L’implacable ninja : la critique du film (1981)

Action, Arts martiaux, Nanar | 1h39min
Note de la rédaction :
4,5/10
4,5
L'implacable ninja, l'affiche

  • Réalisateur : Menahem Golan
  • Acteurs : Shô Kosugi, Franco Nero, Susan George, Christopher George, Alex Courtney
  • Date de sortie: 05 Août 1981
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Enter the Ninja
  • Scénaristes : Dick Desmond, Mike Stone
  • Chorégraphe des combats : Mike Stone
  • Compositeurs : W. Michael Lewis, Laurin Rinder
  • Distributeur : Warner-Columbia
  • Editeur vidéo : Gaumont-Columbia-TriStar (VHS) / GCR (Gaumont Columbia RAC) (VHS) / ESC Editions (DVD et Blu-ray)
  • Sortie vidéo (blu-ray) : 28 mars 2017
  • Budget : 1,5 M$
  • Box-office France / Paris-périphérie : 308 599 entrées / 58 055 entrées
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Note des spectateurs :

Ridicule de bout en bout, L’implacable ninja établit tous les gimmicks de la firme Cannon et finit par être un divertissement sympathique malgré sa médiocrité.

Synopsis : Vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, Cole rend visite à son vieil ami Franck Landers qui, installé aux Philippines, refuse catégoriquement de vendre ses terres à un homme d’affaires. Loin de renoncer, celui-ci emploie dès lors l’intimidation pour obtenir ce qu’il veut, puis la violence. Rompu aux techniques de combat des ninjas, Cole intervient, bientôt confronté à Hasegawa, un mercenaire dont il ne connaît que trop bien l’efficacité dans l’art du meurtre…

Menahem Golan ressuscite la figure du ninja

Critique : En 1979, le duo Menahem Golan – Yoram Globus, deux producteurs israéliens associés (et cousins) depuis le début des années 60, rachète la petite société américaine The Cannon Group Inc. qui est en faillite. Leur but est de conquérir Hollywood en tournant notamment des films d’action pour un coût modéré, puis d’exploiter le tout au cinéma et sur le marché naissant de la vidéo locative.

L'implacable ninja, la jaquette blu-ray

© 1981 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / ESC Conseils. Tous droits réservés.

Convaincu du pouvoir d’attraction des arts martiaux depuis le triomphe d’Opération dragon (Clouse, 1973) qui a fait de Bruce Lee une star mondiale, Menahem Golan cherche alors à renouveler le genre en proposant du neuf. Il consulte Mike Stone qui s’y connaît particulièrement dans le domaine et les deux complices choisissent d’exploiter le thème du ninja, ces guerriers asiatiques issus de la période féodale. Le but est donc de populariser une figure qui n’existe plus en Asie, mais peut fasciner l’Occident grâce à la pratique du ninjutsu. Il suffit pour les auteurs d’introduire ce personnage fictif au cœur du monde contemporain pour offrir un divertissement haut en couleurs aux spectateurs avides d’exotisme.

Franco Nero arrive à la rescousse

Pour cela, Menahem Golan et Mike Stone se rendent aux Philippines, terre d’accueil de toutes les productions fauchées des années 80, où ils peuvent bénéficier de décors exotiques à un prix modique. Toutefois, dès les premiers jours, Menahem Golan se rend compte de l’incapacité de Mike Stone à incarner son personnage. Certes très habile sur le plan physique, Stone n’est clairement pas un acteur valeureux. Heureusement, Golan apprend par inadvertance que l’acteur Franco Nero est actuellement présent à Manille.

L’incarnation de Django accepte ce remplacement de dernière minute, mais précise qu’il ne peut pas prendre l’accent texan attribué à son personnage (il doit donc être intégralement doublé) et qu’il n’a jamais pratiqué le moindre art martial. Du coup, le personnage principal est bel et bien interprété par Franco Nero sur les gros plans, mais ce sont les évolutions martiales de Mike Stone qui se taillent la part du lion sur les plans larges.

Des acteurs en roue libre

Si le script ne vaut déjà pas grand-chose en recyclant tous les clichés possibles, c’est finalement la présence de Franco Nero en ninja qui déclenche la plus franche hilarité. L’acteur nous gratifie ici de l’une de ses compositions les plus faibles. Visiblement uniquement motivé par le chèque à endosser, il fait le minimum syndical. Parfaitement ridicule dans son accoutrement blanc, l’acteur n’est guère plus convaincant lors des séquences plus dramatiques qu’il interprète avec nonchalance et les yeux dans le vague.

Alors que Susan George est plutôt correcte, on ne peut pas en dire autant des autres acteurs, dont un Shô Kosugi déjà passablement ridicule dans son rôle d’antagoniste. Mais le pire vient de la prestation de Christopher George en homme d’affaire précieux. Si le surjeu était un art, alors l’acteur aurait largement le droit à un Oscar d’honneur.

Golan, la lourdeur servie sur un plateau

Au milieu de ces comédiens en roue libre, Menahem Golan signe un certain nombre de scènes d’action qui se voudraient spectaculaires, mais sont le plus souvent hilarantes par leur médiocrité d’exécution. Ce qui frappe est surtout l’extrême lourdeur de l’ensemble. Afin que le spectateur comprenne l’attachement qui lie le ninja à son pote propriétaire terrien et colon de son état, Golan a par exemple recours à un flashback où l’un des protagonistes sauve la vie de l’autre durant la guerre. Cette simple séquence de deux minutes permet donc d’établir leur relation, puis d’enchaîner aussitôt avec la mort de cet ami. L’acuité psychologique n’est clairement pas le fort de Menahem Golan.

