Polar au scénario abracadabrantesque, La maleta déçoit par ses innombrables digressions hors sujet et sa réalisation quelconque, proche d’un pur produit Netflix.
Synopsis : Mario travaille à Madrid au bureau des objets trouvés. Un jour, on lui remet une valise trouvée au fond d’une rivière. À l’intérieur, Mario trouve des vêtements et des ossements d’enfants. La police n’étant pas résolue à enquêter, il décide alors de mener ses propres recherches, au péril de sa vie.
Un bon point de départ… et puis rien
Critique : Homme de télévision qui a multiplié les épisodes de séries télé ces dernières années, l’Espagnol Jorge Dorado n’a tourné jusqu’alors qu’un unique film de cinéma, à la lisière entre le film noir et la SF. Intitulé Mindscape (2014) à l’international, ce premier essai n’est jamais sorti dans les salles françaises, contrairement à son nouvel opus La maleta (2022) initialement présenté à Reims Polar et acheté par le distributeur indépendant KMBO.
Au visionnage de ce thriller au point de départ attractif, on se demande vraiment pourquoi le métrage a été programmé dans nos salles puisque le produit ressemble à s’y méprendre aux nombreux polars espagnols très moyens que l’on retrouve régulièrement sur Netflix. Le problème principal de La maleta – en réalité Objetos qui correspond bien mieux au sujet réel du film – vient de son script qui semble construit sous la forme d’un cadavre exquis, sans réelle logique entre ses trois parties distinctes. Le meilleur intervient malheureusement dans la première partie et ce sont ces éléments qui sont repris dans la bande annonce intrigante du film.
La maleta s’égare dans ses multiples sujets
Effectivement, le point de départ du long-métrage est réellement étrange avec la découverte d’une valise qui renferme les affaires d’un bébé, mais aussi son petit cadavre. Alors que la police décide de classer l’affaire très rapidement, l’homme qui est chargé des objets trouvés – interprété avec juste ce qu’il faut d’obscurité dans le regard par le Professeur de La casa de papel Álvaro Morte – cherche à savoir la vérité à propos de ce petit être oublié de tous. L’ambiance de cette première partie est sombre comme il faut et propose une enquête aux multiples ramifications.
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Malheureusement pour le spectateur, le mystère est très rapidement résolu par l’enquêteur improvisé et le métrage glisse alors vers la dénonciation des systèmes de prostitution des grands hôtels de luxe. Dès lors, La maleta se transforme en une version peu enthousiasmante de Tchao Pantin (Berri, 1983). Jorge Dorado enfonce toutes les portes ouvertes sur l’homme qui décide de sauver une jeune femme de l’enfer de la prostitution. Pour cela, il a recours à de dangereuses facilités narratives, à des coïncidences douteuses et des rebondissements peu crédibles.
Un propos lourd et terriblement maladroit
Pire, lorsque le long-métrage est délocalisé en Argentine, une troisième partie s’ouvre et s’égare dans le hors sujet total en traitant cette fois-ci de l’exploitation des mères porteuses par des mafieux sans scrupules. Autant dire qu’à ce stade, le spectateur avide de logique a déjà abandonné la partie et que le cinéaste use et abuse de la suspension d’incrédulité. Certes, nous comprenons qu’il souhaite ainsi évoquer toutes les formes de réification de l’être humain par des gens uniquement motivés par l’appât du gain, mais la lourdeur du propos gâche vraiment le plaisir du spectateur.
Réalisé sans grande originalité à l’image de tout ce que l’on peut désormais visionner à la télévision, La maleta ne justifie jamais sa présence sur grand écran par une quelconque maestria formelle. Même les acteurs, dont la plupart ont beaucoup officié au petit écran, semblent finalement assez peu concernés par ce qu’ils sont en train de jouer. Vraiment très décevant, le produit frelaté ne vaut aucunement de perdre son temps et son argent.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 24 mai 2023
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Biographies +
Jorge Dorado, Álvaro Morte, China Suárez, Verónica Echegui, Daniel Aráoz
Mots clés
La prostitution au cinéma, La traite des blanches au cinéma, La GPA au cinéma