou ivoirien qui rêve d’être juste assez riche pour enfin exister aux yeux des autres.

Le hasard mettra sur leur route, à tous les deux, Marion (la frêle et convaincante Nadia Tereszkiewicz), une jeune serveuse qui s’accroche désespérément à son histoire d’amour impossible avec Evelyne (Valeria Bruni Tedeschi).

Cinq personnages, cinq points de vues, cinq histoires qui s’entremêlent, s’éloignent et se recoupent pour finalement converger vers un seul et même objectif : élucider le mystère de la disparition d’Evelyne Ducat.

Le retour en forme du réalisateur de Harry, un ami qui vous veut du bien

Presque vingt ans après l’infernal Harry, un ami qui vous veut du bien récompensé de quatre César, Dominik Moll co-adapte avec son éternel acolyte Gilles Marchand, le roman éponyme de Colin Niel, et prouve qu’il n’a rien perdu de sa capacité à fouiller les méandres de l’âme humaine pour mieux nous plonger dans une atmosphère de mystère et d’angoisse.

Seules les bêtes, avec Nadia Tereszkiewicz et Valeria Bruni Tedeschi

© 2019 HAUT ET COURT – RAZOR FILMS PRODUKTION – FRANCE 3 CINEMA / Crédit photo : Jean-Claude Lother

Une intrigue singulière (dont la forme reprend celle du livre) aux rouages parfaitement huilés dévoile à chaque chapitre un nouvel élément destiné à apporter un éclairage nouveau sur l’avancée de l’enquête, tout en créant de nouvelles interrogations, de manière à ne laisser aucun répit à l’imagination du spectateur.

Riche d’une multitude de personnages attachants et complexes, unis, à leur insu, par une même envie puissante d’échapper à un quotidien trop pesant et par une même quête démesurée d’amour, cette intrigue électrisante se concentre sur deux mondes que tout semble opposer mais qui finiront par se rejoindre.

Seules les bêtes : tout bon sauf la fin

Les images du Causse-Méjean, immensité désertique sous son manteau de neige, dont la beauté est égale au sentiment d’isolement qu’il génère, rappelle discrètement les difficultés d’une France rurale à l’abandon tandis qu’à cinq mille kilomètres de là, dans l’air moite et poussiéreux d’Abidjan, des jeunes, eux aussi laissés-pour-compte,  tentent de s’enrichir en devenant cyber-arnaqueurs. Ce rebondissement ouvre une petite parenthèse politique. Mais c’est surtout par sa propension à scruter le tréfonds des âmes et à analyser amours cachées, rancœurs, désillusions et rêves que Dominik Moll nous charme.

Réunissant de nombreux atouts (une belle maîtrise narrative, une mise en scène efficace et un casting de haut niveau), malgré une fin précipitée, Seules les bêtes, avec ses allures de jeu de piste saisissant, se hisse aisément au rang des polars de bonne facture.

Critique : Claudine Levanneur 

Sorties de la semaine du 4 décembre 2019

affiche du film Seules les bêtes

© 2019 HAUT ET COURT – RAZOR FILMS PRODUKTION – FRANCE 3 CINEMA

 

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