Troisième épisode aussi prétentieux que vain, Largo Winch : Le prix de l’argent ne présente guère d’intérêt, ni sur le plan narratif, ni sur celui de l’action. Par ailleurs, les acteurs sont parfois à la peine dans un ensemble tout à fait dispensable.
Synopsis : Depuis l’enlèvement brutal de son fils Noom, Largo Winch fait l’objet d’une impitoyable machination cherchant à l’anéantir et à détruire le groupe W. Pour faire éclater la vérité et retrouver son fils, Largo se lance dans une traque sans relâche. Des forêts canadiennes, en passant par Bangkok jusque dans les profondeurs des mines birmanes il ne sait pas encore qu’il devra faire face aux démons du passé.
Largo Winch, 13 ans après…
Critique : Avec 1,7 million d’entrées en 2008 et des critiques très positives, Largo Winch (Jérôme Salle) fut l’une des rares adaptations de bande dessinée à être aussi réussie. Grâce à des recettes internationales satisfaisantes, le long métrage a été une bonne affaire qui a immédiatement donné lieu à une suite justement nommée Largo Winch 2 (Jérôme Salle, 2011) qui se payait même les services de la star Sharon Stone pour un épisode nettement moins solide que le précédent. Ils furent 1,3 million de spectateurs français à faire le déplacement, tandis que les recettes furent globalement décevantes par rapport aux attentes.
Il a donc fallu attendre treize longues années avant de voir reparaître sur nos écrans le célèbre milliardaire baroudeur. Cette fois-ci sans Jérôme Salle aux manettes puisque c’est le cinéaste belge Olivier Masset-Depasse qui a été confirmé aux commandes dès 2019, année de mise en chantier du projet de ce troisième opus. En fait, la crise de la Covid-19 a eu raison du tournage qui n’a cessé d’être repoussé jusqu’en 2023. Largo Winch : Le prix de l’argent a donc bien failli ne jamais voir le jour à cause de ses multiples reports de production.
Faire du neuf avec du réchauffé
Fondé sur l’intrigue développée dans les tomes 13 et 14 de la BD de Jean Van Hamme (Le prix de l’argent et La loi du dollar), ce troisième volet des aventures de Largo Winch propose une énième histoire de vengeance du héros envers de mystérieux individus qui tentent de détruire son empire financier. Rien de bien neuf pour une franchise dont on a clairement oublié les épisodes précédents, mais dont les ressorts étaient toutefois identiques. Cette impression générale de déjà-vu est pour beaucoup dans le sentiment d’assister à un spectacle peu enthousiasmant qui sent le réchauffé à tous les étages.
© 2024 Pan Européenne – Versus Production – TF1 Films Production – Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) – VOO – BE TV – Proximus – H & J – L.D.M.C. Productions / Photographie : Guillaume Van Laethem. Tous droits réservés.
Cela démarre en apparence sur les chapeaux de roues avec une première séquence d’action qui se veut pied au plancher. Pourtant, le réalisateur belge Olivier Masset-Depasse, plutôt habitué aux films d’auteur, ne semble guère à l’aise dans la réalisation de scènes pétaradantes. Certes, il tente bien d’imiter les mouvements de caméra de Matthew Vaughn sur la saga Kingsman, mais sa mise en scène n’en possède jamais la fluidité. Pire, le montage semble avoir sauvé les meubles à plusieurs reprises puisque l’on ne comprend pas toujours comment le héros a pu se tirer d’une si mauvaise passe et se retrouver au bon endroit quelques secondes plus tard.
Une avalanche de clichés
Puis, cela ne s’arrange pas forcément avec la présentation des différents personnages qui sont tous des archétypes trop connus pour passionner. Même si James Franco demeure un acteur de grande tenue, sa tendance à serrer la mâchoire pour bien nous faire comprendre qu’il est le grand méchant de l’histoire peut faire sourire. En James Bond girl du pauvre, Clotilde Hesme n’est pas forcément non plus à sa place, elle qui est davantage douée pour interpréter des rôles plus torturés et complexes. Mais le pire vient de la décision d’avoir mis dans les pattes du héros une adolescente d’origine québécoise (en réalité Élise Tilloloy, actrice bien française vue dans le soap de France 2 Un si grand soleil).
Irritante au possible, l’ado se révèle être une influenceuse qui filme tout ce qu’elle peut et représente tout ce qui peut être insupportable chez la nouvelle génération. En souhaitant faire un appel du pied à la jeunesse, les scénaristes se tirent donc une balle dans le pied et livrent l’un des personnages les plus clichés de la saga. Si la jeune actrice n’est pour rien dans ce naufrage, son personnage est assurément l’énorme point faible de cet opus.
Un appel du pied pour une suite que l’on ne souhaite pas découvrir…
Dans le rôle principal, Tomer Sisley ne brille guère non plus. Certes, il bénéficie d’un physique adapté – gros travail de sculpture du corps – et demeure crédible dans les séquences d’action. Mais, il semble toujours aussi embarrassé lors des séquences de jeu où il doit faire ressentir les émotions de son personnage.
Sans être totalement catastrophique, Largo Winch : Le prix de l’argent se regarde donc de manière distraite, avec quelques moments de tension un peu plus réussis, mais aussi d’énormes erreurs en matière de choix narratifs et artistiques. Bien en peine pour combler les 100 minutes de projection, le long métrage ose même se terminer en points de suspension, annonçant une hypothétique suite dont on doute de la réalisation prochaine. Si l’on ajoute à cela un générique pompeux copié sur ceux de la saga James Bond, on peut aisément trouver cet opus prétentieux et cherchant en vain à tutoyer les sommets, sans s’en donner pleinement les moyens. Ou quand la grenouille voudrait définitivement être un bœuf…
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 31 juillet 2024
© 2024 Pan Européenne – Versus Production – TF1 Films Production – Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) – VOO – BE TV – Proximus – H & J – L.D.M.C. Productions / Affiche : Monsieur X ; Photographies : Guillaume Van Laethem, Thanaporn Arkmanon. Tous droits réservés.
Biographies +
Olivier Masset-Depasse, James Franco, Koen De Bouw, Tomer Sisley, Denis O’Hare, Clotilde Hesme, Élise Tilloloy
Mots clés
Films d’action, Thrillers français, Les relations père-fils au cinéma, La vengeance au cinéma
