Résolument moderne dans sa réalisation, Mad Max est une épatante petite production australienne qui, des décennies après sa sortie, conserve un authentique impact grâce à une caméra coup de poing et à un jusqu’au-boutisme jubilatoire.
Synopsis : Sur les autoroutes désertées d’une Australie méconnaissable, une guerre sans merci oppose motards hors-la-loi et policiers Interceptor, qui tentent de triompher de la vermine au volant de voitures aux moteurs surgonflés. Dans ce monde en pleine décadence, les bons, les méchants, le manichéisme disparaissent…
Critique : À la fin des années 70, une toute petite production australienne indépendante (budgétée à 350 000 dollars) fait l’effet d’une véritable bombe dans son pays d’origine, puis dans le reste du monde. L’ancien médecin George Miller est le responsable de ce tapage autour de son Mad Max, qui choque les spectateurs et se retrouve au ban de bon nombre de pays à cause d’une impitoyable censure. Ainsi, la France a dû attendre le mois de janvier 1982 – soit deux ans après sa présentation au festival d’Avoriaz – afin de découvrir ce qui est alors présenté comme un monument d’ultra-violence. Écopant même de l’infamante classification X (interdit aux moins de 18 ans), alors partagée avec des métrages extrêmes comme Zombie ou Massacre à la tronçonneuse, le film se taille rapidement une réputation qu’on peut aujourd’hui trouver excessive.
Largement dépassé depuis par de nombreuses œuvres bien plus choquantes, Mad Max a clairement perdu de son impact en termes de violence graphique. Pourtant, grâce à l’impressionnante maîtrise de son réalisateur dont la mise en scène coup de poing reste toujours aussi moderne plus de trente-cinq ans après, l’ensemble demeure d’une incroyable efficacité. Emporté par une première course-poursuite démentielle entre des fous du volant et les forces de l’ordre, le spectateur n’aura guère le temps de souffler dans ce concentré d’action. Grâce à une ambiance apocalyptique renforcée par les décors sauvages de l’Australie, George Miller imprime une tension à chaque scène au point de donner à son thriller des allures de film d’horreur.
Psychologiquement éprouvant, Mad Max est effectivement un monument de stress, à cheval entre le ton jusqu’au-boutiste des années 70 et le brio formel propre aux œuvres commerciales des années 80. Impeccable sur le plan technique, le sauvage Max souffre toutefois de quelques faiblesses majeures : une interprétation peu aboutie d’un Mel Gibson, débutant, ainsi qu’une totale absence de la moindre psychologie. Se concentrant uniquement sur l’impact de ses images, le cinéaste ne s’est guère embarrassé de nuances et brosse à gros traits le portrait d’une société en totale déliquescence, au point que même les policiers finissent par devenir aussi dangereux que ceux qu’ils pourchassent.
Souvent accusé d’être un hymne à la vengeance personnelle, ce premier opus est surtout l’occasion de souligner les dérives d’une société privée du moindre repère moral, sans qu’aucun discours politique ne filtre réellement. Le public, lui, fît un triomphe à ce choc cinématographique qui rapporta plus de cent millions de dollars dans le monde et cumula près de deux millions et demi d’entrées en France en 1982. Un phénomène qui entraîna la mise en route d’une suite encore plus populaire et tout aussi culte. Attachez donc vos ceintures et laissez-vous à nouveau emporter par la folie de cet enfer mécanique.
Critique de Virgile Dumez
A suivre
Box-office par Frédéric Mignard
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