La nuit des morts vivants de Tom Savini : la critique du film et le test blu-ray (1991)

Epouvante-horreur | 1h36min
Note de la rédaction :
5/10
5
La nuit des morts vivants 1991 s'affiche

  • Réalisateur : Tom Savini
  • Acteurs : Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, Bill Moseley
  • Date de sortie: 15 Mai 1991
  • Titre original : Night of the living dead
  • Nationalité : Américain
  • Scénario : George A. Romero, John Russo
  • Distributeur : Columbia Tri Star
  • Éditeur vidéo : Columbia Tri Star (DVD, première édition) / Sidonis Calysta (Combo DVD-Blu-ray)
  • Date de sortie blu-ray : 12 octobre 2019
  • Box-office USA : 5 835 000 $ (recettes)
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Note des spectateurs :

La nuit des morts vivants de Tom Savini est un remake miné par son époque et vidé des bonnes intentions de ses auteurs.

Synopsis : Un phénomène inexpliqué s’abat sur une région des Etats-Unis : les morts ressuscitent puis se jettent sur les vivants qui, infectés par leurs morsures, se transforment eux-mêmes en morts-vivants. Une jeune femme, Barbara, et un homme, Ben, se réfugient dans une maison isolée qu’encerclent bientôt les créatures enragées. Ils ignorent que d’autres survivants s’y cachent. Commence alors une longue et sanglante nuit…

Retour sur un échec commercial patent

Critique : Sorti aux États-Unis une dizaine de jours avant Halloween, en 1990, La nuit des morts vivants, remake du film soixante-huitard de George A. Romero, a été un bide conséquent. Certains l’imputent à un mauvais timing, établissant le lien avec la distribution en salle, une semaine plus tard, de La créature du cimetière, petite série B produite sur le nom de Stephen King qui fera effectivement deux fois plus de recettes, sans plus. En fait, ce qu’il faut surtout voir c’est que cette relecture en couleur pâtissait d’un manque de légitimité artistique et d’un contexte peu favorable à ce type de cinéma, soudainement rattrapé par la consommation des VHS et la censure, et que la Columbia n’avait guère confiance en ce produit de saison coproduit par un Menahem Golan endetté, après le fiasco de Cannon Films à la fin des années 80.

Produit lisse d’une décennie 90 sous censure

Les années 90 furent l’une des décennies les moins productives en matière de films d’horreur destinés aux salles. Entre 1990 et le revival du slasher, grâce au succès de Scream de Wes Craven, en 1996, qui relance l’attrait des producteurs pour le genre, ce cinéma si populaire dans les années 80, devient peu sollicité par les exploitants. L’idée de Romero de refaire du commerce sur le dos du classique original qui le révéla, Night of the living dead, légende du cinéma classée X à sa sortie, qui ne lui rapporta pas un dollar en raison d’une erreur fatale ayant fait basculer l’œuvre dans le domaine public, tombe mal.

La mort du film de zombies

Romero, en train de travailler pour Orion, sur le script de The Dark Half  (La part des ténèbres), projet de studio d’après l’œuvre de Stephen King, propose la réalisation à Tom Savini, son pote de Pittsburgh, responsable des maquillages sur plusieurs de ses longs, et qui avait déjà réalisé pour lui des segments de l’anthologie télévisée post-Creepshow, Tales of the Darkside. Toutefois, dans l’inconscient cinéphilique, le nom de Savini est surtout associé au gore craspec : Maniac, Vendredi 13, Carnage,  Massacre à la tronçonneuse 2, et Le jour des morts-vivants de Romero, qui s’avère être le segment le plus vomitif de la trilogie originelle.

Malgré ce CV, Savini fera de l’adaptation en couleur, de La Nuit, un film extrêmement sobre, avec quelques petits impacts de balle sur des créatures assez réalistes, conçues par John Vulich (Freddy 3, Massacre à la tronçonneuse 2, Cyborg…). C’est que, en ce début des années 90, le cinéma américain virait totalement au lissage télévisuel.

Dans cette société yankee post-Reagan, la violence à l’écran a été émoussée de toutes parts, et c’est logiquement le gore qui en prend plein la poire. On ne refera plus de films de zombies d’importance pendant dix ans, jusqu’au revival des macchabées ambulants insufflé par le remake de Zombie, L’armée des morts, de Zack Snyder, et le frénétique 28 jours plus tard de Danny Boyle, deux réussites qui inverseront la tendance, notamment au niveau de la violence, et relanceront l’intérêt du public pour des créatures de la tombe dont une génération de cinéphile n’avait guère vu les exploits carnassiers. En Europe, la production est aussi atone. Le cinéma bis italien, friand en revenants putrides dans les années 80, sera lui-même avalé par les contingences télévisuelles de l’ère Berlusconi.

