Faux documentaire ou docu-fiction iconoclaste sur le racisme, Les Négriers est une œuvre artistiquement monumentale qui évoque les limites éthiques de la fabrication d’un film et de son exploitation. La complaisance par rapport aux monstruosités dépeintes est totale, mais la complexité de l’œuvre lui confère une vraie valeur politique, sociologique et historique.
Synopsis : Une équipe de documentaristes italiens remontent le temps pour investir la condition des esclaves noirs dans l’Amérique sudiste.
Est-il légitime de voir, en 2024, l’œuvre la plus nauséabonde jamais réalisée sur le racisme ?
Critique : 2024. L’éditeur américain Blue Underground ose et propose, a priori, l’un des films les plus abjects de l’histoire du cinéma, l’infâme et raciste Les négriers. dont les droits dormaient tranquillement au sein du groupe M6, chez SND.
Le documentaire est signé Franco Prosperi et Gualtiero Jacopetti, duo italien notoire pour avoir proposé en grande pompe l’un des premiers mondos, Mondo Cane, triomphe du voyeurisme qui choquera jusqu’au palais des Festivals. Cette Chienne de vie était en compétition à Cannes en 1962 ; il sera également nommé aux Oscars, pour une chanson culte qui demeure largement diffusée aux USA.
© 1962 Cineriz – TVOR / Affiche : René Ferracci. Tous droits réservés.
La filmographie des deux auteurs est sulfureuse, la vie de Gualtiero Jacopetti l’est tout particulièrement. Cet ancien journaliste mondain, au charisme ravageur, a notamment été condamné à de la prison ; il est resté incarcéré pour viol en réunion sur mineur de 13 ans, une cinquantaine de jours, dans les années 50 ; il épousera sa victime de sa geôle et retrouvera ainsi sa liberté et sa légitimité dans la haute société culturelle romaine. Plus sulfureux que Roman Polanski, le Monsieur, cela va sans dire.
Est-ce donc bien raisonnable de consacrer à notre époque une édition vidéo de 4 disques des Négriers ? L’édition américaine disponible depuis avril 2024 est parée de quatre disques, incluant la bande originale de Riz Ortolani, deux montages du film, et cinq heures de bonus. C’est dire les honneurs qui accompagnent cette sortie événement. Evidemment, nous répondrons positivement à cette question, sans pour autant mettre en garde et souligner la nature complexe du matériau. Avant de nous intéresser à la genèse du métrage et de son obscénité, il faut insister sur le contexte historique contemporain qui est particulièrement pertinent pour redécouvrir urgemment pareille illustration de complaisance et de manipulation par l’image.
La renaissance du film se fait dans un monde polarisé qui aime se pencher sur le passé colonial des empires, le racisme systémique envers les populations noires et le passé d’esclavagiste de certaines démocraties. Or Les Négriers octroie un éclairage substantiel pour les cinéphiles qui ont envie de réenvisager le monde d’hier pour mieux appréhender la complexité de notre passé et du cinéma du XXe siècle. Cela doit écarter toute condamnation vis à vis de ceux qui éditent pareil pamphlet, quand l’époque contemporaine, celle de la redéfinition des luttes et de la convergence des combats, de la réémergence du mouvement Black Lives Matter aux USA, embrassé désormais à une échelle mondiale par toute une jeune génération, pourrait stigmatiser précipitamment les éditeurs de l’œuvre ou les spectateurs qui s’y intéressent, puisqu’il n’est nullement question de les précipiter dans la catégorie des fascistes ou racistes qu’ils ne sont pas. D’ailleurs en France, c’est l’éditeur Le Chat qui Fume qui proposera le pamphlet en blu-ray et 4K collector ; l’on ne peut nullement qualifier cet éditeur progressiste de complaisant à l’égard des minorités ethniques, puisqu’il a toujours été engagé dans les luttes antiracistes.
La ressortie des Négriers, aussi vile soit l’œuvre, apparaît même comme une nécessité dans une société monde où la tentation de révisionnisme et les vérités alternatives sont omniprésentes. N’est-ce pas un cas flagrant de manipulation qui permet de mieux réfléchir sur l’impact de l’image, la manipulation mentale par la technicité et l’avènement de la fausse information par le réel ? L’œuvre date de 1971 et a été réalisée sans recours au numérique, à l’IA, et au deepfake. Les Négriers a donc une valeur historique et politique passionnante, en 2024, époque où le règne sans partage des suprémacistes blancs sur la fachosphère a tout de même abouti à l’élection de l’un des leurs, à la tête de l’Exécutif américain en 2016. Un certain Donald Trump. Il peut être un antidote contre le racisme ordinaire de ceux qui recyclent la peur du “Noir sauvageon”, tout en se gargarisant du mythe du “bon noir” ou du “meilleur ami noir” comme sempiternelle caution pour faire passer des messages discriminatoires voire haineux sur certaines chaînes d’information en continue. Et surtout, Les Négriers sert aussi à éclairer l’actualité quand en France, en 2024, le Rassemblement National a été placé premier parti aux Européennes et se positionne en favori pour les législatives, dans un chaos électoral dangereux. Cette même année, Donald Trump compte bien redevenir le président le plus puissant au monde pour la deuxième fois, malgré son soutien trouble à une insurrection historique contre le Congrès et sa mythomanie attestée jusque devant les tribunaux. Une nouvelle ère de sécession près de deux siècles après la fameuse guerre civile américaine ? Cette dernière s’était justement produite pour mettre un terme à l’esclavage… ou la conserver, en fonction de son camp. Révélateur, n’est-ce pas ?
