Quentin Durward : la critique du film (1956)

Aventures, Cape et épée | 1h43min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Quentin Durward, l'affiche

  • Réalisateur : Richard Thorpe
  • Acteurs : Robert Taylor, Ernest Thesiger, George Cole, Robert Morley, Kay Kendall
  • Date de sortie: 30 Nov 1956
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Titre original : Quentin Durward
  • Titres alternatifs : Les aventures de Quentin Durward (titre alternatif français) / Liebe, Tod und Teufel (Allemagne) / The Adventures of Quentin Durward (UK) / Las aventuras de Quentin Durward (Espagne) / A Coroa e a Espada (Portugal) / Przygody Quentina Durwarda (Pologne) / La corona y la espada (Mexique) / L'arciere del re (Italie) / Kuninkaan jousimies (Finlande)
  • Année de production : 1955
  • Autres acteurs : Alec Clunes, Duncan Lamont, Laya Raki, Marius Goring, Wilfrid Hyde-White, Eric Pohlmann, Harcourt Williams, Michael Goodliffe, John Carson, Nicholas Hannen, Moultrie Kelsall, Frank Tickle, Bill Shine
  • Scénariste : Robert Ardrey et George Froeschel d'après sir Walter Scott
  • Directeur de la photographie : Christopher Challis
  • Compositeur : Bronislau Kaper
  • Monteur : Ernest Walter
  • Producteurs : Pandro S. Berman
  • Sociétés de production : Metro Goldwyn Mayer (MGM)
  • Distributeur : Metro Goldwyn Mayer (MGM)
  • Distributeur (reprise) :
  • Date de reprise :
  • Éditeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 463 123 entrées / 280 342 entrées
  • Box-office nord-américain : 2,1 M$ (soit 23,5 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 2,4 M$ (soit 26,9 M$ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.55 : 1 / Couleurs (Eastmancolor) / Son : Mono, 4-Track Stereo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique Roger Soubie © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Metro Goldwyn Mayer (MGM) © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Echec commercial à sa sortie, Quentin Durward est un film d’aventures sympathique, mais mollement réalisé par un Richard Thorpe toujours aussi peu inspiré. Robert Taylor, lui, sauve l’honneur.

Synopsis : En 1465, Quentin Durward, un archer écossais, se rend à Péronne, à la cour de Charles le Téméraire, pour y rencontrer la comtesse de Marcroy que Lord Crawford, son oncle, veut demander en mariage. Celle-ci ne veut pas de ce mariage arrangé et fuit le château. Quentin Durward part à sa recherche et arrive finalement à la cour de Louis XI, où elle s’est réfugiée. Il va se trouver mêlé aux différends qui opposent à cette époque le roi de France et le duc de Bourgogne…

Le duo Richard Thorpe – Robert Taylor se retrouve après le triomphe d’Ivanhoé

Critique : En 1952, la firme américaine MGM rencontre un énorme succès grâce à sa production américano-britannique Ivanhoé tournée par le vétéran Richard Thorpe avec Robert Taylor en tête de casting. Produit à moindre frais dans des décors naturels anglais, le film a rapporté beaucoup d’argent à la firme et s’est imposé comme un film d’aventures valeureux dans de nombreux pays (plus de 6 millions de spectateurs français furent de la fête). Le studio a donc eu l’idée de reconstituer ce duo miraculeux à plusieurs reprises, tout d’abord pour Les chevaliers de la table ronde (1953), mais aussi pour ce Quentin Durward (1955) qui nous occupe.

Il s’agissait pour les auteurs de retrouver une nouvelle fois l’œuvre romanesque de sir Walter Scott, écrivain toujours aussi populaire chez les jeunes garçons de l’époque. Pourtant, les scénaristes Robert Ardrey (Les trois mousquetaires de George Sidney en 1948) et George Froeschel (Scaramouche de George Sidney également, mais en 1952) ont opté pour une grande liberté par rapport au matériau littéraire d’origine. Autant le dire, l’adaptation cinéma de Richard Thorpe n’entretient qu’un rapport fort lointain avec le livre, si ce n’est quelques personnages et éléments de contextualisation. En fait, Quentin Durward correspond surtout à une vision purement hollywoodienne de l’Histoire, avec des libertés prises à tous les niveaux, faisant du film un pur divertissement sans aucun lien direct avec la moindre réalité historique.

