Marcel, le coquillage (avec ses chaussures) est un amour de petit film qui prend la forme d’un documenteur pour distiller son humour et son émotion à fleur de peau. Trognon.
Synopsis : Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté́. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille…
Un petit personnage issu d’une farce
Critique : Alors qu’ils forment déjà un couple à la ville, le jeune réalisateur novice Dean Fleischer Camp et l’actrice Jenny Slate créent lors d’un délire personnel le petit personnage de Marcel. En fait, c’est la voix de Jenny Slate qui a été trouvée en premier, avant d’inventer la forme de Marcel, ce petit coquillage avec un unique œil et des chaussures. Nous sommes alors en 2010 et les deux compères poussent le bouchon de la farce jusqu’à en faire un court-métrage intitulé Marcel the Shell with Shoes On (2010) qui remporte un énorme succès sur internet. L’écho est tel que le court-métrage est sélectionné au Festival de Sundance.
Désormais connu de tous, le petit Marcel a encore le droit à deux suites en 2011 et 2014, avant que les compères Dean Fleischer Camp et Jenny Slate – désormais séparés – décident de lui octroyer un long-métrage complet. Fruit d’un travail de plusieurs années, Marcel, le coquillage (avec ses chaussures) constitue donc le tout premier long-métrage de cinéma du réalisateur. Terminé en 2021, le film a fait le tour des festivals d’animation avant de sortir sur les écrans nord-américains en juillet 2022, cumulant près de 6 millions de dollars de recettes, malgré une sortie assez confidentielle. En France, il a fallu attendre le mois de juin 2023 pour découvrir ce joli petit film auréolé d’un statut enviable de film culte.
Bienvenue dans le Marcel Cinematic Universe
Adoptant comme dans ses courts-métrages le style du documenteur, Dean Fleischer Camp intègre donc le personnage de Marcel (avec la voix de Jenny Slate donc) et de sa grand-mère (incarnée par le timbre de la grande Isabella Rossellini) dans un environnement réaliste. Il le fait de la manière la plus simple du monde en n’essayant jamais de rendre étonnante la présence de ces petits êtres qui sont donc considérés comme faisant pleinement partie du monde qui les entoure.
Grâce à la voix très douce et séduisante de Jenny Slate, Marcel apparaît comme un personnage mignon et d’une incroyable gentillesse. Cette bonté naturelle n’apparaît jamais comme de la mièvrerie tant les auteurs ont su garder un judicieux équilibre entre rire et émotion. Certes, Marcel, le coquillage (avec ses chaussures) est bel et bien un hymne à la vie, à la nature et à la famille, mais ces thèmes typiquement américains donnent lieu à une poésie de chaque instant qui balaie d’un revers de main notre cynisme habituel.
Une émotion à fleur de peau servie par une belle musique électro
Non seulement le film est très drôle, mais il déploie également une émotion à fleur de peau soutenue en permanence par la douce musique électronique de l’artiste Disasterpeace. Celle-ci contribue largement à la poésie de l’ensemble. Alors que la plupart des éléments vus à l’écran sont des reproductions d’éléments naturels afin de mieux y intégrer les petits personnages, le film parvient à chanter la beauté de mère nature. Il y valorise aussi les relations entre un petit-fils et sa grand-mère mourante et aborde ainsi le deuil avec beaucoup de sensibilité et de pudeur.
Enfin, le cinéaste réfléchit également aux conséquences du succès sur internet en montrant des hordes de jeunes gens qui viennent se prendre en selfie devant la maison du fameux Marcel. Sans aucun doute un écho du vécu du couple après le triomphe de leurs trois courts-métrages sur la toile. La conclusion semble bien être que pour conserver sa santé mentale, il vaut mieux vivre caché.
Marcel n’a pas eu le succès escompté en France
Réalisé avec un soin maniaque par un cinéaste qui fait preuve d’un réel talent pour donner vie à des personnages animés dans un contexte réaliste, Marcel, le coquillage (avec ses chaussures) relève haut la main le défi de passer au format long. Sorti avec un certain succès en Amérique du Nord où le personnage était connu, le projet n’a pas reçu le même écho dans les salles françaises au mois de juin 2023. Malgré une diffusion sur 116 copies (on notera que le film animé a eu le soutien de l’UGC Ciné Cité les Halles et du MK2 Bibliothèque à Paris), le film d’animation a sans doute manqué de notoriété, malgré sa nomination aux Oscars 2023 en tant que meilleur film d’animation (doublé par le Pinocchio de Guillermo Del Toro).
Avec seulement 7 514 entrées sur toute la France en première semaine, Marcel, le coquillage (avec ses chaussures) a été un échec immédiat. Certes, la baisse des entrées n’a pas été trop intense les 5 semaines suivantes, mais le pauvre coquillage n’a guère trouvé que 19 131 marins en fin de carrière, à l’issue de 8 semaines d’exploitation essentiellement estivales.
Il est donc temps de se rattraper avec le blu-ray édité par L’Atelier d’Images, à la fois distributeur et éditeur sur ce coup.
Critique de Virgile Dumez
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Isabella Rossellini, Jenny Slate, Dean Fleischer Camp
Mots clés
La famille au cinéma, Documenteur, Films avec des animaux qui parlent