La ruée des Vikings : la critique du film (1963)

Aventures, Cape et épée | 1h29min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
La ruée des Vikings, affiche de la reprise 2019

  • Réalisateur : Mario Bava
  • Acteurs : Cameron Mitchell, Andrea Checchi, Raf Baldassarre, Françoise Christophe, Franco Giacobini, George Ardisson, Alice Kessler, Ellen Kessler
  • Date de sortie: 12 Juil 1963
  • Nationalité : Italien, Français
  • Titre original : Gli Invasori
  • Titres alternatifs : Erik the Conqueror (USA) / Die Rache der Wikinger (Allemagne) / La furia de los vikingos (Espagne) / A Fúria dos Vikings (Portugal) / Normannernes sidste togt (Danemark) / A Vingança dos Vikings (Brésil)
  • Année de production : 1961
  • Scénariste(s) : Oreste Biancoli, Piero Pierotti, Mario Bava
  • Directeur de la photographie : Mario Bava
  • Compositeur : Roberto Nicolosi
  • Société(s) de production : Lyre Films, Critérion Film, Galatea Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Francinor
  • Distributeur (reprise) : Audifilms (1984), Théâtre du Temple (2019)
  • Date de reprise : 3 juillet 2019
  • Éditeur(s) vidéo : VIP (VHS, 1982) / Proserpine (VHS, 1988) / Polygram Vidéo (VHS, 1993) / Seven 7 (DVD, 2008) / Le Chat qui Fume (blu-ray, 2021)
  • Date de sortie vidéo : 15 mars 2021 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 919 190 entrées / 125 838 entrées
  • Reprise 2019 : 4 075 entrées / 2 078 entrées (chiffres globaux sur les 3 films de la rétrospective Mario Bava, le magicien des couleurs
  • Box-office 1984 (Paris - périphérie) 1 844 entrées (5 cinémas, 2 semaines à l'affiche)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs (Dyaliscope, Eastmancolor) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Paul Marty (affiche) - Frédéric Domont (jaquette blu-ray)
  • Crédits : Cinématographique Lyre - Compagnie Méditerranéenne Cinématographique
Note des spectateurs :

La ruée des Vikings, démarquage à peine voilé des Vikings de Richard Fleischer, bénéficie d’un script correct, d’acteurs sympathiques et surtout d’une superbe réalisation du grand Mario Bava, véritable poète de la couleur. Un beau livre d’images.

Synopsis : Deux frères combattant dans des camps opposés, combattent le félon qui les a séparés et vont ainsi venger la mort de leur père.

La ruée des Vikings, affiche de la reprise 2019

© 1961 Cinématographique Lyre – Compagnie Méditerranéenne Cinématographique / © 2019 Théâtre du Temple. Tous droits réservés.

Un démarquage du triomphal Les Vikings

Critique : Avec Les Vikings de Richard Fleischer, Hollywood a frappé un grand coup en 1958 puisque ce modèle du film d’aventures a connu un triomphe international établissant une bonne fois pour toute le statut de star mondiale de Kirk Douglas et par la même occasion de Tony Curtis. Il n’en fallait pas davantage aux producteurs italiens pour se lancer sur ce nouveau créneau, histoire de grappiller les miettes du succès américain. Dès lors, les produits estampillés « Vikings » commencent à pulluler sur les écrans européens, parallèlement au triomphe du péplum et du film de cape et d’épée dont ils constituent des ersatz. Au cœur de cette déferlante, Mario Bava est sollicité par la compagnie Galatea Film pour laquelle il a déjà signé Le masque du démon (1960) afin de mettre en boîte une version italienne largement inspirée du métrage de Richard Fleischer.

Si nous ne sommes pas totalement en présence d’un plagiat, il s’agit tout de même d’un pur produit de contrefaçon. Ainsi, le script reprend l’idée de l’opposition entre deux frères séparés dans leur jeunesse et s’affrontant à travers la lutte entre Vikings et Anglo-saxons. Certaines péripéties ressemblent fort à celles du métrage de Fleischer, notamment l’assaut final de la forteresse, très spectaculaire. Pourtant, tout l’art de Mario Bava tient en sa capacité à sublimer une commande quelque peu malhonnête – mais encore une fois très courante – par son sens de la mise en scène et sa foi inébranlable en la magie du cinéma.

La ruée des vikings, reprise 2019 (photo)

© 1961 Cinématographique Lyre – Compagnie Méditerranéenne Cinématographique

Un superbe livre d’images

Comme à son habitude, Bava choisit de compenser la minceur du budget qui lui est alloué par des artifices hérités de son expérience en tant que directeur de la photographie. Pour donner de la richesse à ses images, il inonde celles-ci de lumières colorées qui permettent de rendre chaque plan riche visuellement, alors même que les décors font pitié. Avec pas mal de fumigènes et des cadrages savamment étudiés, le tour de passe-passe fonctionne parfaitement et donne au métrage des allures de grosse production. En véritable coloriste, Mario Bava rend esthétique le moindre plan en poétisant le réel.

Son film devient dès lors un superbe livre d’images où toute forme de réalisme est évacuée au profit d’une vision fantasmée d’une époque révolue. Dès lors, peu importe que La ruée des Vikings accumule les erreurs historiques et que tout ceci soit conforme aux clichés qui circulent parfois encore de nos jours sur les Vikings (ah, les Drakkars – mot erroné créé de manière fantaisiste au 19ème siècle -, les casques à cornes et autres clichés qui n’ont rien d’historique, ainsi que le château fort, de quatre siècles postérieur à la réalité du 8ème siècle) puisque la vision de Mario Bava se dénonce à chaque instant comme étant une image d’Épinal.

