La reine du mal (Seizure!) : la critique du film (1974)

Epouvante-Horreur | 1h34min
Note de la rédaction :
5/10
5
La reine du mal (seizure), l'affiche

  • Réalisateur : Oliver Stone
  • Acteurs : Martine Beswick, Jonathan Frid, Joseph Sirola, Christina Pickles, Hervé Villechaize, Richard Cox
  • Date de sortie: 15 Nov 1974
  • Nationalité : Canadien, Américain
  • Titre original : Seizure!
  • Scénaristes : Edward Mann, Oliver Stone
  • Directeur de la photographie : Roger Racine
  • Compositeur : Lee Gagnon
  • Distributeur : Film inédit dans les salles françaises / La date ci-dessus correspond à la sortie américaine
  • Editeur vidéo : Proserpine (VHS) / Extralucid Films (combo DVD / Blu-ray)
  • Sortie vidéo (DVD/ Blu-ray) : 19 août 2020
  • Budget : 250 000 $ canadiens
  • Format : 1.85 : 1 / Son : Mono
  • Crédits affiche : © 1974 Astral Bellevue Pathé - Cine Films Inc. - Cinerama Productions Corp. - Euro-American Pictures - Intercontinental Leisure Industries Ltd. - Queen of Evil Ltd. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Premier film réalisé par Oliver Stone, La reine du mal est une œuvre indépendante un peu foutraque, diversement inspirée, mais qui fleure bon le cinéma d’exploitation des années 70. Ce qui n’est pas sans charme.

Synopsis : Un auteur d’histoire d’horreur fait régulièrement un cauchemar où trois personnages de son livre terrorisent lui, sa famille et ses amis pendant un week-end d’amusement. C’est alors que le rêve devient la réalité et n’en finit plus…

Le premier film d’Oliver Stone, tourné au Québec

Critique : Au début des années 70, de très nombreux cinéastes indépendants cherchent à percer au cinéma en livrant des films choc qui peuvent rapporter gros pour un investissement minimal. On songe notamment à des œuvres comme La dernière maison sur la gauche (Craven, 1972) ou encore à Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974). Le jeune loup aux dents longues  Oliver Stone s’empare donc du genre horrifique et écrit en collaboration avec Edward Mann – un habitué du genre – le script de La reine du mal. Il parvient à trouver un financement au Canada et lance ainsi la production en 1972.

La reine du mal (Seizure), la jaquette du combo DVD / Blu-ray

© 1974 Astral Bellevue Pathé – Cine Films Inc. – Cinerama Productions Corp. – Euro-American Pictures – Intercontinental Leisure Industries Ltd. – Queen of Evil Ltd. / © 2020 Extralucid Films. Tous droits réservés.

Le tournage a ainsi lieu dans un unique décor, une vaste demeure située dans la province du Québec, avec une équipe technique réduite. Toutefois, si la production est fauchée comme les blés, Oliver Stone parvient à embarquer dans l’aventure Jonathan Frid, célèbre alors pour sa prestation du vampire Barnabas Collins dans la série télévisée Dark Shadows, ainsi que Martine Beswick, vedette de nombreuses productions Hammer. Le casting est complété par Joseph Sirola, excellent acteur de théâtre et de télévision, ainsi que par le Français Hervé Villechaize qui allait rencontrer la gloire la même année avec L’homme au pistolet d’or (Hamilton, 1974).

Un tournage festif et fortement alcoolisé

L’équipe a pu profiter d’une ambiance familiale en demeurant sur les lieux mêmes du tournage. Martine Beswick a depuis révélé que le tournage avait été fortement arrosé, ce qui n’étonnera guère les connaisseurs d’Oliver Stone. D’ailleurs, cet état d’ébriété permanent se ressent par moments dans la réalisation volontairement chaotique du réalisateur débutant.

La reine du mal appartient effectivement à la catégorie des objets cinématographiques non identifiés, notamment par le traitement parfois hallucinatoire de son sujet.

Un home invasion qui tourne au cauchemar mental

Alors que le long-métrage commence de manière assez classique comme un home invasion (on apprend que des fous se sont échappés d’un asile, tandis qu’un écrivain réunit toute sa famille et ses amis dans sa demeure isolée, bientôt envahie par les dingues en fuite), Oliver Stone le fait évoluer vers un délire mental. En multipliant les moments où le personnage se réveille en sursaut en proie à des cauchemars, le cinéaste brouille la frontière qui sépare la réalité de la fiction. Finalement, comme dans son film suivant La main du cauchemar, Oliver Stone ne semble pas assumer les délires visuels qu’il propose au spectateur.

Au lieu de laisser planer un doute permanent sur ce qui se déroule à l’écran, le réalisateur opte encore pour la solution de facilité en explicitant son propos. Loin de nous laisser dans une position inconfortable, Stone fait le choix regrettable du cartésianisme, alors même que l’ensemble du long-métrage optait pour un fantastique débridé. On regrette véritablement ce manque de pertinence, mais cela n’empêche pas le film de proposer quelques moments réussis.

Martine Beswick domine un casting plutôt correct

On apprécie par exemple sa critique du capitalisme à travers le personnage incarné par Joseph Sirola, même si la charge est pataude. Mais le plus original vient de l’incarnation des trois meurtriers (réels ou fictifs, à vous de juger) par un géant musclé, un nain et surtout une sculpturale maîtresse du mal.

Dans ce rôle issu de l’imaginaire SM, Martine Beswick est absolument impériale. Elle est pour beaucoup dans la réussite des scènes où elle apparaît. Jamais vulgaire malgré un costume un peu limite, l’actrice fait preuve d’une très grande classe, tout en respirant vraiment le mal qu’elle est censée incarner. On apprécie aussi la présence déstabilisante du nain Hervé Villechaize. Face à eux, Jonathan Frid n’est pas toujours le plus crédible, mais il assure tout de même le job.

Une réalisation inégale, entre fulgurances et éclats Z

Alors que la réalisation est très inégale, alternant des moments de pure folie (à coups de grand angle, figure de style qui reviendra souvent chez le cinéaste), avec des passages dignes d’une série Z, La reine du mal souffre également d’une musique complètement à côté de la plaque signée Lee Gagnon. Parfois très Z, la partition musicale tend à rabaisser la valeur d’un film qui fait preuve de quelques audaces narratives. Enfin, signalons que malgré un nombre conséquent de meurtres, l’intégralité se déroule hors champ, ce qui fait de La reine du mal une œuvre peu graphique.

Restée inédite dans les salles françaises (certaines sources évoquent toutefois quelques séances spéciales en province), La reine du mal est apparue chez nous sous forme d’une VHS éditée par Proserpine, avant de disparaître à nouveau des radars. Elle revient pointer le bout de sa cape en cette année 2020 avec l’édition exclusive d’un combo DVD / Blu-ray chez l’éditeur Extralucid Films. Disponible à partir du mois de juillet pour ceux qui ont effectué des précommandes, et au mois d’août pour les autres.

Critique de Virgile Dumez

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La reine du mal (seizure), l'affiche

© 1974 Astral Bellevue Pathé – Cine Films Inc. – Cinerama Productions Corp. – Euro-American Pictures – Intercontinental Leisure Industries Ltd. – Queen of Evil Ltd. Tous droits réservés.

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Bande-annonce canadienne de La reine du mal (VF)

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