Le bandit : la critique du film (1947)

Mélodrame, Film de gangsters | 1h23min
Note de la rédaction :
8/10
8
Le bandit, jaquette DVD

  • Réalisateur : Alberto Lattuada
  • Acteurs : Anna Magnani, Carlo Campanini, Amedeo Nazzari, Carla Del Poggio
  • Date de sortie: 06 Août 1947
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Il bandito
  • Titres alternatifs : The Bandit (titre international) / Der Bandit (Allemagne) / El bandido calabres (Espagne) / O Bandido (Portugal) / El bandido (Mexique et Argentine)
  • Année de production : 1946
  • Scénariste(s) : Oreste Biancoli, Mino Caudana, Tullio Pinelli, Ettore M. Margadonna, Piero Tellini, Alberto Lattuada
  • Directeur de la photographie : Aldo Tonti
  • Compositeur : Felice Lattuada
  • Société(s) de production : Lux Film, R.D.L.
  • Distributeur (1ère sortie) : Lux Compagnie Cinématographique de France
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Bach Films (DVD, 2014)
  • Date de sortie vidéo : 12 novembre 2014 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 139 122 entrées / 166 289 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Présenté en compétition au festival de Cannes 1946 / Ruban d'argent du meilleur acteur pour Amedeo Nazzari décerné par les journalistes italiens en 1946
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Lux Film, R.D.L.
Note des spectateurs :

Film de gangsters néoréaliste, Le bandit tente une synthèse entre deux styles opposés sans y parvenir pleinement. Il n’en demeure pas moins une œuvre de grande tenue, portée par une superbe réalisation et une histoire bouleversante.

Synopsis : Fin de la Seconde Guerre mondiale. De retour de captivité en Allemagne, deux amis italiens retrouvent leur pays natal… Devant sa maison bombardée, Ernesto apprend que sa mère est morte et que sa sœur Maria a disparu. Ernesto découvre dans la rue que sa sœur se prostitue : il essaie de la délivrer de son souteneur, Mirko…

La ville de Turin dévastée comme décor

Critique : Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les cinéastes italiens se penchent sur la réalité sociale catastrophique d’un pays en ruine à travers le mouvement du néoréalisme. Parmi eux, on trouve bien sûr Luchino Visconti (Les amants diaboliques, 1943) ou encore Roberto Rossellini (Rome, ville ouverte, 1945). Mais également Alberto Lattuada qui a déjà tourné quelques films lorsqu’il aborde la réalisation du Bandit (1946), produit par Dino De Laurentiis.

Comme son confrère Rossellini, Lattuada entend profiter d’un tournage en décor réel pour montrer les ravages de la guerre sur la ville de Turin. Ainsi, toute la première partie du film s’inscrit pleinement dans le mouvement néoréaliste en décrivant par le menu et dans des décors réels le quotidien vécu par les prisonniers de retour dans leur foyer ou ce qu’il en reste.

Un mélodrame sur fond de prostitution

Nous suivons d’abord le voyage pénible de deux amis d’infortune incarnés par Amedeo Nazzari et Carlo Campanini. Ces derniers rêvent à leur retour depuis plusieurs années et nous confient leurs espoirs dans une Italie rudement touchée par les bombardements.

Toutefois, le retour du premier va s’avérer particulièrement problématique puisque sa famille a été durement éprouvée. Errant seul dans un Turin dévasté, le jeune homme cherche alors à satisfaire un désir sexuel inassouvi depuis trois ans. Il s’agissait d’une thématique qui n’était alors jamais abordée dans le cinéma traditionnel et que Lattuada empoigne sans peur de la censure. Cette thématique sera d’ailleurs au centre de son œuvre future. Lattuada filme donc les lieux de prostitution et enclenche une mécanique de mélodrame concernant la sœur du héros (la très belle Carla Del Poggio, par ailleurs épouse du cinéaste). On retrouve ici quelques éléments qui font songer aux mélos des années 30 si chers aux yeux du public italien.

Une deuxième partie proche du film de gangster à l’américaine

Tourné avec un goût certain pour l’expressionnisme, cette première partie bouleversante affirme la maîtrise d’un auteur qui sait porter le mélodrame à incandescence en quelques minutes seulement. Les différents éléments de l’intrigue (que nous ne dévoilerons pas, donc) conduisent le héros à devenir un bandit. Commence alors une deuxième partie qui s’affranchit presque totalement du néoréalisme pour se lover dans le genre du film de gangsters à l’américaine.

Avec son faux air d’Errol Flynn, Nazzari devient un chef de gang, épaulé par une Anna Magnani impeccable. Durant cette partie, l’intrigue perd un peu de vue certains personnages et le cinéaste ne parvient pas toujours à créer une tension suffisante pour emporter le spectateur. Heureusement, il se rattrape lors des dix dernières minutes où il ramène son personnage dans le droit chemin et vers une humanité plus poignante, bien que vouée à la mort.

Un beau succès du néoréalisme italien

Réalisé avec un talent fou par un cinéaste qui allait donner toute la mesure de son talent par la suite, Le bandit est donc un film bicéphale qui tente une synthèse quasiment impossible entre néoréalisme et film de gangsters. Présenté au festival de Cannes en 1946, Le bandit n’a pas reçu de récompenses car il a été éclipsé par le phénomène Rome, ville ouverte, chef-d’œuvre absolu. Toutefois, il ne faudrait pas négliger le pouvoir de fascination de ce long-métrage, certes un peu bancal, mais qui recèle un nombre considérable de qualités.

Le bandit a tout de même reçu un prix avec un Ruban d’argent du meilleur acteur pour Amedeo Nazzari décerné par les journalistes italiens. En France, le film a cumulé 1 139 122 entrées largement dues à la province qui en a fait un beau succès. Il s’agit en l’état d’une œuvre qui témoigne de la dure réalité vécue par les populations après les ravages du fascisme et de la guerre, mais aussi de la condition terrible des femmes durant une époque décidément impitoyable. A méditer.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 6 août 1947

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Le bandit, jaquette DVD

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