Petite Solange est une chronique familiale à hauteur d’adolescente, mais surtout de télévision. Ce Prix Jean Vigo 2021 manque de réels arguments cinématographiques.
Synopsis : Solange a 13 ans, elle est pleine de vie et de curiosité avec quelque chose de spécial : elle est sentimentale à l’excès, et adore ses parents. Mais un jour, elle réalise qu’ils se disputent et commencent à s’éloigner…. l’ombre du divorce se précise. Alors Solange va s’inquiéter, réagir et souffrir. C’est l’histoire d’une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible : que l’amour jamais ne s’arrête.
Critique : Loin des structures familiales uniques des années 50 ou 60, la société contemporaine compose, notamment, avec des familles cabossées et des séparations perçues comme des drames par les enfants, jeunes témoins bloqués dans l’instant, l’incapacité de contrôler des situations et des destins qui leur échappent, à un âge où tout change et où le désir de mutation s’accompagne paradoxalement d’un vrai désir de stabilité.
Petite Solange évoque le divorce à travers les yeux de l’adolescent
Pour Petite Solange, son quatrième long métrage, Axelle Ropert propose le regard inquiet d’une adolescente face à la perspective douloureuse du divorce de ses parents. L’approche est intéressante. Rarement le point de vue des jeunes a été sondé à l’échelle d’un film pour diagnostiquer les conséquences psychologiques du jeune être en construction. Or ce regard est fondamental.
Pour incarner les parents au bord de la crise de nerfs, le choix de Léa Drucker impose inévitablement une actrice d’un talent formidable, capable de faire passer n’importe quelle émotion. Elle est solide, mais sous-employée. De son côté, Philippe Katerine dont la bonhommie et la gentillesse paternelle, transpire à l’écran, sert de caution à un petit budget.
Refus du pathos et du sensationnalisme
Malheureusement, en voulant évitant le pathos et de sensationnaliser, un fait de société banal qui reste de l’ordre de l’intime, Axelle Ropert ne parvient pas à vraiment capter notre adhésion. Le regard paisible du film Petite Solange -surnom que le père donne à sa fille, Solange-, sur les tourments intrafamiliaux, confère un aspect moins naturaliste que télévisuel à la chronique familiale dont rien ne transparaît vraiment. Visuellement plat, techniquement sans plaisir, le Prix Jean Vigo 2021 n’avance aucun argument cinématographique pour relancer l’intérêt.
Le vertige de cinéma ne s’installe pas et la crise de l’adolescence demeure sourde et toute en retenue. Sciamma ou Téchiné, dans leurs meilleurs jours, auraient été capables d’en tirer un récit qui émeut, mais Ropert laisse Petite Solange à l’écart des passions. Un choix audible mais que l’on ne partage pas.
Box-office :
Victime d’une atomisation du secteur art et essai post pandémie, Petite Solange a été un échec à sa sortie en salle avec près de 14 000 spectateurs pour un circuit initial de 57 salles. Les chiffres de cette période ne peuvent nullement être attribués à une quelconque qualité du métrage. Le désintérêt d’un certain public pour la sortie salle, marquant un processus d’oubli du plaisir du grand écran, rend inévitablement l’existence même des œuvres délicates. Le public cible ne connaît même plus les œuvres à l’affiche…
Petite Solange démarre la semaine du 2 février 2022 à 8 711 spectateurs. Une semaine plus tard, le drame adolescent passe à 3 419 curieux, signifiant douloureusement l’incapacité du cinéma d’auteur à exister.
En troisième semaine, le divorce avec le public est consommé. On parle désormais de 1 172 spectateurs dans 31 cinémas. Une peccadille.
Les sorties de la semaine du 2 février 2022
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