Miné par des séquences comiques lourdes et inconséquentes, Mister Dynamite conserve un certain charme suranné grâce à l’implication physique de la star Jackie Chan. Le reste est anecdotique.
Synopsis : Jackie Chan, boucanier des temps modernes, découvre une arme médiévale qu’il met en vente avec de nombreux autres trésors. Lors de la mise aux enchères, l’arme suscite l’intérêt d’une mystérieuse jeune femme qui semble déterminée à l’acquérir à n’importe quel prix.
Ma critique : Alors qu’il est devenu une valeur sûre du cinéma d’action made in Hong Kong grâce à une suite impressionnante de succès internationaux, Jackie Chan se lance dans un défi encore plus périlleux en 1986 en montant ce Mister Dynamite qui veut clairement marcher sur les traces d’Indiana Jones. Avec un budget largement supérieur à ses habitudes et un tournage qui envoie l’équipe aux quatre coins du globe (France, Yougoslavie, Espagne et Philippines), ce film d’aventures se veut l’égal des productions hollywoodiennes par son ampleur.
Jackie Chan et le réalisateur Eric Tsang (qui n’a, semble-t-il, tourné que les premières scènes du film) ont décidé de pousser tous les curseurs en matière d’action. Aidé par Michel Julienne pour les cascades automobiles, Jackie Chan a multiplié les évolutions aériennes périlleuses, au risque de perdre la vie comme nous le montre la séquence incluse dans le générique final où l’on voit l’acteur emmené à l’hôpital suite à une chute ayant failli lui coûter la vie. Preuve s’il en fallait encore de l’engagement total de l’artiste martial dans son art – et aussi de la sécurité toute relative des tournages locaux de l’époque.
Malgré cette caution, Mister Dynamite n’est certainement pas le meilleur film de son auteur, en raison notamment d’une intrigue quelque peu inintéressante mettant l’acteur aux prises avec une secte qui vénère une armure médiévale. Si le script en vaut un autre en matière de prétexte narratif, ce sont surtout les nombreux passages comiques qui alourdissent sensiblement le propos. Ainsi, les séquences se déroulant dans l’hôtel entièrement fondées sur une mécanique comique vaudevillesque ne feront sourire que les enfants, laissant de marbre les adultes.
Ces moments de décontraction où tous les acteurs grimacent ne servent aucunement à faire avancer l’intrigue et ont tendance à briser le rythme trépidant des scènes d’action. Certes, Jackie Chan a toujours aimé inclure des moments cocasses dans ses films, rendant ainsi hommage au burlesque des années 20, mais ici cette mécanique semble quelque peu forcée et en contradiction avec l’ambiance plus sérieuse des scènes d’action.
Quelque part entre Tintin et Indiana Jones, le résultat final reste séduisant tant on aime certaines idées (les voitures gadgets, l’antre de la secte dans un village troglodyte), mais ces bons moments sont régulièrement gâchés par des décisions artistiques douteuses. Outre l’emploi d’une musique kitsch de Michael Lai, on signalera également des décors un peu cheap et une tendance à signer des séquences bis comme cette attaque de Jackie par trois femmes panthères qu’on croirait sorties d’un épisode de Tarzan.
Assumant pleinement son statut de divertissement populaire, Mister Dynamite ne cherche jamais à faire preuve de bon goût et se vautre dans tous les clichés possibles du film d’aventures et du roman pulp. Il faut donc se concentrer uniquement sur les séquences d’action – toutes très réussies – pour vraiment apprécier ce spectacle totalement régressif.
En France, le film est apparu sur les écrans en plein mois de juillet 1988 lors d’une semaine où les films de série B se bousculaient au portillon (Blue Jean Cop, Vendredi 13 Numéro 7 etc.). Le résultat fut piteux avec seulement 88 231 amateurs de coups de tatanes sur l’ensemble de l’Hexagone, soit l’un des pires résultats de Jackie Chan au box-office français.
Critique de Virgile Dumez