Le successeur : la critique du film + le test DVD (2024)

Drame, Thriller | 1h52min
Note de la rédaction :
8/10
8
Le successeur de Xavier Legrand, affiche du film

  • Réalisateur : Xavier Legrand
  • Acteurs : Anne-Elisabeth Bossé, Florence Janas, Yves Jacques, Marc-André Grondin
  • Date de sortie: 21 Fév 2024
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Français, Canadien, Belge
  • Titre original : Le successeur
  • Titres alternatifs : The Successor (Canada, USA, Royaume-Uni), El successor (Espagne), O Sucessor (Portugal), Az örökös (Hongrie), Спадкоємець (Ukraine)
  • Scénaristes : Xavier Legrand, Dominique Parenteau-Lebeuf
  • Monteurs : Yorgos Lamprinos, Julie Wuillai
  • Directeur de la photographie : Nathalie Durand
  • Compositeur : Sebastian
  • Cheffe Maquilleuse : Isabelle Vernus
  • Chefs décorateurs : Sylvain Lemaitre, Jérémie Sfez
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : Alexandre Gavras, Sylvain Corbeil
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : KG Productions, Metafilms, Stenola Productions
  • Distributeur : Haut et Court
  • Editeur vidéo : Blaq Out Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 16 juillet 2024 (DVD)
  • Budget : 5 800 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 48 458 entrées / 26 303 entrées
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 :1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Sélection officielle Festival de San Sebastián 2023, Les Arcs European Film Festival 2023
  • Nominations :
  • Récompenses : Les Arcs Film Festival 2023 : Prix du Public et Prix de la Meilleure Photographie pour Nathalie Durand
  • Illustrateur/Création graphique : © Brutes X Troïka Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © KG Productions, Metafilms, Stenola Productions Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Tony Arnoux; André-Paul Ricci, Pablo Garcia-Fons
Note des spectateurs :

Implacable thriller d’une terrible noirceur, Le successeur s’impose comme une nouvelle réussite de la part de Xavier Legrand qui confirme ici les espoirs placés en lui avec Jusqu’à la garde. Vertigineux.

Synopsis : Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père.

Le successeur de Jusqu’à la garde

Critique : Lorsqu’il découvre le roman d’Alexandre Postel intitulé L’Ascendant (2015), l’acteur-réalisateur Xavier Legrand y trouve de nombreuses résonnances avec son propre univers artistique, marqué par une dénonciation des dérives du patriarcat et de l’impact que cela produit sur les femmes, mais aussi les hommes eux-mêmes. Ayant conscience de l’aspect inadaptable du roman d’origine, Xavier Legrand en achète les droits, tout en effectuant de très nombreuses modifications dans la trame générale du roman dont il ne reprend finalement que le pitch de départ.

Dès la scène initiale, le cinéaste nous invite à plonger dans un thriller mental. Effectivement, la séquence du défilé de mode est en elle-même programmatique avec son dispositif en spirale qui oblige les mannequins et le public à s’entremêler. Sur une musique électro puissante de Sebastian qui évoque la grande époque de la Synth Wave, la séquence mêle à la fois l’étrangeté d’un défilé glacial et un motif musical qui évoque aussi les compositions de Bernard Herrmann pour Alfred Hitchcock. Ainsi, le spectateur est prévenu d’avance : le cinéaste nous invite au cœur de circonvolutions mentales tortueuses.

Le successeur en vidéo en France

Du drame intimiste au thriller déstabilisant

A partir de là, le métrage déploie durant une bonne demi-heure une intrigue plus proprement intimiste, avec le dècès soudain d’un père que le grand styliste n’a pas vu depuis une vingtaine d’années. De leur rupture, rien ne sera explicité, mais la simple distance physique (l’un habite Paris et l’autre est resté au Québec) suffit à suggérer un malaise profond entre ce père et ce fils. Est-il question ici de violence physique comme dans le premier film de Xavier Legrand, le tétanisant Jusqu’à la garde ? Possible.