Jaquette blu-ray, Ultra HD de Goodbye Uncle Tom/Les Négriers – Packaging : © Blue Underground (édition Blu-ray, 4K, 2024) – © 1971 Euro International Films. All Rights Reserved.
Par ailleurs, outre la question de races et de droits humains, celle des violences faites aux femmes et aux enfants, est également au centre des débats et des problématiques contemporaines. Cette problématique est aussi objet de réflexion évidente dans Les Négriers qui, on le montrera, maltraite de façon abjecte ces sujets. Cela rend sa misogynie d’époque d’autant plus nécessaire à investiguer. Déboulonner l’abjection pour mieux comprendre l’artefact cinématographique et y extirper même une certaine grandeur, telle sera l’orientation de cet article.
Mais qu’est ce que Les Négriers ?
Beaucoup de spectateurs ignorent l’existence de cette œuvre trouble qui suscita bien des polémiques en son temps. Véritable super production du documentaire, Les Négriers est surtout un authentique docufiction, une reconstitution du passé pour le moins acerbe qui floute les frontières entre réalité, réalisme, reproduction, reportage, manipulation et affabulation. Ce documenteur est vendu par ses producteurs comme une investigation de la sociologie de l’homme noir au sein de la société américaine. Un sujet particulièrement brûlant dans l’Amérique des années 60 qui nourrissait bien des fantasmes en Europe. C’était l’époque des grands mouvements pour les droits civiques, des Black Panthers, des grands leadeurs afro-américains -vivants ou assassinés-, et aussi de la fin de la ségrégation effective dans les états du Sud. Une époque marquée par des marches et des manifestations épiques, mais aussi des assassinats brutaux qui défrayaient la chronique, Malcom X le tempétueux et Martin Luther King le vertueux restent dans nos esprits. Et puis le poids grossissant des médias donnait de l’ampleur à la colère : le massacre du jeune adolescent Emmett Till par des racistes du Mississipi, en 1955, a un visage, celui décomposé et immortalisé par des vidéos et des photos ; il est devenu une illustration graphique de la haine d’Extrême droite.
Dans ce contexte inflammable, les Noirs chercheraient-ils là à prendre leur revanche sur la société blanche, comme le souhaitait la controversée Nation of Islam d’Elijah Muhammad ? Le Ku Klux Klan, dans ses canaux souterrains, et le lobby des armes, la NRA, de façon plus subtile dans son marketing, agitaient la peur de façon intéressée afin de répudier le principe d’égalité pour le groupuscule raciste ou de développer les ventes d’armes contre la peste noire dans le cas du lobby conservateur.
Dans ce sens, il n’est pas difficile d’interpréter, en 1971, le projet des Négriers comme un soubresaut raciste de la part de certains individus blancs, aussi européens étaient-ils, puisque le métrage sort en salle au lendemain de ces avancées sociétales et humaines. Etait-ce l’occasion pour le suprémaciste blanc d’alimenter ce fantasme du Noir vengeur. Le documenteur démontre même que ce ne sont pas les mobiles qui manquent aux Afro-américains, puisque le regard des auteurs, Prosperi et Jacopetti, consiste essentiellement à énumérer les humiliations que l’esclave a dû subir tout au long de l’ascension d’une nation qui se voulait être paradoxalement le chantre de la démocratie et des droits humains.
Les Négriers, affiche allemande © 1971 Euro International Films, SND (Groupe M6) . All Rights Reserved.
Cargaison noire pour négrier : film d’exploitation sur la traite des noirs
Goodbye Uncle Tom (titre nord-américain) renvoie ainsi les Afro-Américains, en quête de droits et d’égalité, à l’imagerie brutale et déshumanisante qu’ils ont dû subir pendant des siècles. Par souci d’humanisme de la part des deux Italiens ? On en doute, tant l’époque est aussi celle des scandales juteux, du business prospère accompli en capitalisant sur la misère humaine que l’on baptisera “exploitation” dans le domaine du cinéma, terme d’autant plus approprié ici qu’il est question de traite humaine. Ancien journaliste, Jacopetti était passé maître dans l’exploitation de clichés putassiers dans les années 50 que d’aucuns qualifiaient de pornographiques en leurs temps, notamment autour des célébrités locales, pour vendre du papier.
