Le voyage fantastique de Sinbad : la critique du film (1975)

Aventures, Fantastique | 1h45min
Note de la rédaction :
7/10
7
Le voyage fantastique de Sinbad, l'affiche

  • Réalisateur : Gordon Hessler
  • Acteurs : Caroline Munro, John Phillip Law, Tom Baker, Douglas Wilmer, Grégoire Aslan, Martin Shaw
  • Date de sortie: 25 Juin 1975
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Titre original : The Golden Voyage of Sinbad
  • Année de production : 1973
  • Scénario : Brian Clemens et Ray Harryhausen
  • Effets spéciaux : Ray Harryhausen
  • Musique : Miklós Rózsa
  • Distributeur : Warner – Columbia
  • Editeur vidéo (VHS, Blu-ray) : Gaumont/Columbia/RCA (VHS), Sidonis Calysta (blu-ray)
  • Sortie vidéo (blu-ray) : 3 août 2019
  • Budget : 982 351 $
  • Box-office France / Paris-périphérie : 527 437 entrées / 78 273 entrées
  • Crédits affiche : © 1972 Columbia Pictures Corporation. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Avec son atmosphère mystérieuse et sombre, Le voyage fantastique de Sinbad est une suite tardive, mais valeureuse du film des années 50. Les effets spéciaux de Ray Harryhausen y sont magnifiques.

Synopsis : Afin d’aider le grand Vizir de Marabia, Sinbad le marin et son équipage se mettent en route dans l’espoir d’atteindre la mystérieuse île de Lémuria. Malheureusement, l’aventurier des mers n’est pas seul dans cette quête et le vil sorcier Koura fait tout pour se mettre en travers de son chemin…

Ray Harryhausen, véritable star d’une suite tardive

Critique : Après plusieurs échecs commerciaux au début des années 70, le producteur Charles H. Schneer prie Ray Harryhausen, célèbre concepteur d’effets spéciaux image par image, de revenir au personnage de Sinbad qui a rencontré un énorme succès quinze ans auparavant avec Le septième voyage de Sinbad (Juran, 1958). Certes, la suite est très tardive, mais cela n’est pas si gênant puisque le casting est entièrement renouvelé et que le personnage permet d’inventer de nouvelles péripéties indépendantes à chaque film.

Le voyage fantastique de Sinbad, la jaquette du blu-ray

© 1973 Columbia Pictures Corporation / © 2019 Sidonis Calysta. Tous droits réservés.

Cette fois-ci, Ray Harryhausen collabore directement au script afin de pouvoir mieux insérer ses créations au cœur de l’intrigue. Celle-ci est imaginée par Brian Clemens, vieux routier de la série télévisée, surtout connu pour la fantaisie qu’il a insufflée à Chapeau melon et bottes de cuir au milieu des années 60. On lui doit les épisodes les plus délirants de cette série culte et par la suite un étrange Capitaine Kronos, tueur de vampires (Clemens, 1974) qu’il a lui-même réalisé pour la Hammer.

Une ambiance mystérieuse à la tonalité sombre

Ici, les deux auteurs se sont fait plaisir en orientant le spectacle familial vers quelque chose de bien plus sombre. Ainsi, les agissements du magicien incarné avec charisme par Tom Baker plongent les héros dans des aventures épiques qui se déroulent souvent dans des souterrains, des cavernes et des repaires mal famés qui ressemblent beaucoup à ceux entrevus dans Indiana Jones et le temple maudit (Spielberg, 1984). Alors que la première partie maritime se déroule en plein air, mais avec un passage horrifique où la figure de proue du navire s’anime pour devenir un ennemi acharné de l’équipage, la seconde se situe sur une île mystérieuse, à l’intérieur de cavités rocheuses peu accueillantes.