La ruée des vikings, reprise 2019

© 1961 Cinématographique Lyre – Compagnie Méditerranéenne Cinématographique

La grande Histoire malmenée dans ce divertissement volontairement naïf

Peu importe également que le scénario se réfère davantage à la mythologie romaine qu’à la véritable geste nordique puisque cette œuvre a bien été créée par des Italiens n’ayant pas cherché à rendre crédible leur œuvre sur le plan historique, mais qui souhaitaient toucher le public local à travers des légendes qui lui était proche (on ne compte plus ici les références bibliques notamment).

Il faut donc impérativement regarder La ruée des Vikings pour ce qu’il est, à savoir un divertissement naïf parvenant à retrouver le sens de l’aventure comme dans les films de l’âge d’or hollywoodien, une épopée à la Errol Flynn que n’aurait pas reniée un cinéaste comme Richard Thorpe. Vu sous cet angle, le film de Mario Bava peut être considéré comme l’un des meilleurs avatars des Vikings. Non seulement on ne s’y ennuie jamais, mais les péripéties incessantes (et parfois invraisemblables) permettent de retrouver son âme d’enfant et ce goût de l’aventure que nous portons tous en nous.

VHS France La ruée des Vikings (2e édition chez Proserpine, 1988)

Copyrights : Proiserpine Edition 1988. Illustrateur : Tous droits réservés. All Rights Reserved

Des acteurs plutôt convaincants

L’ensemble est soutenu par une interprétation globalement convaincante. Cameron Mitchell est un sous-Kirk Douglas très juste, les sœurs Kessler (deux jumelles d’origine allemande qui ont fait toute leur carrière ensemble) sont bien jolies et George Ardisson profite d’un physique avantageux pour incarner un héros crédible. Doté d’une bonne réputation auprès des amateurs de cinéma de quartier, La ruée des Vikings a connu un joli petit succès d’estime en France à sa sortie en 1963, surtout grâce à la province, nettement plus réceptive. Aujourd’hui, il demeure une œuvre attachante, à visionner avec cet amour pour un cinéma d’antan où le savoir-faire artisanal pouvait déboucher sur une forme d’art, même mineur.

 

La ruée des Vikings, blu-ray chat qui fume

© 1961 Cinématographique Lyre – Compagnie Méditerranéenne Cinématographique / © 2021 Le Chat qui Fume ; Jaquette : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

Critique de Virgile Dumez

Le saviez-vous:

  • La ruée des Vikings est sorti à Paris le 12 juillet 1963 aux cinémas Paramount, Lutétia, Sélect Pathé et au Mistral.
  • En première semaine, sur la capitale, le film s’offre le 6e place hebdomadaire derrière Le dernier de la liste de John Huston qui s’arroge la tête du classement avec 50 401 spectateurs pour sa première semaine. Le cinéaste américain avait fait le déplacement à La Pagode pour saluer les spectateurs parisiens. La seconde nouveauté de la septaine, La grande parade de Disney, entre en 3e place (24 306), Marie-France Pisier dans Les Saintes Nitouches se hisse en 4e place (21 500). Pour Tunnel 28 de Robert Siodmak, l’entrée est décevante avec 13 953 spectateurs et deux jours supplémentaires pour arriver à ce score.
  • Juillet 1963 fut riche en films de genre : L’épée du Cid, Maciste contre les géants, Le corsaire de la reine, sans oublier de nombreux westerns et films noirs…
  • En 1984, le distributeur indépendant Audifilms, qui s’est plus ou moins spécialisé dans la pornographie dans les années 80, réussit à ressortir le film en salle durant l’été 1984. Sorti dans 3 salles parisiennes (la Maxeville, le George V, La Bastille) et deux écrans de banlieue (les 4 Temps, l’Alpha Argenteuil), la reprise est bide, malgré sa nouvelle affiche à l’habillage très années 80. 1 503 spectateurs en première semaine. Il n’y a plus que les Arcades, sur les Grands Boulevards, en seconde semaine, pour exploiter le film avec 341 clients. On imagine que le cinéma a dû récupérer la copie de la Maxeville qui se situait le trottoir d’en face, une semaine plus tôt. Ce fut le 28e pire score de l’année 1984, sur plus de 550 films.
  • En 2019, le film de Mario Bava fait également l’objet d’une reprise estivale en trois films, intitulée Mario Bava, le magicien des couleurs, via le distributeur Le Théâtre du Temple.
  • La ruée des Vikings a  été maintes fois exploité en VHS (VIP, puis Proserpine, avec des designs singuliers), puis en DVD (Seven Sept), avant de débarquer en blu-ray chez Le Chat qui Fume dans une copie resplendissante. On notera l’ajout d’un supplément émouvant avec celui qui fut le gamin de cinq ans incarnant le héros dans son enfance. Ses souvenirs de tournage sont très précis et son émotion est palpable.

Les sorties de la semaine du 10 juillet 1963

Les sorties de la semaine du 3 juillet 2019

Acheter le blu-ray du film sur le site de l’éditeur

La ruée des Vikings, l'affiche

© 1961 Cinématographique Lyre – Compagnie Méditerranéenne Cinématographique / Affiche : Paul Marty. Tous droits réservés.

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La ruée des Vikings, affiche de la reprise 2019

Bande-annonce de Mario Bava, le magicien des couleurs

Aventures, Cape et épée

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