La Nuit des Morts Vivants de Tom Savini : peu d’idées nouvelles

Aussi, les quelques idées gore de Savini (crâne éclaté et davantage d’impacts de balle…) tombent à l’eau face à la réticence de la MPAA, qui gère la classification des films aux Etats-Unis, et la version couleur est vidée de son hémoglobine substantielle. Pis, incapable de trouver une vraie légitimité métaphorique aux cadavres amateurs de chair fraîche, l’œuvre tournée par Tom Savini, alors en pleine procédure d’un divorce qui l’accaparait beaucoup, perd surtout de son intérêt tout court, se réduisant à une relecture insipide du classique qui, pour sa part, délivrait un message politique fort dans une Amérique en proie aux contestations culturelles et sociales d’une jeunesse, œuvrant notamment dans le sens des droits civiques. A ce jeu-là, Tom Savini n’a rien à dire, alors que son acteur principal, l’Afro-américain Tony Todd, sera trois ans plus tard le croquemitaine du formidable cauchemar social de Bernard Rose, Candyman, œuvre éminente dans le genre qui prouva que l’on pouvait encore tourner de l’horreur intelligente.

Savini déplacera donc seulement la singularité de son film dans le personnage de Barbara, éternelle victime subissant les attaques du film en 67-68, qui devient ici, dans la deuxième partie du remake, une tueuse de morts (et pas que !) froide, peu charismatique, un personnage de femme forte à la James Cameron, puisque l’on pense évidemment au personnage de Sigourney Weaver dans Aliens, le retour (1986) qui est cité souvent par Savini ou la comédienne Patricia Tallman dans différentes interviews, dès l’époque, et dans les bonus de cette édition 2019.

Un film culte à l’épreuve du temps ?

Si Tom Savini a redécouvert récemment ce premier long qu’il a peu aimé pendant longtemps au contact de ses fans, dans une salle de cinéma, on ne sera pas aussi enthousiaste que lui quant à cette production Menahem Golan. Le film n’est en soit nullement mauvais, mais son approche télévisuelle du genre, sans poésie du macabre ni souffle social, et son format 1 : 85, nous étouffent un peu. Les critiques n’ont jamais vraiment assassiné les efforts du spécialiste des effets spéciaux, et le public, avec le temps, a même largement contribué à faire de son premier long un succès de rétrospective, avec une note spectateur élevée sur IMDB (6.9 sur 36 650 votants, en 2019, pas mal pour une œuvre considérée initialement comme un bide).

De notre côté, on reste en droit de trouver le film fade et sans grand intérêt, malgré une tentative bienveillante de redécouvrir le film, une fois tous les 10-20 ans.

 

Tom Savini, son oeuvre

La nuit des morts vivants 1991 s'affiche

© Columbia TriStar –

Le Blu-ray 2019

Quasi inédit en salles en France – il n’est sorti qu’en province -, malgré sa sélection à Avoriaz en 1991, La Nuit des morts vivants a connu une carrière en VHS chez GCR (Gaumont Columbia RCA Vidéo), dans les années 90, avant de subir une sortie DVD, chez Columbia Tri Star, sans aucun bonus, au début des années 2000. L’éditeur Sidonis Calysta propose fort heureusement, en 2019, un digibook collector riche en suppléments, combo DVD et Blu-ray. Nous n’avons pu travaillé que sur le blu-ray test, et donc nous ne mentionnerons pas le packaging ou l’intérêt de la vingtaine de pages qui l’accompagnent, que nous n’avons pas consultées.

Suppléments : 4 /5

Vraiment très riche en bonus audiovisuels, l’édition 2019 propose une longue interview de Tom Savini, une autre de Patricia Tallman, un entretien avec les responsables des effets spéciaux du film, et surtout un documentaire consistant relatant toute cette (més)aventure.

Tout cela est passionnant, permettant de mettre en contexte les difficultés de production, les difficultés personnelles de Savini moins présent sur le tournage de la fin du film en raison d’un divorce où la garde de sa fille était en jeu, l’implication de George A. Romero… Vraiment du bon boulot qui se regarde volontiers d’une traite. Attention, il y en a pour plus d’1h30 !

Image : 3.5 / 5

Le master ne fera pas référence, même si il apparaît stable et propre. Son défaut principal réside dans un contraste peu prononcé. La copie est relativement sombre à cet ère magique des restaurations 4K. Nos yeux se sont habitués à tellement mieux.

Son : 4 / 5

Au niveau du son, on sera plus clément. La présence d’un 5.1 DTS HD Master Audio en version française permet de rendre le film un peu plus actif et alimente l’atmosphère tendue. On apprécie toutefois de retrouver la version française originelle, forcément, comme il est d’usage pour les vieux doublages, en 2.0.

Le site de l’éditeur 

Critique : Frédéric Mignard

Jaquette du bu-ray collector de La Nuit des morts vivants

© Columbia TriStar – Jaquette 2019 Sidonis Calysta

Les films de zombies au cinéma

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