Handicapé par un script fonctionnel et des situations rocambolesques, Parker est une tentative ratée d’adapter les romans de Donald Westlake aux exigences des canons hollywoodiens contemporains. Le résultat tient plus de la bouillie que du mets raffiné.
Synopsis : Parker est le plus audacieux et le plus redoutable des cambrioleurs. Spécialiste des casses réputés impossibles, il exige de ses partenaires une loyauté absolue et le respect scrupuleux du plan. Alors qu’une opération vient de mal tourner à cause d’une négligence, Parker décide qu’il ne travaillera plus jamais pour Melander et son gang. Mais le caïd n’accepte pas l’affront et ses hommes laissent Parker pour mort. Bien décidé à se venger, Parker remonte la piste du gang jusqu’à Palm Beach. Se faisant passer pour un riche Texan à la recherche d’une luxueuse propriété, il rencontre la séduisante Leslie, un agent immobilier qui connaît les moindres recoins de l’île.
Une adaptation ratée d’un roman du grand Donald Westlake
Critique : Si certains réalisateurs se sont largement inspirés des aventures littéraires de Parker, le personnage inventé par Donald Westlake (sous le pseudo de Richard Stark) pour une série comptant une vingtaine de bouquins, aucune n’avait tenté d’adapter l’un des romans. C’est chose faite avec ce Parker qui s’inspire directement de Flashfire, publié en 2000. De manière inattendue, c’est le réalisateur et producteur Taylor Hackford qui s’est passionné pour le projet alors qu’il n’a jamais abordé de manière frontale le thriller d’action.
Marquée par une grande hétérogénéité, sa filmographie comprend surtout des drames (Officier et gentleman, Dolorès Claiborne, Ray), des documentaires (sur Chuck Berry, notamment) ou encore quelques films de genre (Contre toute attente, L’associé du diable). Si l’on peut difficilement trouver des points communs entre ces longs-métrages, Taylor Hackford a toujours accordé un soin maniaque à la tenue visuelle de son œuvre jusqu’à ce Parker qui risque de rester en travers de la gorge de ses partisans les plus farouches.
Parker à la recherche du script perdu
Effectivement, Taylor Hackford semble s’être laissé happer par le système au point d’abdiquer toute exigence, aussi bien sur le plan scénaristique que sur le plan formel. Alors que le casse initial dans la foire de l’Ohio fait plutôt illusion, le spectateur va progressivement déchanter en cours de projection de ces deux longues heures. Osant tous les raccourcis, le réalisateur nous présente un héros increvable qui survit de manière totalement surréaliste à la trahison de ses coéquipiers.
© 2013 Alexander/ Mitchell Productions, Current Entertainment, Incentive Filmed Entertainment, Sidney Kimmel Entertainment et Sierra / Affinity / Affiche : Showbeast. All Rights Reserved.
Alors qu’il est laissé pour mort, Parker est sauvé par une famille de paysans, emmené à l’hôpital dont il s’échappe aussitôt en exécutant des cascades improbables quand on est censé être à l’article de la mort. Le reste du script est à l’avenant puisque le personnage incarné avec mutisme par Jason Statham se trouve toujours au bon endroit au bon moment (la façon dont il retrouve ses anciens coéquipiers est un grand moment d’absurdité). Afin de mettre un peu de piment dans une intrigue somme toute très linéaire, les auteurs ont cru bon de lui adjoindre les services d’une Jennifer Lopez, certes sympathique, mais dont le rôle se résume à faire la potiche de service.
Un ensemble décevant malgré quelques bonnes bastons
Déjà handicapé par des séquences d’action passablement improbables, Parker est également plombé par quelques dérapages humoristiques qui tombent totalement à plat et une réalisation plutôt épileptique à base de surdécoupage. Les amateurs de films bourrins se contenteront donc de quelques belles séquences de castagne (toujours magistralement exécutées par un Jason Statham qui n’est plus qu’un demolition man) pour agrémenter une projection ô combien décevante par rapport au potentiel initial d’un tel divertissement.
Le grand public de l’époque ne s’y est pas trompé puisque les Américains ont largement boudé le long-métrage qui n’a rapporté que 17,6 M$ (22,7 M$ au cours de 2023) pour un budget de plus de 35 millions de dollars. Même en comptant les recettes mondiales, Parker a été une bien mauvaise affaire, car il est à peine rentré dans ses frais.
Parker est une déception artistique et commerciale
A Paris, le film a été proposé dans 23 salles et s’installe en 6ème position du box-office de la semaine avec 42 462 amateurs de tatanes. Cette semaine est surtout marquée par le triomphe de la comédie Les profs qui capte la jeunesse. S’ils sont encore 30 083 retardataires la semaine suivante, Parker doit cette fois-ci affronter la déferlante Marvel d’Iron Man 3. Puis, il montre de sérieux signes d’affaiblissement dès la septaine suivante avec une chute de ses entrées de près de 50%. Preuve d’un bouche-à-oreille médiocre. Finalement, le long d’action finit sa carrière à peine au-dessus des 100 000 entrées sur la capitale.
Ce type de film devait en principe profiter d’une meilleure réception en province, mais il n’en fut rien puisqu’il a démarré à 124 735 spectateurs, puis a franchi la barre des 200 000 spectateurs en deuxième semaine. La chute est ensuite spectaculaire, à tel point que Parker est retiré de l’affiche en six semaines pour un total de 259 382 clients.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 17 avril 2013
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© 2013 Alexander/ Mitchell Productions, Current Entertainment, Incentive Filmed Entertainment, Sidney Kimmel Entertainment et Sierra / Affinity / Affiche : Création graphique : Fortifem pour SND. Tous droits réservés.
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