Toutefois, lors d’une banale scène d’exploration de la maison du défunt, son fils va faire une découverte étonnante et terrifiante à la fois. Même si on ne voit rien de ce qui se passe, l’habile utilisation du son et du hors champ permet au spectateur de comprendre l’indicible et de frissonner de surprise. Nous ne gâcherons pas ce moment intense, bien entendu. Dès cet événement imprévisible, Le successeur bascule inexorablement dans le thriller. Toutefois, une fois le choc passé, deux possibilités s’offrent au spectateur : soit ne pas adhérer au propos du cinéaste et trouver les décisions du personnage principal absurdes, soit se laisser embarquer dans une spirale de folie, de mort et d’autodestruction.

Tel père, tel fils ?

En réalité, les décisions apparemment contrintuitives du protagoniste (excellent Marc-André Grondin) ne peuvent se comprendre que d’un point de vue métaphorique. Le titre du film nous met effectivement sur la voie du propos du long-métrage. Il s’agit ici d’étudier de manière clinique les effets d’un atavisme patriarcal se transmettant de père en fils, même par-delà les frontières. On pourrait résumer cela en une phrase très simple : Tel père, tel fils.

Pourtant, le véritable atout de Xavier Legrand est de ne jamais brandir d’étendard et de ne jamais oublier de faire du cinéma. Ainsi, Le successeur se révèle bouleversant parce qu’il ne généralise pas son propos et qu’il délivre une véritable tragédie familiale qui met mal à l’aise, avant de se terminer d’une manière particulièrement cruelle envers les différents protagonistes. Une fois que l’on accepte les premières décisions du fils, l’intrigue se déploie de manière diabolique et emprisonne dans ses rets les protagonistes et le spectateur. Certains pourront détester être ainsi malmené par un réalisateur qui ne nous veut pas du bien, tandis que d’autres y verront surtout une implacable maîtrise de la part d’un cinéaste en pleine forme.

Une excellente réalisation au service d’une intrigue implacable

Porté par une excellente réalisation qui aime laisser la violence s’exprimer hors-champ, tout en s’affranchissant du temps à travers un habile montage (parfois au cœur même d’un faux plan-séquence magistral), Le successeur est une œuvre puissante, gorgée d’émotions paroxystiques et d’une tension qui ne se relâche que lors d’un final nihiliste, mais qui met un terme définitif à cette malédiction familiale.

Il faut encore signaler l’excellente prestation de Marc André Grondin et d’Yves Jacques, tous deux formidables dans des moments particulièrement difficiles à interpréter. Pour tous ceux qui apprécient d’être bousculés au cinéma, Le successeur est assurément un thriller pour vous.

Critique de Virgile Dumez

Le successeur, photo d'exploitation

© 2023 KG Productions – Metafilms – Stenola Productions. Tous droits réservés.

Box-office :

Avec Le successeur, Xavier Legrand est passé de tout à rien… En raison d’une affiche tortueuse, d’un titre peu excitant et d’un manque de célébrités au casting, pour le public français, son deuxième a floppé de façon vertigineuse, six ans après le succès du vénéré Jusqu’à la garde (401 447 entrées) qui avait décroché le César du Meilleur film, en 2019 (un exploit pour un premier long métrage).

La première semaine du Successeur est impitoyable, puisque seulement 33 121 spectateurs l’ont vu l’une des 133 salles le diffusant. A Paris, 17 salles le proposent lors de son investiture, mais seuls deux écrans parviennent à dépasser alors les 1 000 spectateurs (l’UGC les Halles, évidemment, et le Louxor).

Deux semaines plus tard, le drame oppressant en sera réduit à… 4 103 héritiers dans 107 cinémas. Deux semaines après, le thriller sinueux rampe sous la barre des 1 000 spectateurs par écran…

Un tel effondrement semble vouloir affirmer le désarroi des spectateurs face à un scénario tortueux dont la noirceur a entravé toute possibilité de bouche-à-oreille.

A l’issu de 7 petites semaines d’exploitation, Le successeur disparaît sans parvenir à dépasser les 50 000 locataires. Même pour un budget moyen moins de 5 800 000 euros, c’est dramatique. Il sera sanctionné par une sortie en DVD, sans passer par la case Blu-ray.

