La drôlesse : la critique du film (1979)

Drame | 1h28min
Note de la rédaction :
8/10
8
La drôlesse, l'affiche

  • Réalisateur : Jacques Doillon
  • Acteurs : Dominique Besnehard, Claude Hébert, Madeleine Desdevises, Christian Bouillette
  • Date de sortie: 23 Mai 1979
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Jacques Doillon
  • Distributeur : AMLF
  • Éditeur vidéo (blu-ray) : Gaumont
  • Sortie vidéo (blu-ray) : 29 novembre 2017
  • Box-office France / Paris-périphérie : 585 571 entrées / 186 397 entrées
  • Festival & Récompenses : Présenté au Festival de Cannes 1979 en sélection officielle (Prix du jeune cinéma au Festival de Cannes 1979), Sélection officielle Cannes 2021 (Cannes Classics, restauration 4K) / Nomination César du Meilleur réalisateur / Meilleur scénario, dialogue ou adaptation aux César 1980
  • Copyrights : © 1979 Gaumont – 2 BST Films / Conception affiche : Agence Ideodis. Tous droits réservés.
  • Reprise salle : 3 novembre 2021 (version restaurée 4K par Gaumont)
Note des spectateurs :

Jacques Doillon signe avec La drôlesse l’un de ses meilleurs films grâce à une histoire étonnante, originale et portée par deux acteurs principaux magnifiques. Attachant.

Synopsis : François, vingt ans, rejeté par son entourage, kidnappe Madeleine, treize ans. La fillette, tout d’abord apeurée, devient la complice de François et prend rapidement les rênes de ce jeu interdit.

Des moyens limités pour un huis-clos intense

Critique : Après le succès remporté par son adaptation d’Un sac de billes (1975), le réalisateur Jacques Doillon est sollicité par un certain nombre de producteurs qui lui proposent des projets commerciaux. Pourtant, loin de profiter de cette ouverture possible, le cinéaste refuse la totalité de ces propositions et préfère se consacrer à l’écriture de scripts personnels. Après quelques années de vaches maigres, il réussit à convaincre Yves Robert de financer deux projets coup sur coup.

Cela commence avec La femme qui pleure (1979) qu’il tourne avec Dominique Laffin dans sa propre maison. Puis il enchaîne directement avec La drôlesse (1979) qui reste encore aujourd’hui considéré comme l’un de ses meilleurs films. Tourné avec des moyens réduits, le long-métrage propose un huis-clos entre deux marginaux. D’un côté, François est un simple d’esprit qui est en opposition avec sa famille et enlève une gamine sur un coup de tête. De l’autre, la petite Mado est une enfant solitaire qui se sent mal aimée par sa mère. Ces deux êtres abandonnés finissent par se compléter et établir une relation faite d’innocence et de jeu.

La Drolesse de Jacques Doillon disponible en blu-ray

© 1979 Gaumont – 2 BST Films / Conception affiche : Agence Ideodis. Tous droits réservés. / Conception design : © 2017 Gaumont

Le jeu comme échappatoire au réel

Pour écrire cette histoire, Jacques Doillon s’est inspiré d’un fait divers réel, mais au cours duquel la gamine a déclaré avoir été effrayée par son ravisseur. Pourtant, Doillon prend le contre-pied de cette idée pour conter la complicité naissante entre les deux marginaux. Ainsi, progressivement, Doillon fait de la jeune fille un élément central de leur relation. Dotée d’un caractère fort et décidé, Mado est en réalité en pleine possession de son destin et instrumentalise son ravisseur. Elle cherche même à l’aguicher à de multiples reprises, jouant ainsi un jeu dangereux.

Toutefois, la particularité de cette relation est qu’elle ne débouche sur rien d’autre qu’un jeu permanent entre les deux. D’ailleurs, aucun malaise ne se dégage de cette étrange liaison. On ne songe même pas à la pédophilie, tant les deux semblent marqués du sceau de l’innocence. A chaque fois, les deux jouent au couple, aux amants, aux fugitifs, aux reclus, sans que le moindre sérieux ne s’immisce dans tout cela. C’est cet équilibre fragile qui fait tout le sel de La drôlesse, ainsi que son originalité. Le scénario pouvait aisément déboucher sur un fait divers sordide ou sur du pathos, mais Doillon leur préfère une sorte de candeur qui n’occulte pourtant pas l’extrême solitude des deux personnages.

La drôlesse à Cannes Classics 2021

© Gaumont, Malavida

Deux acteurs formidables pour un joli succès

L’ensemble repose sur une interprétation magistrale de la part des deux acteurs novices. Claude Hébert confirme ici la forte impression qu’il avait laissée avec son premier film Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… (Allio, 1976). La jeune Madeleine Desdevises fait preuve d’un naturel étonnant et s’impose ici comme une vraie révélation. Malheureusement, elle n’a pu confirmer cette belle performance puisqu’elle est décédée à l’âge de 15 ans des suites d’une leucémie mal diagnostiquée.

En tout cas, ce très joli couple de cinéma marque à jamais le spectateur par sa force et La drôlesse a bien mérité son succès inattendu en salles. Effectivement, ce budget très modeste a su conquérir le public d’alors en cumulant près de 600 000 entrées sur tout le territoire français. Cette belle performance a permis de confirmer les espoirs placés en Jacques Doillon qui affirmait une fois de plus sa place singulière au sein de la production hexagonale, ainsi que son goût pour des sujets liés à l’enfance et l’adolescence.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 mai 1979

Reprise : Sorties de la semaine du 3 novembre 2021

La drôlesse, l'affiche

© 1979 Gaumont – 2 BST Films / Conception affiche : Agence Ideodis. Tous droits réservés.

SORTIE CINEMA LE 3 NOVEMBRE 2021
Dans le cadre de la rétrospective
Jacques Doillon, jeune cinéaste
La Femme qui pleure & La Drôlesse avec Gaumont
La Vie de famille avec TF1

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