Lorsque les personnages sont faits prisonniers par des sauvages – un peu ridicules, il faut bien l’avouer – le film glisse progressivement vers une ambiance qui risque bien d’effrayer les plus jeunes enfants. Non seulement le cadre n’est plus celui du merveilleux, mais les monstres (notamment un Centaure, un griffon et une incarnation de Kali) peuvent légitimement impressionner un jeune public. L’adulte amateur de film d’aventures, lui, goûtera particulièrement cette tendance à livrer un spectacle plus sombre et inquiétant.

Des éclairages à la Mario Bava charment les amateurs d’images chatoyantes

Esthétiquement réussi, le long-métrage de Gordon Hessler profite des magnifiques paysages naturels des Baléares et de l’Espagne, mais aussi de la photographie très colorée de Ted Moore qui semble parfois s’inspirer des efforts de Mario Bava, notamment dans l’éclairage bariolé des souterrains et autres grottes. Enfin, la musique symphonique composée par Miklós Rózsa enrobe le tout de thèmes intéressants et stimulants.

Bien évidemment, Le voyage fantastique de Sinbad n’est pas exempt de défauts comme le recours à un personnage comique faisant office de sidekick un peu irritant. On peut également souligner la pauvreté générale de l’interprétation, à l’exception de Tom Baker. Si John Phillip Law écarquille bien les yeux, il ne possède pas une présence exceptionnelle à l’écran. Que dire également du rôle de potiche laissé à la pauvre Caroline Munro qui se contente souvent d’être belle et de bomber un torse particulièrement généreux. Les comédiens sont souvent le parent pauvre de ce type de spectacle, entièrement consacré aux effets spéciaux.

Des effets spéciaux au charme fou

Dans ce domaine, les créations de Ray Harryhausen sont toujours aussi formidables et s’intègrent plutôt bien aux acteurs en prise de vue réelle. Même si l’ensemble a nécessairement vieilli, ces créations possèdent un charme artisanal qui nous comble d’aise, d’autant que le concepteur des effets rend ici hommage à plusieurs reprises au Voleur de Bagdad, grand classique de Michael Powell sorti en 1940.

Sorti en France au mois de juin 1975, Le voyage fantastique de Sinbad n’a pas vraiment enthousiasmé les Parisiens, mais a su attirer quelques gamins curieux en province. Pas de quoi en faire un triomphe pour autant, tant ce type de spectacle apparaît déjà comme terriblement démodé à l’époque. La bonne tenue commerciale du film dans le monde a toutefois permis la mise en chantier d’un troisième volet quelques années plus tard.

Les recettes des sorties du 25 juin 1975

Copyrights Le Film Français – Extrait du numéro 1588, du 11 juillet 1975

Le saviez-vous ?

Le voyage fantastique de Sinbad a dû affronter de nombreux adversaires dans son périple. Le jour de sa sortie, le 25 juin 1975 sortaient en France Chinh Siang la panthère jaune, au titre explicitement raciste, le classique du porno Exhibition au succès phénoménal, Les liaisons perverses, l’animé Titi Superstar chez Warner Columbia, et le choquant La tendresse des loups, dans lequel sévissait un tueur psychopathe cannibale amateurs de jeunes adolescents homosexuels.

Sinbad a pu trouver sa place dans des cinémas parisiens comme le Cinoche Saint-Germain, le Montparnasse 83, le Hollywood Boulevard, le Clichy Pathé, La Fauvette, le Gaumont Convention ou le Gaumont Gambetta. Sorti au début de l’été quand l’exploitation parisienne s’endormait, le film est parvenu à réaliser 24 329 entrées en première semaine, et s’est bien maintenu en deuxième semaine, avec 23 100 spectateurs. Une belle stabilité… Ci-joint, en bonus, un extrait du Film Français du 11 juillet 1975, avec les recettes en francs des films exploités lors de la première semaine de la série B d’aventures américaine. Elle entrait alors en 12e position.

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Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 juin 1975

Le voyage fantastique de Sinbad, l'affiche

© 1972 Columbia Pictures Corporation. Tous droits réservés.

Sinbad au cinéma

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Le voyage fantastique de Sinbad, l'affiche

Bande-annonce du Voyage fantastique de Sinbad (VO)

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