Pride : la critique du film (2014)

Comédie dramatique, Feel Good Movie | 1h59min
Note de la rédaction :
7.5/10
7.5
Pride, affiche du film de Matthew Warchus (2014)

  • Réalisateur : Matthew Warchus
  • Acteurs : Imelda Staunton, George Mackay, Dominic West, Bill Nighy, Paddy Considine, Andrew Scott
  • Date de sortie: 17 Sep 2014
  • Année de production : 2014
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : Pride
  • Titres alternatifs : Pride - Une rencontre improbable (Québec), Orgulho (Portugal), Orgullo (Espagne), Dumni i wściekli (Pologne), Pride: orgullo y esperanza (Mexique), Orgulho e Esperança (Brésil), Onur (Turquie)
  • Interprètes : Dominic West, Imelda Staunton, Bill Nighy, Paddy Considine, Joseph Gilgun, George Mackay, Andrew Scott
  • Scénariste : Stephen Beresford
  • Directeur de la photographie : Tat Radcliffe
  • Monteur : Melanie Oliver
  • Compositeur : Christopher Nightingale
  • Producteur : David Livingstone
  • Sociétés de production : Calamity Films, Pathe UK, Pathé, CBS Films, BBC Films, Proud Films, British Film Institute, Canal+, Ciné+
  • Distributeur : Pathé Distribution
  • Editeur vidéo : Pathé Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 21 janvier 2015 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie / Recettes France 228 247 entrées / 65 561 entrées / 780 882$
  • Box-office nord américain / monde : 1 446 634 $ / 19 014 619 $
  • Budget : Inconnu
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35:1 / Couleur (DCP) / Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : 1 nomination au Gaudi Awards, 2 nominations aux BAFTA (dont 1 prix pour le scénario), 1 nomination aux Golden Globes (Meilleure comédie), 1 nomination aux David di Donatello Awards (Meilleur film européen), 3 nominations aux National Film Awards (Royaume-Uni), 7 nominations aux British Independent Film Awards, dont trois récompenses (Meilleur acteur : Andrew Scott ; Meilleure actrice dans un second rôle : Imelda Staunton ; Meilleur film britannique), Queer Palm (Cannesn2014),
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Pathé Productions Limited, British Broadcasting Corporation, The British Film Institute 2014. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Successeur digne des VirtuosesThe Full Monty et Billy ElliotPride n’est que du bonheur. L’un des meilleurs feel-good movies britanniques des années 2010.

Synopsis : 1984 – Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

Critique : On passera vite sur les clichés d’excellence des Britanniques, quant au cinéma social. Que ce soit dans le drame chez Ken Loach, Mike Leigh et Michael Winterbottom, ou dans le feel-good movie (Les VirtuosesBilly ElliotThe Full Monty…), leur stature n’est plus à démontrer. Le premier film en quinze ans du metteur en scène de théâtre Matthew Warchus, après le flop de Simpatico en 1999, le démontre un peu plus. Ce cinéma social coule dans leurs veines.

Les anti Margaret Thatcher se rebellent

Pride s’inscrit donc dans cette lignée, douce-amère, souvent euphorique, d’un cinéma ouvrier, militant, toujours en guerre contre les fantômes de Thatcher (le film se déroule en fait au milieu des années 80, durant les grèves des mineurs du Pays de Galles contre l’administration régie d’une main de fer par l’ancienne premier ministre). Alors que les Britanniques ont avalé sur leur île les couleuvres de l’ultra-libéralisme à l’américaine (c’est le fast-food partout, y compris dans les pharmacies !), le cinéma local fronde ; s’amuse à montrer les petites gens unies pour une cause (la manifestation n’étant pourtant pas la panacée outre-Manche !), y compris dans des mariages contre-nature.

L’union de Pride est celle de deux groupes que tout oppose, mais qui s’attirent inexorablement vers un but commun : déstabiliser l’autorité du gouvernement, revendiquer des droits sociaux et d’égalité. Se découvrir l’un l’autre et faire tomber les tabous des différences. Thatcher menait une politique contre les ouvriers et sa politique homophobe conduira David Cameron lui-même à présenter des excuses, au nom de son parti deux décennies plus tard.

Culture Gay et crise minière au Pays de Galle

Dans Pride, se tient d’une part le militantisme urbain, voire londonien d’une poignée de membres de la communauté LGBT, à l’époque de l’avènement de la culture homo de club, avec Bronski Beat, Culture Club et autre Frankie Goes to Hollywood, mais aussi de l’apparition du sida pour la partie mélo du film. Ce sont des citoyens oppressés par une législation qui fait d’eux des individus de seconde zone.

