Après la pitoyable transition du 4, la saga Saw change de tueur et de réalisateur et, de ce fait, attise un minimum notre curiosité. L’intérêt de Saw V est tout de même relatif face à la gratuité des tortures, certes moins gore qu’auparavant, mais toujours aussi perverses et gratuites.
Synopsis : Dans ce nouveau volet de la saga Saw, il semble que Hoffman soit le seul héritier du pouvoir du Tueur au puzzle. Mais lorsque son secret risque d’être découvert, il n’a pas le droit à l’erreur et doit éliminer chaque menace. Les pièges vont se multiplier pour se refermer, inexorablement, en déclenchant autant de frissons que de cas de conscience…
Saw V : succession et liens du sang
Critique : Le tueur au puzzle n’est pas le seul à avoir le goût du sang. Les spectateurs aussi. Captivé par la saga tortueuse depuis le premier volet, le public mondial lui est resté fidèle alors que le précédent segment, le notoire Saw IV, numéro de série rouillé et préjudiciable pour la pérennité du titre, noyé dans les confusions narratives, les effets de clip vidéo et un jeu d’acteurs pitoyable, aurait pu anéantir tous les efforts construits précédemment. Il n’en est rien, le 5ème volet a démarré sur les chapeaux de roues aux USA et réalise à peu près les mêmes recettes que son prédécesseur (63M$ pour le IV, 56.7M$ pour le V). Le fameux goût du sang, nous vous disions…
Heureusement, le segment proposé ici s’avère plus réussi que son prédécesseur. L’intrigue plus claire est recentrée sur le personnage d’Hoffman, le flic corrompu par Jigsaw (cf. Saw 4) interprété par Costas Mandylor. Ce procédé narratif permet aux scénaristes, via de nombreux flashbacks, de réutiliser à volonté Tobin Bell, l’increvable tueur au puzzle, pourtant décédé à la fin du 3, mais indissociable de la saga pour les spectateurs. La succession est donc légitime.
Une franchise ré”saw”fée
A l’instar du segment trois qui éclairait violemment le sens global de la trilogie, Saw 5 revient rallumer les lumières en berne après le fiasco narratif de l’opus 4 et nous relate la rencontre de Jigsaw et de son complice du F.B.I.. Le récit, dans ses révélations à répétition, sent bien le « résawfé », mais reste suffisamment intrigant pour nous permettre de supporter les sévices pervers et complètement irréalistes, qui ponctuent le métrage. Les morts tombent, à rythme régulier, de manière beaucoup moins gore que dans la trilogie initiale, comme si un vent de politiquement correct soufflait sur cette saga. C’est d’une logique commerciale imparable, un tel succès morbide, un moment donné, ne peut plus se construire sur la surenchère. Cela lui serait fatal.
Désormais, l’accent est mis ici sur la philosophie philanthropique (sic) du tueur au puzzle et sur l’entraide comme condition de survie des nouveaux joueurs. Le jeu est mené conformément aux autres partie, mais c’est le cinéaste David Hackl, le réalisateur de seconde équipe des 3 et 4 qui en assure les règles. Exit donc Darren Lynn Bousman à qui succède le chef décorateur des éîsodes 2-4 . Cela se voit peu à l’écran; puisque les changements esthétiques et stylistiques sont minimes et aussi peu de bouleversements artistiques dans une franchise de série B, cela ne laisse guère d’espoir quant à l’avenir proche de la saga qui durera encore pendant quelques numéros.
Box-office de Saw V
Reste donc, en 2008 l’ultime question : à quand le grand déclin commercial ? Au Saw-cisse ou au Saw-ssette ? Avec 118M$ de recettes dans le monde, Saw 5 a encore pu faire bonne figure, mais en 2009, le fiasco de Saw VI et ses recettes états-uniennes et globales divisées par deux mettra un terme à l’euphorie qu’a traversé Lions Gate pendant les 5 premiers opus ultra rentables.
En France, sorti le 5 novembre 2008, Saw V restera une bonne affaire, malgré la sortie de Mensonges d’état de Ridley Scott avec Leonardo Dicaprio et Russell Crowe le même jour. Le film se positionne en 4e place hebdomadaire à l’occasion de sa première semaine (312 943 entrées). C’est le seul film du Top 10 qui ne soit pas programmé dans plus de 350 cinémas. En fait, seuls 181 sites ont eu le courage d’affronter les incivilités de certains jeunes bruyants. UGC par exemple a décidé de largement boycotter ce sequel. Sur Paris intra-muros, le phénomène recense à peine 8 écrans ; la non programmation volontaire d’un film à fort potentiel commercial n’est pas neutre. Au moins, les exploitants qui programment Saw V font salle comble, avec une moyenne extravagante de 1 729 spectateurs par écran, quand Quantum of Solace avec Daniel Craig, encore millionnaire en deuxième semaine, sur 787 écrans, obtient la seconde meilleure moyenne, avec 1 419 entrées.
Alors, Saw, plus fort que James Bond ? Non. L’épisode réalisé par David Hackl ne doublera pas les chiffres de première semaine, et se contentera de 521 000 spectateurs, soit une baisse évidente par rapport aux 600-700 000 entrées de précédents segments.