Les chambres rouges : la critique du film (2024)

Thriller | 1h58min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Les chambres rouges, l'affiche

  • Réalisateur : Pascal Plante
  • Acteurs : Juliette Gariépy, Laurie Babin
  • Date de sortie: 17 Jan 2024
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Canadien (Québécois)
  • Titre original : Les chambres rouges
  • Titres alternatifs : Red Rooms (titre international) / Czerwone pokoje (Pologne) / Las habitaciones rojas (Mexique) / Vörös szobák (Hongrie) / Red Rooms: Zeugin des Bösen (Allemagne)
  • Autres acteurs : Elisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos, Natalie Tannous, Pierre Chagnon, Guy Thauvette
  • Scénariste : Pascal Plante
  • Monteur : Jonah Malak
  • Directeur de la photographie : Vincent Biron
  • Compositeur : Dominique Plante
  • Cheffe maquilleuse : Marie Salvado
  • Cheffe décoratrice : Laura Nhem
  • Directrice artistique : Fanny Gauthier
  • Productrice : Dominique Dussault
  • Producteur exécutif : Tim Ringuette
  • Sociétés de production : Nemesis Films
  • Distributeur : ESC Films
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : ESC Editions (DVD, blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 29 mai 2024
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 30 219 entrées / 13 826 entrées
  • Box-office nord-américain : 83 081 $
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdit aux - 12 ans
  • Formats : 1.50 :1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : FanTasia 2023 : en compétition / L'Etrange Festival Clermont-Ferrand 2023 : en compétition / Festival de Sitges 2023
  • Nominations : Prix Iris 2023 : meilleur film pour Pascal Plante ; meilleure réalisation pour Pascal Plante ; meilleur scénario pour Pascal Plante ; meilleure distribution des rôles pour Marilou Richer ; meilleure direction artistique pour Laura Nhem ; meilleure direction de la photographie pour Vincent Biron ; meilleur son pour Olivier Calvert, Stéphane Bergeron et Martyne Morin ; meilleur montage pour Jonah Malak ; meilleure musique originale pour Dominique Plante ; meilleur maquillage pour Marie Salvado ; meilleure coiffure pour Nermin Grbic
  • Récompenses : FanTasia 2023 : meilleur film pour Pascal Plante ; meilleur scénario pour Pascal Plante ; meilleure performance féminine pour Juliette Gariépy ; meilleure bande originale pour Dominique Plante / Prix Iris 2023 : meilleure actrice de soutien pour Laurie Babin ; révélation de l'année pour Juliette Gariépy
  • Illustrateur/Création graphique : © Silenzio (création affiche) ; Danny Taillon (photographie). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Nemesis Films Productions. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse :
  • Tagline : Chaque tueur en série a ses adoratrices.
Note des spectateurs :

Thriller choc entre Michael Haneke et Alejandro Amenabar, Les chambres rouges sait créer un malaise durable sur un thème relativement peu traité au cinéma, à savoir la fascination morbide pour les criminels. Réalisé avec talent, le film révèle l’actrice Juliette Gariépy.

Synopsis : Deux jeunes femmes se réveillent chaque matin aux portes du palais de justice de Montréal pour pouvoir assister au procès hypermédiatisé d’un tueur en série qui les obsède, et qui a filmé la mise à mort de ses victimes. Cette obsession maladive les conduira à tenter par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle, qui pourrait permettre de définitivement confondre celui que l’on surnomme le Démon de Rosemont : la vidéo manquante de l’un de ses meurtres.

L’attrait malsain pour le Mal

Critique : Venu de l’école documentaire, le cinéaste québécois Pascal Plante est passé récemment à la fiction avec Les faux tatouages (2017), puis Nadia, Butterfly (2021). Toutefois, il opère un véritable virage à 180 degrés avec Les chambres rouges (2023), thriller choc qui a électrisé les festivals de Sitges, ainsi que l’Etrange Festival Clermont-Ferrand où il avait effectivement toute sa place. Le cinéaste également scénariste est parti du constat suivant : il existe pléthore de films sur les serial killers, preuve de notre fascination pour ces monstres, mais personne ne s’est pleinement intéressé à ces femmes qui prennent fait et cause pour ces individus, au point de leur écrire des lettres enflammées par centaines.

Les chambres rouges, photo d'exploitation 1

© 2023 Nemesis Films Productions. Tous droits réservés.

Ainsi, il suffit d’évoquer le cas de Charles Manson pour planter le décor de cette tendance également appelée hybristophilie, à savoir l’attirance sexuelle envers des criminels. Rappelons que le boucher a reçu un nombre considérable de demandes en mariage durant son incarcération. Pascal Plante cherche donc ici à analyser cette fascination morbide que les êtres humains éprouvent envers des actes ignobles.