Les Négriers n’est ni une vulgaire série B sans talent ni un navet improbable, c’est même en tant qu’objet cinématographique, une grande œuvre, mais elle se range nonobstant dans le cinéma dit d’exploitation comme le souligne l’un de ses trois titres français, Cargaison noire pour négrier, intitulation secondaire à l’occasion d’une reprise, totalement avilissante et odieuse, mais dont le caractère dégradant se justifie bien par le contenu même de ce que les auteurs ont placé au centre du métrage. Réduit à l’état de marchandise, l’homme noir est objectifié au détriment de son humanité, référence à une impressionnante séquence à bord d’un navire négrier, au début du métrage, où l’on montre des hommes entassés dans des cales bondées, sans droit ni lumière, dans une étroitesse d’espace propice aux maladies, comme le souligne les références insupportables à l’odeur, celle de la négation de l’hygiène et surtout celle de l’injure raciste de l’homme incapable de sentir sa puanteur, celle corporelle dont il est inconscient, et surtout d’esprit. Plus tard, la complaisance incitera les documentaristes à mettre en scène l’humiliation d’hommes se déféquant dessus dans ces conditions extrêmes. Était-ce bien utile ? La diarrhée peinturlurée n’est-elle pas cinématographique ?
Avec un titre alternatif aussi explicite, le spectateur sait très bien à quoi il s’expose, à une bizarrerie de connivence sur les injustices ethniques et raciales, où la main du saigneur blanc dispose de la vie de ses sujets noirs et de leur impossible liberté d’être, car l’on peut se demander, en interprétant les propos tenus si l’intention n’est pas de nier la pertinence de la liberté chez les Noirs. Ce discours particulièrement scandaleux se fait le reflet de celui tenu par les cinéastes dans leur précédent long métrage, Adieu Afrique. Ils y analysaient les conséquences de la décolonisation sur un continent estimé trop immature pour jouir de cette liberté qui devrait être intrinsèque à l’humain, mais pas aux Noirs, si on interprète bien le message conservateur et colonialiste de Jacopetti et Prosperi dans ce film (promis à une édition vidéo par l’éditeur français Potemkine en 2024-2025, ndlr). Les Noirs n’étaient-ils pas suffisamment intelligents pour pouvoir sortir de leur caverne et prendre leur destin en main ? On comprend pourquoi le mythe de Platon revu par Africa Addio a suscité un tollé à sa sortie, tant il s’agissait une fois de plus de dresser le portrait d’une sous-race vivant dans l’ignorance humaine.
Touche pas à la femme blanche
Que ce soit à l’échelle africaine, post-coloniale, dans Africa Addio, ou des Etats-Unis, post-esclavage et ségrégation, dans Les Négriers, l’homme noir libre, après avoir vécu des siècles d’outrages, animal imbu de liberté, va-t-il alors déverser sa haine et s’accomplir dans la vengeance meurtrière ? On revient toujours à cette obsession malsaine de la part de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, un fil conducteur qui retentit dans l’obsession du racisme anti-blanc des théoriciens du Grand Remplacement à notre époque contemporaine.
Cette interrogation intervient notamment lors de la dernière séquence des Négriers, satire ultra violente qui suit un militant afro-américain déséquilibré, dans son parcours assassin. Il massacre à la hache une dizaine de personnes dans le décor mythique de l’American’s Way of Life. Avec une ironie féroce, le documentaire s’approprie alors les codes sociologiques d’une époque qu’il hache menu via ce qui deviendra des éléments du slasher, en mettant en scène une série de meurtres tranchants, dont celui de deux vieillards endormis ou d’un enfant fracassé contre un mur (seul effet spécial raté d’un film où les maquillages brillent par leur réalisme). Cette séquence ahurissante est filmé avec l’ironie anticonsumériste, puisque les tueries se perpétuent au milieu de tous les éléments iconiques d’une décennie de consommation qui est abordée dans toutes ces contradictions. Le personnage du tueur illuminé, via ses propres interrogations mentales, dans une modernité appréciable, trouve son inspiration dans la personnalité historique bien réelle de Nat Turner, célèbre esclave rebelle qui s’érigea contre les blancs lors d’une révolte sanglante notoire. Turner massacrera plus d’une cinquantaine de personnes blanches, incluant de nombreuses femmes et enfants. A travers ce personnage haineux, manipulé par sa propre relation à la religion, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi semblent d’autant plus étoffer leur langage nauséabond qu’il semblerait que ce massacre soit surtout inspiré par l’amour du tueur pour une Blanche, plaçant celle-ci au sommet d’une hiérarchie féminine, avec au sommet l’intouchable figure immaculée de la Blonde, donc forcément blanche d’épiderme, qui inspire l’amour et la pureté, contrairement à la femme noire, reléguée au bas de l’échelle, dépeinte comme l’objet de désirs essentiellement bestiaux ou comme matrice à la reproduction à la chaîne. On retrouve d’ailleurs à travers le discours sur la femme celui de la propriété masculine qui choquera bien des spectatrices contemporaines. Car peu importe sa couleur, le genre féminin est surtout celui de la domination de l’homme qui marque sa propriété sur la moitié de l’humanité.