Un pur produit Cannon ou comment réaliser des mauvais films sympathiques

L’usage d’un humour douteux et le recours à une musique qui surligne chaque émotion ou réplique viennent surcharger encore un peu plus un plat déjà assez peu digeste. Toutefois, il faut bien avouer que le spectacle demeure sympathique de bout en bout, sans doute à cause de son premier degré confondant de bêtise. Les quelques effusions gore font sourire et l’ensemble du film amuse, par sa nullité même. Menahem Golan établit en quelque sorte ici les recettes qui seront systématiquement employées par la Cannon.

Le long-métrage a d’ailleurs rencontré un joli succès à sa sortie en salles aux Etats-Unis, puis en France. Mais ce sont surtout les multiples exploitations en vidéo qui ont permis un vrai retour sur investissement. Ce joli pactole a non seulement lancé la firme Cannon à l’international, mais a également permis la réalisation de deux suites tout aussi déplorables, voire plus encore. On pense ici à Ultime violence : Ninja 2 (Firstenberg, 1983), puis Ninja 3 (Firstenberg, 1984). Notons enfin que le long-métrage a initié la mode du ninja dans la culture populaire américaine des années 80, que ce soit au cinéma ou en BD (notamment les comics signés Frank Miller).

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Critique de Virgile Dumez

Les nanars sur CinéDweller

Les sorties de la semaine du 5 août 1981

L'implacable ninja, l'affiche

© 1981 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés.

Box-office de L’implacable ninja :

Proposé en salle en début de mois d’août 1981, L’implacable Ninja est entré en 5e position du box-office avec 33 017 dans 18 salles parisiennes. Un bon score pour une série B sans notoriété.

En première position, la semaine du 5 août, la prostitution et la drogue chez les adolescents faisaient des ravages via le succès imparable de Moi Christiane F… 13 droguée, prostituée qui demeurait en première place pour la 3e semaine consécutive. L’érotisme de Sylvia Kristel faisait encore sensation en 2e semaine avec l’adaptation de L’amant de Lady Chatterley (68 904). Adjani et Lhermitte entraient en 3e place avec L’année prochaine si tout va bien (59 989 entrées dans 23 salles), et Autant en emporte le vent, phénomène intemporel, plastronnait en 4e place pour sa troisième semaine, avec 51 276 spectateurs. Une reprise, évidemment.

Le succès de L’implacable ninja sur la capitale prend toute sa signification quand on compare ses chiffres à ceux de Faut pas pousser de Michele Lupo avec Bud Spencer. Ce dernier réalisait une entrée en 7e place des plus timide, avec 27 497 spectateurs dans un circuit de 19 écrans.

Le porno Jeux de mains, avec Laura Clair, parvenait à se frayer une place dans le top 15, avec 13 051 spectateurs (7 salles), suivi par Chattes frémissantes, autre film classé X, dont les 11 632 entrées concernaient également un parc de 7 salles spécialisées. Le troisième film classé X à débouler ce 5 août portait un titre obscène et racoleur, Mon C.. avec rage. Il attirerait tout de même 5 922 spectateurs carrément voyeurs dans ses 4 cinémas.

Ensuite, parmi les nouveautés du mercredi, un autre kung-fu trouvait refuge sur 5 salles. Le dragon de Shaolin amusait 11 459 amateurs d’arts martiaux 100% asiatiques.

Dans un registre dramatique, le film américain Un fils pour l’été, de Bob Clark, avec Jack Lemmon et Lee Remick, connaissait un échec sans appel (4 919 entrées dans 11 cinémas).

Période propice aux reprises, les étés des années 80 étaient l’occasion de retrouver quelques succès d’antan. Pair et Impair avec Bud Spencer et Terence Hill glanait encore 11 102 spectateurs dans 13 cinémas. La Malédiction de Richard Donner se faisait une cure de jouvence dans 10 salles (9 520 spectateurs possédés) et préparait les spectateurs à la sortie de La Malédiction finale, pour la rentrée. La nuit des morts vivants de George A. Romero faisait un comeback sur 5 écrans de qualité, mais ne parvenait à séduire que 4 846 spectateurs. C’était toujours mieux que la reprise du nanar Ces monstres venus de l’enfer SS que Paramount exploitait à nouveau dans 5 cinémas (2 078).

Cinq semaines à l’affiche à Paris, mais succès provincial

En deuxième semaine parisienne, L’implacable Ninja perdait forcément beaucoup d’entrées, au vu de ses qualités contestables (euphémisme). Le nanar Cannon, distribué par Warner Columbia, ne combattait plus que 16 001 apprentis Ninja. Pour son troisième round, plus aucun exploitant ou presque n’accueillait le vilain petit canard du kung-fu américain, avec 5 900 spectateurs dans désormais 6 salles. Pour son 4e tour, le premier volet de la trilogie Enter the Ninja n’est plus diffusé qu’au seul Cin’Ac Italiens, dans une salle de 85 fauteuils. 1 422 spectateurs, sur les Grands Boulevards parisiens, sont venus découvrir la chose. Le film de Menahem Golan y restera une seconde et ultime semaine, accompagné d’un écran de périphérie. En 5e semaine, sa première exclusivité s’achève à 58 055 entrées, grâce à ses 1 715 spectateurs supplémentaires.  Le film ne sera donc pas parvenu à doubler sa première semaine prometteuse.

Heureusement, la province est plus généreuse et L’implacable ninja fera le tour des patelins du pays, avec plus de 250 000 entrées supplémentaires. Une bonne affaire pour son distributeur qui n’a pas eu beaucoup d’efforts de promo à faire autour de cette série Z qui bénéficiait du goût des Français pour Bruce Lee et ses ersatz. Une autre époque, donc.

Frédéric Mignard

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L'implacable ninja, l'affiche

Bande-annonce de L'implacable ninja (VO)

Action, Arts martiaux, Nanar

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