Des approximations géographiques et chronologiques à foison

Dans cette fantaisie destinée à plaire au grand public américain, les auteurs se sont peu souciés de vraisemblance et ont même osé bousculer la géographie française. Ainsi, le château de Péronne est ici représenté par le magnifique château de Chambord. Cela ne serait qu’un détail si Chambord n’avait pas été créé pour François Ier (1494-1547), tandis que son ancêtre Louis XI (1423-1483) s’y rend dans le film, ce qui est chronologiquement impossible. Bien entendu ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres du laisser aller total de la production en matière de véracité historique.

Certes, les spectateurs de l’époque ne venaient pas admirer une juste reconstitution, mais bien une œuvre fantaisiste pleine d’aventures et de coups tordus. En ce sens, Quentin Durward n’est pas nécessairement un mauvais bougre, mais on peut sans aucun doute regretter la présence derrière la caméra de Richard Thorpe. Pour mémoire, ce vétéran qui travaille à la MGM depuis le milieu des années 30 a déjà réalisé près de 150 films lorsqu’il aborde le tournage de ce Quentin Durward.

Richard Thorpe était-il l’homme de la situation ?

Solide artisan capable d’emballer un produit correct en quelques semaines seulement, Richard Thorpe n’a aucunement le talent visuel d’artistes comme George Sidney, Vincente Minnelli ou Michael Curtiz. Il apparaît surtout comme un bon fonctionnaire de l’image, multipliant notamment les plans fixes et faisant peu usage des travellings. Sa réalisation, très fonctionnelle, se borne bien souvent à illustrer un script plus ou moins bien charpenté. Ainsi, dans Quentin Durward, sa mise en image apparaît quelque peu poussive, manquant de rythme et de sens du spectaculaire.

Du long-métrage, on retiendra surtout l’interprétation solide de Robert Taylor et le cabotinage toujours impeccable de Robert Morley en Louis XI (auquel il ne ressemble d’ailleurs pas du tout, même pas au niveau de la garde-robe). Cependant, la jeune Kay Kendall ne paraît pas à l’aise pour son tout premier film américain, elle qui décèdera tragiquement d’une leucémie quatre ans plus tard. Enfin, on signalera tout de même un duel final original où le héros et son antagoniste sont suspendus au-dessus du vide par des cloches. C’est malheureusement à peu près tout ce que l’on peut vraiment retenir de ce film d’aventures assez banal et qui ne rend pas vraiment hommage au roman de Walter Scott.

Quentin Durward, un échec commercial international

D’ailleurs, le public de l’époque n’a pas franchement accroché à cette nouvelle proposition des duettistes puisque le long-métrage a été un échec commercial aux Etats-Unis avec des résultats inférieurs au budget dépensé. En France, Quentin Durward a débarqué dès le mois de juin 1956 dans les salles de province où le film avait davantage de chance de séduire. Ainsi, les Parisiens ont dû patienter jusqu’à la fin novembre 1956 pour pouvoir enfin découvrir les nouvelles aventures de Robert Taylor sur grand écran. Au long de sa carrière en province, Quentin Durward a déjà attiré autour de 243 000 gamins dans les salles lorsqu’il débarque dans la capitale.

À Paris, il glane 280 342 clients et a été retiré de l’affiche très rapidement. Le métrage a continué sa vie lors d’exploitations ultérieures qui lui ont permis de cumuler 1,4 millions d’entrées (contre 6 millions pour Ivanhoé, trois ans plus tôt), ce qui en fait toutefois une sacrée déception, à l’image de sa carrière américaine.

D’ailleurs, loin de devenir une œuvre culte, Quentin Durward est resté inédit sur support physique en France, aussi bien en VHS qu’en DVD. Preuve du manque d’intérêt généré par ce petit film d’aventures assez sympathique à suivre, mais parfaitement dispensable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 novembre 1956

Voir le film en VOD

Quentin Durward, l'affiche

© 1955 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) / Affiche : Roger Soubie (affichiste). Tous droits réservés.

Biographies +

Richard Thorpe, Robert Taylor, Ernest Thesiger, George Cole, Robert Morley, Kay Kendall

Mots clés

L’âge d’or d’Hollywood, La chevalerie au cinéma, Les grandes adaptations littéraires au cinéma

Trailers & Vidéos

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