Analyse du box-office : Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 21 février 2024

Le successeur de Xavier Legrand, affiche du film

Création affiche : Brutes X Troïka

Biographies +

Xavier Legrand, Anne-Elisabeth Bossé, Florence Janas, Yves Jacques, Marc-André Grondin

Le test DVD

Cinq mois après sa sortie difficile en salle, Le successeur vient poser son existence dans les rayons de galettes physiques, avec un DVD simple (+ slipcover) qui démontre que malgré les enjeux cinématographiques du film, la haute définition (pas de sortie blu-ray) est souvent liée en France à la réception commerciale d’une oeuvre. Le Successeur a été un triste échec en raison de sa noirceur et d’un rebondissement nauséabond qui n’en fait pas le thriller le plus agréable à regarder. Il n’en demeure pas moins un excellent long métrage que les amateurs de thrillers opaques, troubles et noirs sauront apprécier.

Compléments & packaging : 3

Le packaging n’est pas des plus agréables, tant la reproduction exacte de l’affiche sur la jaquette et le slipcover laisse indifférente. Il n’y a pas eu de travail de personnalisation sur l’édition physique. Le drame psychologique de Xavier Legrand aurait mérité un visuel nouveau pour essayer de relancer l’intérêt autour de son énigme humaine.

Au niveau des suppléments, on appréciera la présence d’un making-of de 48 minutes, seul bonus d’une édition qui aurait pu joindre les pingres en raison du bide que le film a essuyé en salle. Cet excellent document, parfaitement monté, permet au cinéaste d’expliquer les différentes étapes du projet, de sa production, au tournage, l’implication des acteurs… C’est très intéressant, mais évidemment à découvrir après avoir vu le métrage, puisque le rebondissement est largement exposé. Les intentions de l’auteur dans son adaptation littéraire, ses choix artistiques (le monde de la mode, la création de l’impressionnante séquence inaugurale lors d’un catwalk…) sont expliqués avec conviction par un cinéaste qui n’a rien laissé au hasard. Legrand est un auteur méticuleux qui aime travailler ses montages  : l’ingéniosité du plan de transition entre deux scènes de taxi, à l’entrée des aéroports (France-Québec), est ici démontré image à l’appui…

Ce making-of établit tout un travail de cinéma et d’écriture qui démontre l’intelligence du cinéma de Xavier Legrand.

On peut regretter l’absence de module promotionnel (pas même une bande-annonce) ou un retour sur la sortie compliquée de cette oeuvre que beaucoup de cinéphiles attendaient…

L’image du DVD  3.5 / 5

Une belle copie est proposée, avec les limites du support SD. Le travail sur l’esthétique, particulièrement âpre, où aucun détail dans les lumières et les couleurs n’est laissé au hasard, trouve une indéniable justification, mais on aurait aimer voir la griffe visuelle du cinéaste exploitée davantage par le support, tant la profondeur de champ importe dans ce film virtuose.

L’image du blu-ray : 4 / 5

Deux pistes françaises sont proposées. La première est une Stéréo traditionnelle, dite 2.0, et l’autre est une multipiste.

L’apport du 5.1 est évident dans cet exercice qui joue sur la sensorialité des décors, des conditions de visionnage, du rapport du (télé)spectateur à l’image, qui passe forcément par une restitution de l’univers de Legrand, particulièrement sombre et psychologique, par un audio cristallin et menaçant.

La piste 5.1 investit admirablement la majesté de la musique de Sébastian Akchoté. Le travail du compositeur est vraisemblablement l’un des points remarquables de cette œuvre anxiogène. Elle lui confère une texture de thriller de très grande qualité, dès la séquence d’ouverture, très hitchcockienne, trouble et mentale, à la fois alambiquée et ample. Du bel ouvrage.

La piste est accompagnée par des sous-titres pour sourds et malentendants. Attention, le décor québécois d’une grande partie de l’intrigue n’est nullement un problème pour appréhender les dialogues. Les accents sont légers et l’on se situe bien dans un français quasi franco-français. Les sous-titres sont donc à réserver à ceux pour qui l’audiodescription est vraiment nécessaire pour capter les dialogues et l’environnement sonore.

Test DVD : Frédéric Mignard

Le successeur, jaquette DVD

Création affiche : Brutes X Troïka – Design DVD : 2024 Le Cercle Noir pour Fidelio. Copyright 2023 : KG Productions, Metafilms, Stenola Productions, France 3 Cinéma, RTBF. Tous droits réservés.

Trailers & Vidéos

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Le successeur de Xavier Legrand, affiche du film

Bande-annonce de Le successeur

Drame, Thriller

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