Les Négriers, affiche danoise © 1971 Euro International Films, SND (Groupe M6) . All Rights Reserved.
De la complicité d’un spectateur voyeur ?
Redécouvrir aujourd’hui la violence d’image d’Addio zio Tom (1971), sa sexualité obscène et son incroyable perversité, consistant à exposer à l’écran l’annihilation des droits humains, avec un voyeurisme qui donne le tournis, provoque le même malaise que jadis quand une grande partie de la critique éructait contre son racisme primaire. Il faut savoir qu’en découvrant Les Négriers, le spectateur ne peut se résoudre à se soustraire d’une sorte de culpabilité, celle du délit de voyeurisme complice . En quelque sorte, mais pourquoi regarde-t-on cela ?
Les auteurs du métrage, vraiment pas ignares, en ont la pleine conscience et invitent à une remise en question personnelle comme pour échapper à leurs propres responsabilités ; ils placent le spectateur face à ses propres contradictions et à ses instincts de classe, de genre, et évidemment de couleurs. De ce fait, exploitants, distributeurs et désormais éditeurs vidéo aussi, sont aussi mis à contribution face à cette réflexion sur la responsabilité collective de la société, celle du film, mais aussi autour de l’œuvre. Le matériau est nauséeux, humainement plus que contestable, mais pourquoi donc devrions-nous le regarder ? La question se pose, encore et toujours. Les amateurs du genre mondo, comme le spécialiste, Maxime Lachaud, coauteur d’un ouvrage sur le sous-genre, Reflets dans un œil mort – Mondo Movies et films de cannibales, doivent toujours s’y confronter, car la fascination que porte ce type de cinéma se vérifiera tout au long des décennies via des médias différents, culminant aujourd’hui via le format court des “shorts” sur YouTube, TikTok et Instagram : les plateformes poussent la consommation de vidéos humiliantes par des adolescents qui sont ni plus ni moins l’engeance débilitante des mondos d’antan.
Jacopetti et Prosperi, précurseurs capitalistes intelligents, tirent remarquablement les ficelles en justifiant leur œuvre par l’inclination du spectateur pour le sensationnel, la curiosité malsaine et l’aspiration à l’exotisme ethnocentrique. Les deux Italiens, tout en insérant dans leur narration la présence d’une équipe de cinéma italienne sur place (ils vont jusqu’à se filmer en tant que chasseurs blancs ciblant des proies noirs, avec une ironie déconcertante !), font valoir un point de vue européen dans un film qui opposent les Américains sudistes blancs et la population noire du temps de l’esclavage, mais aussi celle des mouvements anti-ségrégation. Ils étanchent les bas instincts des Européens à une époque où la vidéocassette, l’internet et ses voyages immobiles, mais aussi le tourisme de masses des Occidentaux, n’existaient pas, l’époque où la différence de couleur de peau était l’objet de fantasmes dans des régions du monde où l’étranger était d’abord celui du patelin voisin. Pour rappel, c’était aussi l’époque des foires où les freak-shows persistaient, pour une petite pièce, l’on pouvait, encore en Europe, observer la femme la plus grosse, ou des anomalies physiques, sur des corps morts ou vivants. Cela demeurera jusqu’aux années 80.
Dans un film où l’homme et la femme noirs sont étiquetés comme des marchandises, et ramenés au statut de bêtes humaines, au gré de dialogues odieux, les deux compères – qui ont écrit les textes – se défendent de toutes mauvaises intentions en prétendant vouloir dénoncer le racisme qui a ravagé cette population devenue afro-américaine dans l’humiliation, l’opprobre, la sueur et le sang. Mais l’on ne s’y trompe pas. La complaisance dans l’exposition des cruautés que subissaient les esclaves, est évidente. Elle est exposée par des images explicites, sordides, vulgaires et totalement déshumanisantes qui rendent les intentions plus putassières que moralisatrices.
Dans une mise en abîme de l’acte raciste, les auteurs dénoncent parfois explicitement l’absurdité de la pensée raciste, notamment lors du témoignage négationniste d’un scientifique persuadé de l’infériorité de race des Noirs. Ils lui répondent par l’étonnement lorsque l’homme se laisse aller à une remarque sur cette “sous-race” inférieure à celle des Blancs : “Mais professeur, n’êtes-vous pas juif ?”. Cette référence à la Deuxième Guerre mondiale qui, temporellement n’a probablement pas encore eu lieu, relève de l’ironie dramatique. Ce scientifique qui essaie de capter la puanteur de ces individus lors de ses expériences, quinze ans avant le roman de Patrick Süskind, Le Parfum, est fasciné par la bestialité servile d’individus éromaniaques qui se laissent asservir pour assouvir leur sexualité animale quand les Indiens auraient toujours refusé l’assujettissement. La séquence est hallucinante. Le contexte scientifique et le décor des laboratoires renvoient clairement à la nazisploitation. La hiérarchisation des races est inhérente à la philosophie nazie qui opèrera à l’échelle industrielle l’éradication des Juifs d’Allemagne et d’Europe. Jouer avec ces lieux communs des théories d’extrême droite est un danger avec lequel Les Négriers aime flirter. En 2024, un ancien chasseur de Nazi juif appellera à voter pour le Rassemblement national lors d’une campagne pour les élections législatives historique. Oui, le documentaire offre vraiment matière à réflexion.
