Thriller à machination d’une rare mollesse, Le sourire de la hyène cherche en vain un script et un réalisateur tout au long d’une projection à la lenteur hypnotique. Le vide caractérisé, malgré un twist final amusant.

Synopsis : Dans la région du Latium, non loin de Rome – Au lendemain d’une fête qu’elle a donnée, Dorothy Emerson, femme fortunée, est trouvée morte et la police conclut à un suicide. Nancy, sa fille âgée de 17 ans, quitte son pensionnat anglais pour venir s’installer dans la maison de sa défunte mère, en attendant de toucher son héritage. Elle y fait la connaissance de Gianna, séduisante photographe ayant installé son studio au sous-sol, et de Marco, son beau-père, noble désargenté, qui gère les affaires. Si Nancy s’interroge sur le geste de sa mère, Magda, la gouvernante, lui confie ses doutes quant à un suicide.

Une petite production conçue dans la précipitation

Critique : Au début des années 70, le réalisateur Silvio Amadio devient son propre producteur en fondant avec quelques collègues la firme Domizia Film. Après le succès rencontré par son sympathique giallo A la recherche du plaisir (1972), le cinéaste veut exploiter le filon le plus rapidement possible et met donc immédiatement en chantier Le sourire de la hyène (1972), à partir d’un canevas similaire.

Tourné dans la précipitation, le pur produit d’exploitation en oublie de développer un script solidement charpenté puisque le spectateur se retrouve devant un énième thriller à machination et non face à un giallo qui enchainerait les meurtres sadiques. En réalité, Le sourire de la hyène ne comporte quasiment aucune scène de meurtre et encore moins de tueur ganté de noir et adepte du rasoir. L’unique élément qui rattache le long métrage au sous-genre du giallo vient de la présence d’un animal dans le titre, qui demeure d’ailleurs énigmatique jusqu’au bout.

La hyène baille d’ennui

En lieu et place, le spectateur aura surtout le droit à ces fameux thrillers à machination dont le but semble être de toucher un héritage, comme en débitait au kilomètre un cinéaste comme Umberto Lenzi à la fin des années 60. Malheureusement pour les amateurs du genre, le script demeure aux abonnés absents durant une grosse heure de film et finit par se réveiller dans le dernier quart d’heure, effectivement un peu plus intéressant grâce à un twist plutôt bien amené. Cela demeure tout de même bien léger tant l’ennui s’invite durant cette interminable première heure où aucun personnage ne semble vraiment menacé.

© 1972 Minerva, Le Chat qui Fume / Jaquette : FRHEAD.fr. Tous droits réservés.

D’une rare indolence dans la conduite du récit, Le sourire de la hyène compense cette absence d’intrigue par la multiplication de séquences très bis où les deux actrices principales, la très jeune Jenny Tamburi (encore créditée au générique Luciana Della Robbia) et la plus experte Rosalba Neri ne cessent de s’effeuiller, soi-disant pour des séances photos artistiques. Si l’on ajoute à cela une pitoyable musique de Roberto Pregadio que l’on aurait davantage vue à sa place dans une comédie bis, Le sourire de la hyène ressemble davantage à un mauvais film érotique qu’à un thriller trépidant.

Y-a-t’il un réalisateur sur le plateau ?

Visiblement pressé de livrer le produit le plus vite possible, Silvio Amadio ne fait aucun effort pour rendre son film attrayant sur le plan esthétique. Outre des décors kitsch typiques d’une ère psychédélique au mauvais goût certain, la photographie n’est guère enthousiasmante. Pire, le cinéaste se contente de poser sa caméra devant les comédiens et d’utiliser des champs et contre-champs basiques, sans faire l’effort de bouger son appareil. Le tout s’avère donc très pauvre sur le plan visuel, rapprochant le film des futurs téléfilms qui seront l’apanage de la production transalpine de la fin des années 80.

Grosse déception, le métrage ne peut pas non plus compter sur son interprétation puisque Silvano Tranquilli n’a pas un grand charisme quand il s’agit d’obtenir le rôle masculin principal, lui qui fut plus souvent employé en arrière-plan. De son côté, Hiram Keller se contente d’être beau comme un dieu. On ne sauvera donc de cette entreprise que la prestation correcte de la magnifique Rosalba Neri, tandis que Barbara Bouchet ne fait que passer le temps d’une apparition très furtive lors d’une scène de fête.

Un film totalement inédit en France jusqu’en 2024

Echec public radical en Italie, Le sourire de la hyène est demeuré inédit en France durant des décennies puisqu’il n’a eu le droit à aucune exploitation en salles, ni en VHS et encore moins en DVD. Il a fallu attendre le mois de décembre 2024 pour découvrir le film en blu-ray chez Le Chat qui Fume dans une copie très correcte. Le disque mérite surtout le détour pour l’entretien passionnant avec Stefano Amadio, le fils du cinéaste qui revient en détail sur la carrière de son père. Le film, lui, est largement dispensable.

Critique de Virgile Dumez

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© 1972 Minerva, Le Chat qui Fume / Jaquette : FRHEAD.fr. Tous droits réservés.

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Silvio Amadio, Hiram Keller, Silvano Tranquilli, Dana Ghia, Rosalba Neri, Barbara Bouchet, Jenny Tamburi

Mots clés

Cinéma bis italien, Giallo, La manipulation au cinéma, Le Chat qui Fume