Mutations (Le monstre dénaturé) : la critique du film (1975)

Épouvante-horreur, Science-fiction | 1h32min
Note de la rédaction :
6/10
6
Mutations de Jack Cardiff, VHS American Video

  • Réalisateur : Jack Cardiff
  • Acteurs : Donald Pleasence, Tom Baker, Brad Harris, Julie Ege, Scott Antony
  • Date de sortie: 22 Oct 1975
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Mutations
  • Titres alternatifs : The Freakmaker (USA) / Das Labor des Grauens - The Freakmaker (Allemagne) / Mutación criminal (Espagne) / Mutacje (Pologne) / Mutaciones macabras (Mexique) / Estranhas Mutações (Brésil)
  • Année de production : 1974
  • Scénariste(s) : Edward Mann, Robert D. Weinbach
  • Directeur de la photographie : Paul Beeson
  • Compositeur : Basil Kirchin, Jack Nathan
  • Société(s) de production : Cyclone, Getty Pictures Corp.
  • Distributeur (1ère sortie) : Film inédit en France, sauf dans la région nord.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : American Vidéo (VHS) / Atlantic Home Vidéo (VHS) / Rimini Éditions (Combo DVD / Blu-ray, 2019)
  • Date de sortie vidéo : 26 octobre 2019 (combo DVD / blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 400 000 £
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Koemzo Design (jaquette blu-ray)
  • Crédits : Columbia Pictures Inc. All Rights Reserved.
Note des spectateurs :

Avec son script assez dingue, Mutations est un petit film d’horreur britannique fort agréable, doté d’une bonne ambiance et de références prestigieuses. À redécouvrir.

Synopsis : Le professeur Nolter est un génial savant généticien, rejeté par la totalité de ses pairs à cause de ses incroyables théories et ses recherches audacieuses dans le domaine des manipulations chromosomiques. À l’aide de parias de la société, des “monstres” humains qu’on exhibe dans les fêtes foraines, il se procure par enlèvement des sujets jeunes pour ses obscures et cruciales expérimentations.

Un hommage très direct au Freaks de Tod Browning

Critique : Alors qu’il est encore enfant, le producteur et scénariste américain Robert D. Weinbach est marqué par sa visite d’un zoo humain où il découvre des freaks étonnants. Un peu plus tard, il visionne également le long-métrage Freaks, la monstrueuse parade (1932) de Tod Browning qui le traumatise. Une fois producteur, l’homme décide de rédiger avec l’aide d’Edward Mann un scénario qui rendrait hommage au film séminal de Browning, tout en y ajoutant une touche de science-fiction. Ainsi allait naître le script assez démentiel de Mutations (1974).

Mutations le monstre dénaturé, VHS Atlantic Vidéo

Mutations, le monstre dénaturé, VHS France Réédition © 1974 Columbia Pictures Inc. All Rights Reserved

Profitant des avantages fiscaux déployés par le gouvernement britannique au début des années 70, le producteur choisit de tourner le long-métrage à Londres pour un budget minime de 400 000 £. Il approche le cinéaste vétéran Jack Cardiff, alors en recherche d’un emploi, qui accepte la besogne, d’autant qu’il apprécie lui aussi le cinéma horrifique des années 30. Avec un homme aussi respecté aux commandes, le métrage peut aussi compter sur la présence de Donald Pleasence. Ce dernier n’a jamais caché l’aspect purement alimentaire de cette prestation, mais Pleasence s’est toutefois impliqué dans son personnage, proposant notamment à Jack Cardiff de jouer ce scientifique sans esbroufe ou effet de manche. D’où une interprétation tout à fait honorable et digne au sein d’un film au script déjà bien gratiné.

Qui est le véritable monstre ?

Effectivement, le long-métrage semble être une synthèse entre plusieurs influences. On peut citer tour à tour Frankenstein (Whale, 1931), L’île du docteur Moreau (Kenton, 1932), La mouche noire (Neumann, 1958), La petite boutique des horreurs (Corman, 1960) et bien entendu le fameux Freaks de 1932. Le scénario nous invite donc à suivre les expériences folles d’un scientifique qui veut amener l’espèce humaine à un stade plus avancé en créant des mutants qui seraient à mi-chemin entre l’animal et le végétal. Pour obtenir des cobayes, le scientifique fait appel à un freak (très bon Tom Baker, totalement méconnaissable) qui habite à proximité dans une fête foraine. Celui-ci s’en prend aussi bien à des individus difformes qu’à des étudiants qui ont le malheur de passer par-là ou d’être trop curieux.

Au cœur du film, on retrouve donc une exhibition de freaks dans une fête foraine. Il est important de rappeler que ce type d’attraction existait encore au milieu des années 80, l’auteur de ces lignes pouvant témoigner de leur existence durant son enfance et même son adolescence. Ici, les auteurs ont fait appel à de véritables personnes difformes, généralement pour cause de maladies ou de malformations. Si le public de l’attraction réagit de manière scandaleuse et voyeuriste, le cinéaste Jack Cardiff essaie de respecter l’intégrité de ces personnes au mieux. Ainsi, il en fait davantage des victimes de l’opprobre que des monstres qui auraient vocation à nous effrayer. Dans Mutations, le seul véritable monstre est bien le scientifique incarné par Donald Pleasence, pourtant d’une apparence banale sur le plan physique.

Mutations de Jack Cardiff, VHS American Video

© 1974 Columbia Pictures Inc. Design : 1985 American Video. All Rights Reserved

Une ambiance particulière grâce à une bande originale expérimentale

Évitant donc de justesse le voyeurisme, Mutations possède une bonne ambiance par l’ajout d’une bande originale très spéciale signée Basil Kirchin. Ses expérimentations au synthétiseur donnent au long-métrage un aspect étrange et sombre qui est pour beaucoup dans le plaisir ressenti par l’amateur de curiosités cinématographiques. On peut par contre regretter un montage quelque peu anémique qui occasionne des longueurs et des passages vraiment trop lents. Enfin, les effets spéciaux et de maquillages souffrent clairement d’un budget rachitique. Toutefois, cela n’empêche nullement Mutations de faire son petit effet grâce à un script assez dingue et une ambiance britannique tout à fait appréciable.

Tourné en 1973, Mutations est resté dans un placard pendant plus d’une année pour être finalement exploité en double programme au Royaume-Uni. Le film fut un tel échec que le producteur a été trainé devant les tribunaux pour l’obliger à rembourser les prêts contractés. En France, le film serait apparu uniquement dans quelques salles du nord de la France en 1975 selon le site Encyclociné. Les spectateurs ont surtout pu découvrir le métrage par le biais de la cassette vidéo VHS. Largement oublié depuis cette époque, Mutations a été édité en 2019 par Rimini dans une copie très correcte, mais cadrée en 1.33, ce qui occasionne l’entrée dans le champ de plusieurs micros. Notons que le film a en réalité été tourné en 1.85.

Un terrible échec qui a renvoyé Jack Cardiff à la photographie

Enfin, signalons que ce fut le dernier film de Jack Cardiff en tant que réalisateur. Celui-ci est ensuite redevenu directeur de la photographie sur des grosses productions. D’ailleurs, dans son autobiographie, il ne mentionne même pas Mutations, signe de son désaveu vis-à-vis d’un film pourtant éminemment sympathique pour qui aime le cinéma bis.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 octobre 1975

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Mutations, jaquette blu-ray

© 1974 Columbia Pictures Inc. All Rights Reserved / © 2019 Rimini Editions / Design : Koemzo Design. Tous droits réservés.

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Mutations de Jack Cardiff, VHS American Video

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