D’autre part, dans Pride, le cinéaste Matthew Warchus dépeint aussi l’arrière-plan des ruraux du Pays de Galles, région la plus pauvre du Royaume Uni, où les mines, et donc toute l’économie locale, sont menacées. Il griffonne un portrait romancé de bougres virils, qui descendent dans les couloirs souterrains miniers au péril de leur vie, et désormais dans la rue pour sauver leurs peaux et celle de leurs familles. Ils sont, a priori, des parangons bourrus d’une certaine intolérance de campagne. Des gays et des lesbiennes…, ils n’ont pas pour habitude d’en voir beaucoup.

Pride est une réussite qui transcende les stéréotypes

Sans tomber dans l’énumération de situations drôles ou de dialogues piquants, Pride mérite que l’on souligne son panache général. Dans cette démarche canonique de l’euphorie avec toutes les ficelles propres au feel-good movie, le réalisateur Matthew Warchus ne fait pas qu’appliquer tous les éléments cocasses qui ont fait le succès relatif de productions comme We want sex equality ; il les transcende pour parvenir à ce petit cocktail imparable de rires et d’émotions qui rendent tous les personnages irrésistibles et réellement touchants.

Pourtant les stéréotypes sont clairement là, l’ado au seuil de l’âge adulte qui part en ville pour trouver son identité, les femmes du terroir, entières dans leurs propos, qui sont les premières à adopter les petits gays de la ville qui viennent s’unir à leurs efforts pour mieux lutter contre l’autorité de Thatcher… Cette main tendue de la communauté GAY à leurs ennemis rednecks, n’était pas gagnée d’avance, surtout que, parmi les lieux-communs, forcément, le cliché de la conservatrice coincée a la peau dure…

Les Américains réticents à distribuer le film en salle

Alors que le groupe Manic Street Preachers a offert l’un des plus beaux hommages musicaux à la lutte des Gallois avec le sublime album Rewind the film, en 2013, Pride est un nouveau tribu pop et populaire aux heures les plus dures de l’histoire de cette région de Grande-Bretagne. Véritable pain béni par les “queens et les queers” du dancefloor des années 80, distribué en 2014 dans le contexte de la disparition totale des mines de charbon en raison de la lutte contre le réchauffement climatique, la comédie n’a pas eu le succès consensuel de The Full Monty et a même été boycottée aux USA, car trop gay-friendly. Sur ce territoire, la poilade a été réservée à trois villes clé (New York, San Francisco et Los Angeles), ce qui explique des recettes locales restreintes à 1 446 000$.

Le peu d’intérêt du grand public pour la culture gay au cinéma

En Europe, les Britanniques, forcément touchés dans leur chair, feront un succès honorable au film, avec 6M$ de recettes. Ils sont suivis des cousins Australiens (4 600 000$), des Italiens (1 546 000$), et des Espagnols (1 041 000$).

En France, Pathé, société productrice et distributrice dans l’Hexagone, n’en obtiendra pas le succès espéré avec 780 000$, soit 230 000 spectateurs. La comédie fière de ses convictions n’ira pas plus loin que 69 000 spectateurs dans 200 salles lors de sa semaine inaugurale, démontrant le peu d’appétence du grand public français pour les films ancrés dans la culture homosexuelle. La chute à 36 000 entrées en seconde semaine (-47%) et 25 000 entrées lors du 3e tour (-30%), démontrera les limites de ce type de divertissement lgbt.

Malgré tout, Pride voyagera longtemps au cœur de la France pour trouver 50 000 spectateurs après sa 7e semaine d’exploitation, lors de séances spéciales, de projections scolaires, fort d’un bouche-à-oreille plutôt favorable.

La comédie de la rentrée 2014 est, une décennie après, une leçon d’histoire pop et romancée qui permet de replacer la crise sociale post-Brexit dans un récit des conservatismes dont il faut bien l’humour d’un casting en folie pour en supporter les aspérités.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 17 septembre 2014

Pride, affiche du film de Matthew Warchus (2014)

© Pathé Films

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Pride, affiche du film de Matthew Warchus (2014)

Bande-annonce de Pride

Comédie dramatique, Feel Good Movie

Extrait 1 de Pride

Extrait 2 de Pride

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