Red Eye – Sous haute pression a marqué un sursaut commercial dans la carrière de Wes Craven aux USA. En France, la production Dreamworks a raté son décollage. Et pour cause, elle était aussi médiocre que le jeu de son actrice principale, Rachel McAdams…
Synopsis : Lorsque la jeune et séduisante Lisa Reisert s’installe à bord du vol Dallas-Miami, elle ignore encore qu’elle va connaître une nuit de cauchemar en haute altitude. Prise en otage par un sanguinaire mercenaire, elle devra jouer de ruse et d’ingéniosité pour sauver sa vie et celle de son père.
Critique : Red Eye marquait le retour à un succès providentiel pour Wes Craven, en proie à la dépression artistique après les échecs du prétentieux Music of My Heart, avec Meryl Streep, qui l’avait sorti de l’épouvante, de Scream 3 (sur un plan artistique, du moins), et évidemment Cursed, mésaventure de vieux loup-garou galeux qui n’avait pas mordu sa cible, celle des Screamers de 14-22 ans.
Red Eye – Sous haute pression : crash à l’atterrissage assuré
Le scénario de Red Eye – Sous haute pression lui a été proposé pendant le tournage du bien nommé Cursed par Carl Ellsworth, scénariste sur les séries bon marché Buffy contre les vampires et Xena. L’annonce d’un crash à l’atterrissage ? Probablement.
Pourtant, il ne faut pas que la bonne réputation américaine de Red Eye – Sous haute pression (succès commercial et critiques élogieuses) trompe le spectateur français. Rien d’exceptionnel ne l’attend à bord de ce vol de nuit (un “red eye” en anglais) dont le journal de bord est balisé pour du petit courrier. L’histoire de kidnapping et de manipulation à 30 000 pieds du sol sonne aussi faux que le jeu girlie et crispant de Rachel McAdams qui passe une bonne partie du film menottée à son siège, victime d’un odieux chantage.
Red Eye – Sous haute pression, qui part sur la peur de l’avion de son héroïne, est un thriller gentillet, loin de la violence inhérente au cinéma de Craven ; il lui manque la nervosité contemporaine et l’ardeur d’un suspense haletant pour nous impressionner. Au niveau du rythme, Craven a souvent péché. Avant Scream, il n’a pas toujours un été un modèle de rigueur et surtout de constance (La ferme de la terreur, un exemple parmi bien d’autres ratés).
Face à une réalisation terne s’acharnant à filmer plat un scénario cousu de fil blanc, on en vient à se demander s’il y a un réalisateur dans l’avion. Ce n’est pas qu’on s’ennuie ferme, mais on ne voit pas l’intérêt du spectacle qui fait du surplace sur le siège de l’héroïne que l’on force à être complice d’un attentat à distance si elle ne veut pas voir son paternel assassiné.
N’est pas Hitchcock qui veut
Wes Craven qui, à quelques exceptions près, n’a jamais été un très grand cinéaste, ne saisit pas l’opportunité de s’approprier l’espace confiné de l’avion qui ouvrait tellement de possibilités. Il n’use d’aucune ruse pour relever son intrigue tiré par les cheveux, à l’exception d’une introduction assez proche de la comédie romantique absolument soporifique.
Une fois que l’histoire prend son envol, il fournit le minimum syndical à bord de son aéroplane, peut-être nostalgique de ses noces avec sa nouvelle épouse, si l’on reprend la chronologie de sa vie.
Aussi, le danger n’est pas dans les cieux, où les passagers voyagent en toute sérénité, mais bel et bien dans l’incompétence crasse de son pilote sans vision, incapable de maintenir son cap dans le suspense. Au lieu de miser sur la retenue et l’ingéniosité scénaristique, Wes Craven préfère donner dans le rebondissement facile et prévisible à la Scream, refusant de faire référence à qui que ce soit d’autre qu’à lui-même.
En son temps Hitchcock avait su poser son talent dans les compartiments d’un train. Wes Craven, lui, nous impose une certaine incompétence au cœur même d’un avion. Le résultat n’est pas à l’identique. N’est pas le maître du suspense qui veut.
Critique de Frédéric Mignard