Affiche italienne des Négriers (1971) – © 1971 Euro International Films, SND (Groupe M6) . All Rights Reserved.
A l’occasion d’un script et de dialogues écrits, on insiste dessus, de leur propre sagesse, les deux cinéastes dénigrent bel et bien le “sauvage” noir, l’exhibant au plus près de sa peau par une caméra sans foi ni loi qui prospecte l’épiderme érotique tout en creusant la saillie d’yeux exorbités dans des situations humiliantes. Ils étalent ainsi une rhétorique établissant ces mêmes Noirs en des êtres fainéants qui préfèrent s’auto-mutiler pour éviter de travailler, tout en risquant la gangrène. Les images insupportables de figurants handicapés qui viennent illustrer ces propos sont immondes. Attraction/Répulsion. Le film alterne les émotions puisque pendant tout le film, la bête fauve demeure un objet de fascination phallique, celle des fantasmes sexuels des maîtres et des maîtresses, dans tout le charabia putassier des films d’exploitation d’une décennie hors de contrôle qui abreuve les cinéma de quartier de “nazisploitation” , “nunsploitation”, de “woman in prison flicks”…
En abusant du prétexte historique, Les Négriers ironise sur tout, des bourreaux aux victimes, enchaînant les situations grotesques, mais toujours précises, méticuleusement reconstituées, avec un savoir-faire pictural qui relève de l’épopée grandiose, sur des sujets relevant de l’exploitation à l’état pur. Ainsi, une énième critique du comportement barbare de l’oppresseur blanc, démontre l’horreur de la démarche, lors d’une séquence radicale de légèreté au sein d’une ferme humaine où les femmes noires sont engrossées pour alimenter le marché d’esclaves de demain. La caméra n’a alors aucune pudeur, dévoilant des figurantes enceintes nues et même l’accouchement de l’une d’entre elles. Pauvres femmes, traitées de “jument” par les protagonistes que l’on qualifiera donc de “porc”. Dans ces séquences, la tentation pédophile n’est jamais loin, puisque la nudité de jeunes nubiles est affichée sans se soucier des conséquences. Peu importe l’âge des corps étalés quand on peut érotiser l’abject et satisfaire le regard complice de mâles qui n’avaient pas vraiment l’occasion de se rincer l’œil autrement que par le cinéma. Les auteurs perpétuent la métaphore de l’exploitation et de la traite humaine en insistant sur le fantasme de la femme objet. L’horreur de la métaphore filée est d’autant plus insupportable qu’elle est doublée de l’image de la bête humaine. Ces femmes niées dans leurs droits ne savent même plus qui sont les géniteurs de leurs enfants, puisqu’elles sont elles-mêmes mise à disposition d’hommes taureaux totalement hébétés (et édentés), ou elles accouchent des bâtards des fils de leurs maîtres, ou de l’engeance des hôtes de passage.
Au mieux, quand des femmes noires deviennent des femmes de pouvoir, elles revêtent les habits de tortionnaires, comme ces “mamas” de caractère et de poids, bien moins douces que Mammy, la domestique de Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent. Un “chapitre” des Négriers est consacré à ces femmes de poigne dépeinte non sans cruauté, avec, encore, l’affirmation fantasmagorique d’Européens en roue libre.
Dans le viol et l’abus de femmes, même les prêtres… s’y prêtent. C’est que Jacopetti et Prosperi ne semblent pas tenir la religion en odeur de sainteté.
Le mondo et les 7 péchés capitaux
Dans Les Négriers, la religion est donc régulièrement égratignée, comme lors d’une parodie de cérémonie religieuse reproduite par des esclaves noirs en transe, convertis à la croyance de leur maître. L’imagerie religieuse offre au film sa réflexion la plus riche quant au statut de cet odieux métrage, qui est qualifié de péché mignon. Les réalisateurs italiens de l’ère moderne sont amenés à s’introduire auprès de riches propriétaires blancs, en début de film, pour expliquer leur démarche. Les Blancs sont oisivement attablés autour d’un festin de classe, de décadence et d’opulence, quand des petits Noirs servent de repose-pieds sous la table, ou d’animaux de compagnie à qui l’on lance des morceaux de viande à même le sol. Les Américains se gaussent alors de la religion catholique des voyageurs du futur et se font l’honneur de ce qui restera la remarque la plus cinglante du film, à l’égard des Catholiques, des esclaves fascinés par leurs péchés. Ce commentaire avisé sur le croyant européen, asservi lui-même par le joug de sa religion, prend évidemment tout son sens. Elle renvoie au statut du spectateur en personne, puisqu’il s’avère être l’esclave oisif de son voyeurisme face à ces images. Elle touche à son Orgueil : ressent-il un sentiment de supériorité face à des gens de couleur à qui on a nié toute humanité ? Ressent-il même de la Haine : après tout, le spectateur n’est-il pas lui-même un raciste qui se recherche ? Honnêtement, l’interrogation demeure. On peut déchiffrer en sous-texte, dans cette référence aux péchés capitaux, l’allusion à une Gourmandise pour l’image, à l’Envie et à la Luxure que sont censés susciter des corps exhibés frontalement par des cinéastes qui rincent l’œil des Occidentaux tellement supérieurs, vautré dans une forme de Paresse inhérente au visionnage des films. Ce sentiment d’oisiveté est paradoxalement renforcé par les situations de labeur extrême auxquelles sont soumis les corps malmenés des esclaves, que l’on sait être des figurants utilisés sans aucune merci. Aussi, ici, au-delà même des propos que le film tient, c’est bel et bien l’exploitation d’une misère humaine pour faire du cinéma et donc du commerce, que l’on trouvera encore plus intolérable.
