Assez banal, Le chevalier du château maudit n’est jamais déplaisant, mais pâtit d’un script cousu de fil blanc et d’une réalisation très plate de Mario Costa. Heureusement que les acteurs sauvent les meubles.
Synopsis : Le perfide Ugo de Collefeltro a fait jeter en prison son oncle le duc Olivero et pris sa place sur le trône de Valgrado. Devant l’oppression subie, les gens du pays déplorent la disparition de leur ancien maître. Quand Isabelle, la fille du duc, revient au château, elle est demandée en mariage par son cousin Ugo. Elle fait alors connaissance avec le mystérieux Chevalier Noir, qui défend les paysans contre le tyran.
Un film de cape et d’épée qui s’inspire fortement de Robin des Bois
Critique : Au cours des années 40-50, le genre du film de cape et d’épée devient extrêmement populaire. Les exploits des héros de l’ancien temps font rêver les foules avec une profusion de costumes et de décors somptueux portés par la magie du Technicolor (pour les productions les plus fortunées). Hollywood domine le marché avec des réalisateurs chevronnés comme Michael Curtiz, Richard Thorpe ou encore George Sidney. Dans la foulée, la France et l’Italie furent également de gros pourvoyeurs de spectacles bondissants qui ont laissé les critiques indifférents, mais ont cumulé un nombre impressionnant d’entrées.
Coproduction assez cossue entre la France et l’Italie, Le chevalier du château maudit (1959) s’inscrit pleinement dans cette exploitation de thèmes populaires. Ici, les scénaristes Piero Vivarelli et Sergio Corbucci (futurs auteurs de Django en 1966) ne cherchent aucunement à bouleverser les habitudes du spectateur. Effectivement, ils tentent de créer une synthèse entre les aventures de Zorro (avec un vengeur masqué dont on cherche à savoir l’identité) et celles de Robin des Bois (avec un félon qui prend la place du bon seigneur et opprime le peuple), le tout transposé dans l’univers du Moyen Age.
Le réalisateur Mario Costa en mode automatique
Rien de nouveau donc sous le soleil du film d’aventures puisque les auteurs enchaînent les situations archétypales attendues, de manière consciencieuse. Sans doute trop, pourrons-nous arguer, tant Le chevalier du château maudit est cousu de fil blanc. Bien entendu, on devine l’identité du chevalier noir dès les dix premières minutes du film et tous les rebondissements sont prévisibles une bonne dizaine de minutes avant qu’ils n’interviennent.
Jamais désagréable, mais d’une banalité assez affligeante, le spectacle ne peut guère compter sur l’énergie déployée par le réalisateur Mario Costa. Ainsi, le cinéaste se contente de poser sa caméra, désespérément fixe, devant des acteurs qui doivent animer par leur gestuelle un cadre décidément très théâtral. Heureusement pour Mario Costa, ses acteurs sont plutôt bons. On apprécie notamment la rouerie déployée par Massimo Serato, la forte sensualité dégagée par notre Miss France 1954 Irène Tunc ou encore la juvénile énergie de Luciano Marin.
Un spectacle sympathique à réserver aux jeunes spectateurs ou aux nostalgiques
Alors que les combats sont plutôt bien réglés, on peut regretter que la réalisation de Mario Costa reste si statique, lui qui a surtout tourné jusque-là des films musicaux et des drames romantiques. Il ne semble pas particulièrement à l’aise pour insuffler de l’énergie aux scènes d’action, désespérément plates.
Au final, Le chevalier du château maudit n’est aucunement mauvais, mais bien une œuvre de série qui a bien du mal à passer l’épreuve du temps. Sorti dans les salles françaises en 1961, le film a connu une exploitation assez longue, surtout portée par une bonne réception de la part de la province. Au total, le long-métrage fut une bonne affaire avec 671 303 entrées sur toute la France, étalées sur plusieurs années. Pas vraiment étonnant puisqu’on imagine aisément l’intérêt du jeune public de l’époque pour ce type de spectacle sympathique, à défaut d’être vraiment passionnant.
Le test DVD :
Une édition classique limitée à 1000 exemplaires. Le test a été effectué à partir du produit fini.
Compléments & packaging : 2 / 5
Le long-métrage est édité dans un format DVD Digipack qui s’ouvre toutefois sur deux affiches françaises du film. L’objet, bien que modeste, est plutôt joli. Niveau supplément vidéo, on est ici plutôt au régime sec avec une bande-annonce et un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation et c’est tout.
L’image : 3 / 5
De manière assez originale, les deux versions sonores (VF et VO) correspondent également à deux versions différentes du film. Les images ne sont donc pas identiques selon si vous sélectionnez la version française ou la VO. Pour une fois, nous vous conseillons d’opter pour la version française dont les images semblent avoir moins souffert du temps qui passe. Certes, les couleurs sont kitsch, mais le master tient la route et la définition est correcte. La version italienne est moins bien conservée avec des couleurs qui semblent davantage délavées et un rendu nettement plus flou. Pas de doute donc sur le choix à opérer.
Le son : 4 / 5
Deux versions sonores différentes (VF et VO en mono) pour un rendu très correct dans les deux cas. La version italienne paraît forcément plus naturelle – même si tous les acteurs étaient doublés de toute façon – mais le doublage français est de grande qualité. On note un léger souffle, mais qui n’a absolument rien de gênant pour ce type de spectacle à l’ancienne.
Du bon boulot, donc.
Critique et test DVD de Virgile Dumez