Open water – En eaux profondes : la critique du film (2004)

Survival, Aventures, Drame | 1h19min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Open Water - en eaux profondes, l'affiche

  • Réalisateur : Chris Kentis
  • Acteurs : Blanchard Ryan, Daniel Travis
  • Date de sortie: 11 Août 2004
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Open Water
  • Titres alternatifs : Océan Noir (Québec) / Em Águas Profundas (Portugal) / Ocean strachu (Pologne) / Mar abierto (Mexique) / Nyílt tengeren (Hongrie) / Mar Aberto (Brésil)
  • Année de production : 2003
  • Autres acteurs : Saul Stein, Estelle Lau, Michael E. Williamson
  • Scénariste : Chris Kentis
  • Directeurs de la photographie : Chris Kentis, Laura Lau
  • Compositeur : Graeme Revell
  • Monteur : Chris Kentis
  • Productrice : Laura Lau
  • Sociétés de production : Plunge Pictures LLC
  • Distributeur : Metropolitan Filmexport
  • Éditeurs vidéo : Metropolitan Vidéo (DVD, 2005 et 2006) / M6 Vidéo (coffret trilogie, DVD, 2018)
  • Dates de sortie vidéo : 2 mai 2005 (DVD) / 22 février 2006 (DVD) / 26 septembre 2018 (coffret trilogie DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 151 808 entrées / 67 079 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 30 600 000 $ (soit 50 500 000 $ au cours de 2023) / 54 600 000 $ (soit 90 200 000 $ au cours de 2023)
  • Budget : 500 000 $ (soit 826 430 $ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : DTS, Dolby Digital, SDDS
  • Festivals et récompenses : Prix Saturn 2005 : Prix Saturn de la Meilleure actrice décerné à Blanchard Ryan / Prix de la bande-annonce d'or 2005 : Prix de la bande-annonce d’or de la Meilleure bande-annonce pour un thriller. / Fangoria Chainsaw Awards 2005 : 3 nominations pour Meilleur film à large diffusion, Pire film et meilleure actrice
  • Illustrateur / Création graphique Fabrication Maison - Troïka (agence). © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2003 Plunge Pictures LLC © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : 1er volet de la trilogie Open Water.
  • Tagline : Sondez vos peurs les plus obscures
  • Attachés de presse : François Frey, Olivia Malka, Sophie Martins (Kinema))
Note des spectateurs :

Open Water – en eaux profondes interpelle par le naturalisme de sa réalisation et la qualité de son interprétation qui favorisent l’implication du spectateur, plongé au cœur d’un fait divers glaçant. Une réussite.

Synopsis : Pour oublier le travail et se retrouver enfin, Susan et Daniel décident de partir en vacances aux Bahamas. Excellents plongeurs, ils s’inscrivent pour une sortie au large, sur la barrière de corail. Le site est remarquable et le temps magnifique. Mais parce qu’il y a beaucoup de plongeurs, parce que l’équipage ne fait pas vraiment attention, le bateau repart sans eux. Susan et Daniel se retrouvent seuls, perdus en plein océan, dans des eaux infestées de requins…

Open Water, un tournage étalé sur plus de deux ans

Critique : Après avoir tourné un premier film traditionnel en toute indépendance (le drame Grind en 2017), le couple que forment Chris Kentis (réalisateur) et Laura Lau (scénariste et productrice) décide de se lancer dans un projet alternatif au début des années 2000 en s’inspirant du formidable succès indépendant du Projet Blair Witch qui repoussait la terreur dans ses retranchements, l’ultra réalisme. Grâce à l’achat d’une caméra DV numérique, les deux artistes souhaitent réaliser une œuvre en toute indépendance, uniquement financée par le travail de Chris Kentis. Pour cela, il faut donc envisager une histoire qui permette d’improviser et surtout de réunir une petite équipe réduite à cinq ou six personnes, disponibles pour tourner uniquement le week-end et sur une longue période.

Chris Kentis, également plongeur, a eu vent d’un fait divers terrible intervenu en 1998 où deux touristes ont disparu en mer après avoir été abandonnés par le bateau qui les transportait pour aller faire de la plongée, à la suite d’une erreur de calcul du nombre de passagers. Cette base a donc servi de fil conducteur à un film dont le premier défi était de trouver des acteurs sachant déjà plonger et qui ne refusent pas de tourner au milieu de véritables requins. Effectivement, le but de Chris Kentis et de Laura Lau est d’appliquer un pur naturalisme à leur long-métrage, filmé comme un documentaire.

Deux acteurs, une caméra et quelques requins

Les deux complices ont fini par arrêter leur choix sur l’actrice Blanchard Ryan qui avait un passé de sportive, et sur Daniel Travis, également habitué à plonger. A eux quatre, ils ont donc tourné pendant plus de deux ans Open Water – en eaux profondes pour une somme dérisoire estimée à 500 000 $ (soit 826 430 $ au cours de 2023). Cette économie de moyen est à la fois la limite principale et la force de ce projet particulièrement gonflé. Il fallait effectivement avoir une sacrée foi dans le pouvoir des images pour imaginer passionner les foules avec deux personnes perdues pendant une quarantaine de minutes au beau milieu de l’océan. Et pourtant, cela fonctionne.

Tout d’abord, il faut rappeler que le long-métrage a été tourné à l’époque des premières caméras DV dont le rendu frustre rend aujourd’hui encore plus qu’hier la projection difficile. Effectivement, les images, bien que travaillées, sont d’une laideur à faire saigner les yeux et l’on doit admettre que cela entame beaucoup le plaisir à redécouvrir ce film de nos jours. A l’instar de tous les petits films indépendants tournés avec ce procédé qui est une insulte à l’œil, Open Water – en eaux profondes demande un sacré temps d’adaptation avant que l’on arrive à se plonger dans la tragédie vécue par les personnages.