Affiche italienne des Négriers, reprise – © 1971 Euro International Films, SND (Groupe M6) . All Rights Reserved.
L’œuvre de dieu, la part du diable
Les Négriers n’est en rien une petite production sans le sous. C’est une adaptation libre du best-seller de Kyle Onstott, Mandingo, avec des ambitions narratives et formelles dignes des grandes productions de son époque. Le Autant en Emporte le vent du mondo, en quelque sorte. Prosperi et Jacopetti veulent transformer leur vision de l’histoire américaine en une grande reconstitution digne d’une épopée de fiction. Pour satisfaire la démesure et l’originalité de leur projet, il leur faut de l’argent.
Habile, le reportage juxtapose -ce qui est un verbe phare inhérent au montage du mondo qui aime apposer avec ironie des situations différentes- des scènes du passé et du présent. Les réalisateurs, de façon vraiment habile, effectuent régulièrement des allers-retours entre la modernité de l’Amérique des années 60 (les hippies, les manifestations en faveur des droits civiques, les émeutes violentes qui pouvaient accompagner ces exercices de démocratie), et l’Histoire, celle des scènes en costumes du XIXe siècle. Ces dernières sont tournées en intérieur, dans des décors impressionnants de détails et de grandeur, ou en extérieur, ce qui demande aux auteurs de déployer des paysages amples qui justifient le choix du Cinémascope, si séducteur pour la rétine. Dans tous les cas, il leur faut de nombreux figurants pour habiter des espaces qui coûteraient une fortune aux USA.
Dans le chocumentaire Adieu Afrique, politiquement incorrect, clivant et scabreux, les deux réalisateurs se faisaient les témoins de l’autodestruction de l’Afrique, au lendemain de la décolonisation. Ils étaient dans le viseur de De Gaulle, en France, et au cœur de procès retentissants (les auteurs avaient-ils commandités les exécutions auxquelles on assiste durant le film?). Mais le succès retentissant (4e plus gros succès annuel en Italie !) avait participé à la notoriété des deux cinéastes qui ont du mal à mettre en boîte Les Négriers. Mais où tourner cette première fiction ? Persona non grata dans de très nombreux pays du monde, notamment en Afrique ou au Brésil, les deux compères vont trouver la bienveillance inattendue d’un dictateur notoire pour mettre en œuvre leurs ambitions artistiques.
Cette production Euro International -société de production et de distribution prestigieuse qui accueillait sous son aile les talents de Leone, Damiani, Visconti, Monicelli, Zampa, Zeffirelli, Wertmuller…-, va pouvoir assouvir en toute impunité ses fantasmes cinématographiques grâce au sinistre président haïtien, François Duvalier.
En fin de règne, le dirigeant autoritaire, surnommé “Papa Doc”, qui mourra peu avant la fin du tournage, en avril 1971, accueille Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi comme des rois, leur donnant à jouir d’une salve de figurants, dans un pays ravagé par la famine et la misère. Cette concorde avec l’une des personnalités sanguinaires du XXe siècle leur permet à la fois d’élever leur film au-delà des possibilités qu’un tournage nord-américain leur aurait permis, mais aussi de le traîner dans les zones marécageuses de la conception artistique, des zones hallucinantes, choquantes et révoltantes.
En s’assoyant sur les droits humains, les deux acolytes ont pu disposer de décors de démesure pour ancrer leurs plans incroyables de majesté et de composition où la foison de figurants pare l’image des atouts des plus grandes superproductions américaines. Avec le talent effectif des deux hommes et de leur équipe technique, les images des Négriers n’ont rien à envier aux plus belles productions soviétiques du XXe siècle. La reconstitution est donc criante de vérité et de charme cinématographique, à la fois pour permettre au documentaire d’être le plus percutant possible, mais aussi pour séduire, de par son grain formel, les amateurs de grand cinéma auquel Jacopetti aspire être l’un des représentants sulfureux puisqu’il se fait le peintre de la déchéance humaine.
