Davantage une comédie musicale entraînante qu’un biopic traditionnel, Rocketman nous plonge au cœur de l’industrie pop des années 70, avec strass, cocaïne et paillettes. Kitsch et endiablé.
Synopsis : Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.
Critique : L’acteur-réalisateur Dexter Fletcher semble l’homme de la situation lorsqu’il faut sauver un projet de l’impasse. Après avoir terminé le travail laissé en suspens par Bryan Singer sur Bohemian Rhapsody – déjà un biopic musical sur Freddie Mercury et son groupe mythique Queen – le voici qui donne vie à un scénario écrit par Lee Hall depuis une dizaine d’années.
Un biopic entre fantasme et réalité
Le scénariste de Billy Elliot a effectivement obtenu toute la confiance du chanteur Elton John pour donner forme à sa vie turbulente des années 70. Toutefois, loin d’être un biopic fidèle à 100% aux événements réels, les auteurs et le chanteur ont opté pour une interprétation plus fantasmatique, intégrant des éléments réalistes, mais bousculant volontairement la chronologie pour mieux y intégrer les chansons de l’artiste le plus glam et le plus kitsch des années 70.
Le résultat final tient davantage de la pure comédie musicale que du biopic traditionnel, même si l’on suit tout de même le parcours du jeune gamin féru de piano jusqu’à ses premiers succès et ses errances cocaïnomanes alors qu’il atteint les sommets de la notoriété – ainsi qu’une richesse fabuleuse, dépassant celle de la reine d’Angleterre. Au passage, on apprendra comment le mélomane travaille avec son fidèle parolier Bernie Taupin, qui est également son unique ami. Les relations compliquées du chanteur avec ses géniteurs vient alimenter le drame psychologique à l’origine de la fêlure de l’homme, tandis qu’un manager aux dents longues profite de sa faiblesse naturelle pour profiter de lui. Autant d’éléments qui ont déjà été vus dans le biopic sur Freddie Mercury et qui font un peu cliché, même si la période fut profuse en cas similaires.
Des numéros musicaux virtuoses
Finalement, le plus intéressant dans Rocketman est sans aucun doute l’approche exubérante d’un réalisateur souhaitant avant tout rendre hommage à la comédie musicale des années 50. Les numéros musicaux sont particulièrement réussis grâce à l’entrain d’un Taron Egerton étonnant – il chante parfaitement à la place d’Elton – mais aussi par l’ingéniosité d’une mise en scène assez audacieuse.
Le cinéaste se lance de nombreux défis comme un énorme plan-séquence avec pas moins de 300 figurants (ce qui rappelle la maestria de la première séquence de La La Land de Damien Chazelle) ou encore la reconstitution au plan près du clip vidéo culte de la chanson I’m Still Standing. Réorchestrés pour l’occasion, les titres les plus célèbres de sir Elton John viennent dynamiser une bande son d’enfer – et ceci même si l’on n’aime que modérément le répertoire de l’artiste – et permettent au passage d’offrir une signification supplémentaire à des paroles qui, hors contexte, peuvent paraître cryptiques.
Sans doute un peu trop long et répétitif dans son dernier quart d’heure, le long-métrage est tout de même l’occasion de passer un excellent moment en compagnie d’un artiste que l’on apprend à mieux cerner, par-delà le ridicule de ses costumes de scène. Finalement, sa musique très kitsch s’accorde à la perfection avec le genre de la comédie musicale et l’on met au défi quiconque de ne pas fredonner les airs les plus connus à la fin de la projection. Énergique, plein de swing, Rocketman est donc une bonne comédie musicale, à réserver toutefois aux amateurs du genre, sous peine d’overdose de couleurs flashy.
Critique de Virgile Dumez