Fauché comme les blés, Samson contre tous / Hercule contre Rome est un péplum de série ennuyeux et miné par un usage immodéré de stock-shots. Pour les férus du genre uniquement.
Synopsis : Rome, Filippo Afro fait assassiner l’empereur Gordiano pour prendre sa place. De passage, Hercule parvient à sauver sa fille, Ulpia, mais tous deux sont capturés par les hommes de l’usurpateur. Ayant une dette envers Hercule, Quinto Traiano, le gouverneur de Pannonie, lance une armée sur Rome.
Samson ou Hercule, même combat
Critique : L’année 1964 constitue le sommet quantitatif de la production italienne en matière de péplums. Malheureusement, cela ne coïncide que très rarement avec l’aspect qualitatif, comme en témoigne ce Samson contre tous, désormais titré Hercule contre Rome par l’éditeur Artus, dans sa volonté de coller au titre original Ercole contro Roma. Pourtant, lorsque le long-métrage apparaît pour la première fois sur les écrans français, le titre est bien celui de Samson contre tous, comme peut le prouver la version française où Hercule est nommé Samson.
© 1964 Movietime SRL Rome / © Matériel fourni par Artus Films. Tous droits réservés.
Peu importe serions-nous tentés de dire tant l’identité du héros semble aussi peu justifiable dans une version comme dans l’autre. Effectivement, le personnage principal est nommé Hercule dans la version italienne, mais uniquement parce qu’il serait un descendant du Hercule de la mythologie. En réalité, il s’agit surtout d’un homme très fort, mais qui n’a aucun attribut d’un demi-dieu. Ceux qui s’attendent donc à des aventures extraordinaires peuvent ranger leurs affaires aux vestiaires puisque le protagoniste se retrouve surtout mêlé à une intrigue de palais qui se déroule au temps de Gordien III.
Un film “historique” qui raconte n’importe quoi
Cet empereur romain a effectivement régné entre 238 et 244 et aurait été destitué par Philippe l’Arabe à la suite d’une conspiration. Toutefois, l’aspect historique est rapidement battu en brèche par un nombre incalculable de libertés prises par les auteurs. Ainsi, Gordien III est incarné ici par l’acteur Carlo Tamberlani du haut de ses 65 ans, alors même que le véritable Gordien III est mort à l’âge de 19 ans. Cette entorse à la réalité historique n’est bien évidemment pas un cas isolé dans ce long-métrage qui utilise des noms de personnages connus, sans jamais se soucier de la réalité des sources antiques.
© 1964 Movietime SRL Rome / © Matériel fourni par Artus Films. Tous droits réservés.
Bien évidemment, Samson contre tous n’est pas le seul péplum italien à se jouer de la réalité, mais les autres productions assumaient pleinement leur fantaisie, alors que celui-ci semble se prendre au sérieux. Autre problème majeur, Hercule contre Rome souffre d’un manque patent de budget. Avec son décor intérieur unique qui est censé figurer une maison romaine, un palais, un temple etc… en modifiant seulement l’emplacement des tentures, le long-métrage fait plutôt peine à regarder. Les paysages sont également très limités dans leur diversité et les quinze figurants présents sur place tentent maladroitement d’occuper l’espace sans vraiment y parvenir.
Toutes les scènes de bataille viennent d’autres films
Histoire de donner le change, le réalisateur Piero Pierotti – par ailleurs très peu inspiré sur le plan visuel – utilise une montagne de stock-shots qui viennent ruiner la crédibilité du dernier quart d’heure. C’est bien simple, dès qu’il y a plus de dix figurants à l’image, ceux-ci sont extraits d’autres films. Il s’agit en réalité d’une pratique classique de l’époque, qui n’en demeure pas moins malhonnête. Sur les plans larges (stock-shots), une armée nombreuse traverse au galop une fleuve impétueux. Sur les plans serrés (tournés par Pierotti avec les acteurs du film), le spectateur rompu à l’exercice verra qu’il n’y a que quelques figurants sur un pont qui doit faire dix mètres, au-dessus d’un vague ruisseau.
A cet usage peu regardant du stock-shot, il faut ajouter la médiocrité des scènes d’action. Alan Steel se déplace difficilement, alourdi par sa musculature. S’il n’est pas le pire des acteurs musclés de l’époque, il n’est pas non plus très expressif. On peut également sourire devant son brushing toujours impeccable. Les autres acteurs font ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles dans un ensemble qui sent malheureusement trop la fin de série. Saupoudrez le tout d’un thème musical héroïque bien barbant d’Angelo Francesco Lavagnino et vous aurez une petite idée du spectacle fort ennuyeux qui vous attend.
Pas assez nul pour être drôle, mais trop mal réalisé pour être pris au sérieux, Samson contre tous / Hercule contre Rome est donc un authentique nanar sans réelle saveur.
Les sorties de la semaine du 7 juillet 1965
Les films avec Hercule sur CinéDweller
Le test DVD :
© 1964 Movietime SRL Rome / © 2020 Artus Films. Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.
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Test réalisé à partir du produit définitif
Compléments & packaging : 3 / 5
Le DVD est présenté dans un format slim plutôt élégant et qui propose de jolies photos d’exploitation en couleurs à l’intérieur du boîtier, ainsi qu’un beau picture disc et l’affiche italienne du long-métrage. C’est simple, mais classieux.
En bonus vidéo, Artus Films nous propose de retrouver Michel Eloy, spécialiste du péplum et de l’histoire romaine. Celui-ci nous démontre durant 19 minutes riches d’enseignements toutes les erreurs historiques du film. On regrette toutefois que l’intervenant parle si peu de cinéma, mais ses précisions historiques demeurent précieuses.
Enfin, un joli diaporama présente les multiples affiches du film à l’international.
L’image : 3 / 5
On est ici encore face à une copie un petit peu fatiguée, notamment au niveau des couleurs qui semblent passablement délavées. La définition n’est pas non plus d’une très grande précision. Bien évidemment, cela est variable en fonction des sources et les spectateurs pourront encore mieux distinguer les passages issus d’autres films, bien plus abîmés. Rien de déshonorant non plus au vu de l’âge avancé de ces péplums de série qui n’ont pas été restaurés.
Le son : 3,5 / 5
Puisque le film est sorti dans les salles françaises sous le titre Samson contre tous, il ne faut pas s’étonner d’entendre ce nom et non celui d’Hercule dans la version française, plutôt correcte d’ailleurs. On lui préfère toutefois le naturel de la version italienne, également plus ouverte dans son spectre sonore. Les deux pistes sont bien sûr en mono. On signalera l’absence de souffle et de bruit parasite pour un bon confort d’écoute.
Critique du film et test DVD de Virgile Dumez
© 1964 Movietime SRL Rome / Illustrateur de l’affiche : Belinsky. Tous droits réservés.