L’Artefact cinématographique : quand tourner un film relève du crime et de l’agression, et donc de l’exploitation humaine
Malheureusement, le conservateur Jacopetti, grand adepte de la chasse qu’il a filmée de façon inacceptable dans Adieu Afrique, ne semble pas enclin aux bons sentiments quand il s’agit d’exploiter la misère pour l’art et l’argent. Après avoir filmé les massacres, les exactions, les exécutions, et les cadavres gisants dans des mares de sang, dans Africa Addio, sa fiction ne va pas s’émouvoir de l’exploitation des corps bien vivants et de la sueur de ses figurants misérables que l’on devine esclaves du système d’un président autoproclamé à vie.
Contraints à incarner des êtres humains animés par la bestialité, les figurants sont parqués, très souvent nus, dans des décors que l’on devine éprouvants, où la moiteur transpire à l’écran. Ils sont contraints de mimer le comportement de l’animal rampant et vociférant, tels des porcs se ruant pour se bafrer dans des mangeoires, toujours dans leur plus simple appareil. L’infernale mise en abîme de la perpétuation de la traite humaine -de l’esclavage à l’exploitation de la misère contemporaine des Haïtiens, pour dénoncer cette page douloureuse de l’histoire-, n’a donc aucune limite. Les deux cinéastes tortionnaires transforment ainsi des bouts de choux en appâts enchaînés que l’on fait pleurer pour attirer les esclaves fugitifs. Le plan des enfants en larme incarne à lui seul la tyrannie des réalisateurs prêts à tout pour composer avec leurs propres névroses. On passera vite sur le résultat de ces traques qui transforment le bayou en marais rubicond du sang d’opprimés.
Les exactions sur les femmes, qui ne sont donc pas des actrices, mais bel et bien des figurantes exploitées dans leur chair- sont également pénibles à vivre. La scène du viol collectif que subit une pauvre femme noire, lors d’une descente de Blancs dans la fange, où les servantes dormaient, relève évidemment de l’abjection la plus totale, même si, pour se laver de toute mauvaise intention, les deux auteurs insistent bien sur la perversité des Blancs, pointés du doigt par la caméra qui accuse, mais au prix d’un voyeurisme dérangeant et surtout de la maltraitance de jeunes femmes qui n’étaient en rien des comédiennes et dont on imagine bien, avec le recul de notre époque, le syndrome post-traumatique qu’elles ont dû endurer.
Les Négriers, Promo 15e anniversaire Jacques Leitienne issue du Film Français, novembre 1973 – © 1971 Euro International Films, SND (Groupe M6) . All Rights Reserved.
Les Négriers : une sortie compliquée
Les Négriers sort en salle en France en novembre 1973, deux ans après une première italienne compliquée, en septembre 1971. Le public, les censeurs et les critiques ne comprennent pas vraiment son discours opaque et le choc provoque de vives réactions, des coupes et des montages différents en fonction des susceptibilités. En France, la version salle d’1h40 ne laisse que peu de compréhension par rapport à la version originale de 2h16. Elle est expurgée de tous les éléments contemporains nécessaires pour comprendre les intentions des auteurs qui souhaitaient vraisemblablement exploiter la déferlante culturelle inspirée des combats en faveur des droits civiques, en particulier de la blaxploitation qui se développaient au cinéma aux USA. La version courte et censurée offre un spectacle différent, mais néanmoins travaillé. Exit l’incipit aérien, dans un hélicoptère qui entre dans le cadre et filme sa propre ombre, dans un effort métacinématographique, pour survoler des champs de coton où le peuple afro-américain perpétue l’effort dans des machines modernes. Désormais l’hélicoptère survole ces champs pour aller à la rencontre des esclaves, lors d’un judicieux anachronisme. Les réalisateurs venus du passé vont-ils affranchir ces hommes du joug ? En tout cas, les travailleurs se précipitent vers le regard subjectif des libérateurs quand les ailes de l’hélicoptère semblent faire voler en éclat leur condition, puisque le coton récolté s’envole à leur arrivée. La scène est belle, signifiante, loin d’être anodine. Le reste du métrage le sera tout autant. A chaque fois la musique du compositeur de Cannibal Holocaust s’adaptera aux images et montage pour proposer une déclinaison festive d’une mélodie tantôt orchestrale ou disco, voire rock. Le contraste que la bande originale d’Ortolani confère aux images, enrichit considérablement le visionnage. Les propos, plutôt fouillés et riches en réflexion sur la condition tragique de l’individu noir, suggèrent des interprétations diverses au gré des époques où l’on (re)découvre le film. Le faux documentaire offre pléthore de tableaux qui démontre de la brutalité et de l’abjection d’un système de pensée d’un capitalisme poussé à l’extrême, d’un libéralisme décomplexé pour qui les droits de l’Homme s’arrêtaient là où l’esclavage démarrait. Mais parallèlement, sa mise en scène du réel dans un cadre contemporain, avec ses références à des personnages historiques qui viennent à parler à la première personne, rend insaisissable le poids de l’image. La narration mi-fiction mi-historique nourrit les fantasmes des auteurs conscients de la manipulation par la sélection. Conjuguée aux éléments d’exploitation destinés à vendre, la relecture historique est passionnante, fascinante, mais scandaleuse. Elle est donc authentiquement transgressive. Elle est annonciatrice des dérives informatives de notre époque, tout en étant annonciatrice d’un blockbuster notoire sur le thème de l’esclavage, américain cette fois-ci, même si produite par le nabab italien Dino de Laurentiis. En 1974, Mandingo de Richard Fleischer, et son affiche parodiant le visuel mythique d’Autant en emporte le vent, est une adaptation plus fidèle, plus canonique du même ouvrage de Kyle Onstott. L’épopée sudiste avec Perry King et James Mason provoquera le scandale, sans pour autant égaler le degré d’inconfort que Les Négriers agite encore plus de cinquante ans après.