Les chambres rouges, un film froid comme la mort

Pour cela, il a inventé de toute pièce cette histoire se déroulant durant le procès à sensation d’un tueur d’adolescentes qui filme ses exactions pour vendre les vidéos sur le dark web. Si le thriller débute comme un traditionnel film de procès avec un exposé lent et rigoureux des faits, le cinéaste ne s’intéresse pas tant au monstre tapi dans sa geôle de verre qu’aux réactions des jeunes femmes présentes dans le public. Après un premier long plan-séquence où la caméra évolue dans la salle d’audience de manière rigoureuse et froide, le cinéaste sort du procès pour suivre le destin de deux jeunes femmes.

L’une est convaincue de l’innocence du serial killer et peut donc s’apparenter à une groupie dont la psyché semble assez désordonnée (très juste Laurie Babin). Face à elle, Kelly-Anne (jouée avec beaucoup de retenue par Juliette Gariépy, une révélation) apparaît plutôt comme un monstre de froideur. Cette mannequin mène une vie solitaire réglée comme un chronomètre et entièrement dictée par une logique quasiment robotique. Pourtant, cette fan de technologies modernes va peu à peu révéler une face plus sombre de sa personnalité.

La monstruosité se niche dans la suggestion et la bande sonore

Progressivement, le serial killer s’efface du film pour laisser pleinement la place à l’étude d’une psyché totalement broyée par la société actuelle. Désireuse de poursuivre les investigations par elle-même, Kelly-Anne démontre une fascination morbide pour les actes abominables commis par le tueur, au point de s’identifier aux victimes. Grâce à une réalisation très conceptuelle qui débute de manière clinique pour ensuite basculer vers la folie, Les chambres rouges glace petit à petit les sangs par l’inquiétante étrangeté se dégageant de son héroïne. La réalisation qui prenait jusque-là exemple sur les films chocs de Michael Haneke se mue petit à petit en une œuvre plus rentre-dedans évoquant notamment le Tesis d’Alejandro Amenabar.

Les chambres rouges, photo d'exploitation 2

© 2023 Nemesis Films Productions. Tous droits réservés.

Comme ces deux références, Pascal Plante a bien compris qu’il ne sert à rien de montrer des séquences atroces pour susciter le malaise. Ici, il filme avant tout les réactions des personnages face à des vidéos diffusées hors champ. La bande sonore, chargée de cris et d’une musique de plus en plus agressive en cours de projection – très beau travail de Dominique Plante – se charge de tétaniser le spectateur dont l’imagination vagabonde bien plus si les actes demeurent dans l’ombre.

Une œuvre étouffante qui ne peut laisser indifférent

Toutefois, là où Les chambres rouges marque des points, c’est dans l’inconfort d’une œuvre où l’héroïne n’est aucunement un modèle. Pire, elle peut être vue comme une complice indirecte du criminel. C’est parce qu’il existe des gens prêts à payer pour visionner des vidéos de meurtres que l’acte est perpétré. Rigoureux et implacable, Les chambres rouges mérite donc amplement son excellente réputation depuis sa présentation dans plusieurs festivals. Pour autant, ceux qui détestent les œuvres glaçantes à la Michael Haneke – en gros des films aussi agréables qu’une séance chez le dentiste – seront prévenus d’avance. Les chambres rouges impose une ambiance lente, lourde, voire carrément étouffante durant presque deux heures sans jamais relâcher la pression.

Proposé en salles à partir du 17 janvier 2024 par ESC Films, Les chambres rouges ont eu le droit à 71 copies sur toute la France. Il s’agit donc d’une exposition relativement mineure qui a été validée par 14 171 curieux lors de sa première semaine d’exploitation. La septaine suivante, le métrage perdait un peu moins de 50 % de son public avec 8 229 retardataires. Sur les six semaines de son exploitation, la chute fut régulière (toujours autour de 50 %) et le thriller glaçant a terminé sa course en doublant tout juste son score initial avec 30 219 entrées.

Désormais, le long métrage québécois est disponible à la vente en DVD, blu-ray et en VOD. Il mérite franchement le détour pour ceux qui aiment les films choc sachant créer un malaise palpable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 17 janvier 2024

Voir le film en VOD

Les chambres rouges, l'affiche

© 2023 Nemesis Films Productions / Affiche : Silenzio (création) ; Danny Taillon (photographe). Tous droits réservés.

Biographies +

Pascal Plante, Juliette Gariépy, Laurie Babin

Mots clés

Cinéma québécois, Films de procès, La torture au cinéma, La violence faite aux femmes, Films glauques

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Les chambres rouges, l'affiche

Bande-annonce de Les chambres rouges

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