Open Water ou la terrible époque de la DV

Bizarrement, la DV semble plus adaptée au tournage en mer et le rendu paraît moins scandaleux dès que l’on entre dans le vif du sujet. Les premières séquences à terre, elles, font vraiment pitié sur le plan esthétique. Heureusement que les deux acteurs principaux sont immédiatement bons, incarnant avec beaucoup de conviction ce petit couple amoureux qui souhaite s’échapper de son morne quotidien le temps de vacances exotiques bien méritées. La complicité entre Blanchard Ryan et Daniel Travis apparaît comme évidente et ils sont pour beaucoup dans l’accroche du film.

Une fois le drame noué, Chris Kentis ne cherche jamais à faire dans le sensationnel et il aborde donc la fin de ce couple avec pudeur et un naturalisme qui touche juste. Loin des kitscheries bis avec des requins dedans du style Sharknado, Open Water réserve un traitement d’une belle justesse au prédateur des océans. Jamais agressif sans raison, l’animal impose une présence menaçante, mais qui n’attaque que lorsqu’il est appâté par le sang issu d’une blessure ou lorsqu’il se sent menacé.

Un film qui joue sur nos peurs primales

Les amateurs de gore ou de séquences fortes peuvent passer leur chemin puisque le film de Chris Kentis ausculte surtout les réactions des personnages principaux face à une situation inextricable. Ils passent ainsi de la plaisanterie cool au stress, puis à la colère, au désespoir et à la résignation. Cette palette de sentiments est portée par deux acteurs vraiment formidables, dont on peut regretter qu’ils n’aient pas eu une plus belle carrière après le triomphe de ce premier essai.

Open Water – en eaux profondes fonctionne également parfaitement grâce à un montage resserré qui impose une projection très courte (moins d’une heure et vingt minutes), parfaitement adaptée à la minceur du sujet. Ensuite, l’ajout de la musique discrète, mais stressante, de Graeme Revell donne une ampleur supplémentaire aux images de Chris Kentis. Dès lors, le spectateur parvient à ressentir toutes les émotions des protagonistes. Les auteurs parviennent notamment à réveiller en chacun de nous une peur primale qui est celle de redevenir une proie, et donc de ne plus être tout en haut de l’échelle alimentaire. En ce sens, la réussite du film est totale et l’expérience demeure éprouvante.

Open Water, un véritable phénomène américain

Projeté dans une version inachevée lors du Festival de Sundance, Open Water – en eaux profondes a finalement été acheté par le distributeur Lionsgate pour la somme de 2,5 millions de dollars. Sorti début août 2004 dans une combinaison d’abord limitée durant deux semaines, Open Water s’impose ensuite sur plus de 2 000 sites en Amérique du Nord et cumule 11,4 M$ sur cette unique semaine. En trois semaines, le métrage a donc réalisé près de 15 millions de dollars de recettes. Ensuite, la chute est plutôt rude avec une perte de 58 % des entrées, preuve d’un bouche-à-oreille moins favorable que prévu. Il faut dire que le métrage n’est pas si commercial que cela. Par la suite, Open Water grapillera 30,6 M$ (soit 50,5 M$ au cours de 2023), ce qui en fera de toute façon une excellente affaire au vu de son budget minime.

En France, la distribution est assurée par Metropolitan FilmExport qui entend surfer sur le phénomène américain du moment. Le métrage sort en plein été dans une combinaison de 24 salles à Paris et en périphérie. Ils sont 33 697 Franciliens à plonger, tandis que 91 622 spectateurs font le déplacement sur l’ensemble du territoire. La semaine suivante voit un inévitable fléchissement des entrées, d’autant que le métrage est concurrencé par un autre film de genre (Le village de Shyamalan). Ils sont 20 712 naufragés à Paris et 38 053 en France. La semaine 3 est assurément fatale et le film disparaît des écrans dès la rentrée de septembre avec 151 808 spectateurs dans l’Hexagone, dont 67 079 Franciliens.

Open Water à l’origine d’une franchise et de remakes non officiels

Si Open Water a déçu les plus jeunes amateurs de films d’épouvante, cela n’a pas empêché ce très lucratif long-métrage d’être la base d’une franchise. Ainsi, le film Dérive mortelle (Hans Horn, 2006) exploite la même thématique en suivant les aventures d’un groupe de jeunes qui dérivent alors qu’ils sont dans l’incapacité de remonter à bord de leur bateau. Plus tardivement, Open Water 3 : les abîmes de la terreur (Gerald Rascionato, 2017) fait tomber la franchise dans la médiocrité la plus totale avec un produit vidéo bas de gamme. Notons également que le long-métrage a aussi inspiré des quasi-remake comme le film australien The Reef (Andrew Traucki, 2010) ou encore le médiocre 47 Meters Down (Johannes Roberts, 2017).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 août 2004

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Open Water - en eaux profondes, l'affiche

© 2003 Plunge Pictures LLC / Affiche : Fabrication Maison – Troïka (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

Chris Kentis, Blanchard Ryan, Daniel Travis

Mots clés

Les films de requins, Films sur le couple, La mer au cinéma, Survival, Les films en DV

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Open Water - en eaux profondes, l'affiche

Bande-annonce d'Open Water - en eaux profondes (VF)

Survival, Aventures, Drame

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