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Box-office France :
Sorti à Paris le 1er novembre 1973, Les Négriers est distribué par Les Films Jacques Leitienne. La société française célèbre alors son 15e anniversaire avec des films comme Mon nom est personne de Tonino Valerii, L’ombre d’une chance de Jean-Pierre Mocky, Les Vacanciers de Michel Gérard, Les religieuses du Saint Archange de Paolo Dominici, Par ici la monnaie de Richard Balducci, Club Privé pour couples avertis de Max Pécas, L’adolescente Pervertie de José Benezaraf, Goyokin… la terreur des Sabaï d’Hideo Gosha, La vengeance du léopard, Le Chinois au bras de fer, Quatre doigts de fureur, La reine du karaté… Bref, le distributeur est armé pour sortir cette œuvre d’exploitation, forte de son bon ancrage en province où ses films voyagent de petites villes en petites villes.
A Paris, en première semaine, Les Négriers trouve 36 000 entrées en première semaine, avec 6 cinémas en intra-muros : le Bilboquet, le Triomphe, le Moulin Rouge, le Grand Pavois, le Lux Bastille et le Max-Linder. Au cinéma du Moulin Rouge, le succès est réel, avec 9 530 curieux, soit l’un des 15 meilleurs taux de remplissage de la semaine. Ce beau score lui vaut une entrée parisienne à la 10e place, soit la 4e meilleure entrée derrière Lucky Luciano (3e, 70 573), Le Train (4e, 68 736) et La Dernière bourrée à Paris (7e, 51 775).
En 2e semaine, Les Négriers chute à 23 705 spectateurs, en 11e place. Le docu-fiction dame le pion à Turkish Délices de Paul Verhoeven qui entrait en 12e place, avec 22 316 spectateurs.
En 3e semaine, Les Négriers est droit dans ses bottes, avec 19 859 retardataires (12e position). Une stabilité notamment due à un manque de nouveautés : Rabbi Jacob est toujours premier en 5e semaine, Delon et Gabin dans Deux hommes dans la ville est toujours deuxième en 4e semaine.
Les copies des Négriers voyagent ensuite dans le reste de la France : 5 172 entrées à Marseille la semaine du 28 novembre dans 2 cinémas et une belle seconde place (il restera 5 semaines d’affilée), 2 849 entrées à Toulon au cinéma Le Paris…
A Paris, en 1973, le film sulfureux de Jacopetti et Prosperi a perturbé 94 895 spectateurs en 9 semaines. Il terminera sa carrière à 182 084 spectateurs au gré des exploitations. En France, le film dépasse les 552 205 spectateurs. Un succès et une 70e place sur plus de 550 œuvres exploitées en France cette année-là.
Trop sulfureux pour les générations à suivre, Addio Zio Tom ne trouvera que peu d’éditions vidéo en France, où René Chateau semblerait l’avoir exploité dans les années 90. Si l’éditeur DVD Neo Publishing proposera un coffret de Mondo Cane des mêmes Prosperi et Jacopetti, Cargaison noire pour négrier devra attendre les faveurs du Chat qui Fume pour une édition annoncée sur les réseaux sociaux, en 2024 ou 2025. A confirmer.
En Italie où le nom de Prosperi a largement été effacé de la mémoire collective, les Italiens ont dû surtout se précipiter sur l’import américain de Blue Underground pour découvrir la version intégrale des Négriers, dans le cadre du coffret The Mondo Cane Collection, en 2003. Et évidemment, le coffret 4K, blu-ray toutes zones et édition ultime, qui ouvrait notre chronique que les amateurs sauront trouver pour profiter notamment des deux versions du films (cut & uncut) et de deux documentaires d’1h30 chacun : The Importance of Shocking: Gualtiero Jacopetti (2010) et The Godfathers of Mondo (2003).
Les sorties de la semaine du 1 novembre 1973
1973, BlackLivesMatter, Docufiction, Documentaire, Documenteur, L’esclavage au cinéma, Violence faite aux femmes, La violence gratuite au cinéma, Le viol au cinéma, Les Afro-américains au cinéma, Les documentaires sur l’Amérique, Les plus grands scandales du cinéma, Mondo, Sorties du 1 novembre 1973, Trash
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