La dame du vendredi : la critique du film (1945)

Comédie | 1h32min
Note de la rédaction :
8/10
8
Screwball Comedy, le coffret Montparnasse

  • Réalisateur : Howard Hawks
  • Acteurs : Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy
  • Date de sortie: 12 Jan 1945
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : His Girl Friday
  • Année de production : 1940
  • Scénaristes : Charles Lederer d'après la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur
  • Directeur de la photographie : Joseph Walker
  • Compositeur : Sidney Cutner
  • Distributeur : Columbia
  • Editeur vidéo : Editions Montparnasse (VHS / DVD Collector / Coffrets DVD)
  • Sortie vidéo (coffret DVD) : 13 novembre 2019
  • Budget : 296 000 $
  • Format : 1.37 : 1 / Noir et blanc / Son : Mono
Note des spectateurs :

Comédie de la logorrhée verbale, La dame du vendredi dynamite la pièce de Ben Hecht sur le journalisme pour un résultat euphorisant, à la folie contagieuse. Un classique.

Synopsis : Hildy Johnson vient de divorcer de Walter Burns, le rédacteur en chef du journal pour lequel elle travaille. Elle annonce à son ex-mari qu’elle démissionne pour se marier à Bruce Baldwin, un assureur qui mène une vie calme. Mais Walter lui demande de couvrir un dernier évènement : l’exécution d’un condamné à mort qui clame son innocence. Hildy interviewe le condamné qui en profite pour s’échapper.

Une nouvelle adaptation de The Front Page, avec une femme dans le rôle principal

Critique : A la fin des années 20, Ben Hecht et Charles MacArthur triomphent avec leur pièce The Front Page qui décrit par le menu l’activité d’une salle de rédaction d’un journal. Elle fut un tel succès que le cinéma s’est vite emparé de l’idée avec The Front Page (Milestone, 1931), interprété par Adolphe Menjou dans le rôle principal.

His Girl Friday (La Dame du Vendredi) de Howard Hawks

Films issus du domaine public. © Coffret 3DVD 2019 Edtions Montpaernasse. Tous droits réservés. Photo DR, proposées par Les Edtions Montparnasse

Ayant déjà collaboré avec Ben Hecht sur plusieurs scripts dont celui de Scarface (1932), le réalisateur Howard Hawks envisage de tourner à la fin des années 30 une nouvelle version de la fameuse pièce. Pour se démarquer de l’autre film, Hawks demande la permission de transformer un des personnages de la pièce en en faisant une femme, ce que Ben Hecht accepte volontiers.

Le débit de paroles le plus rapide de l’histoire du cinéma

Hawks introduit ainsi un élément de modernité qui fait tout le prix du film de nos jours. Effectivement, le grand reporter qui envisage de tout plaquer du jour au lendemain est désormais une jeune femme décidée à se remarier. Le fait d’introduire un triangle amoureux au cœur d’une intrigue destinée au départ à décrire la folle excitation liée au métier de journaliste permet de donner une dynamique supplémentaire au long-métrage.

Autre volonté originale de Hawks, tous les dialogues sont déclamés à une vitesse folle, histoire de ne jamais laisser le temps au spectateur d’anticiper ce qui va se passer. Il s’agit même d’un des premiers films où les acteurs s’expriment en même temps les uns les autres. Avec ces dialogues qui se chevauchent, Hawks traduit ainsi verbalement l’effervescence qui peut régner dans une salle de rédaction d’un journal.

Un trio d’acteurs à l’alchimie parfaite

Le long-métrage commence comme une traditionnelle comédie de remariage, avec un trio absolument remarquable formé par Cary Grant, Rosalind Russell et Ralph Bellamy. Le premier quart d’heure qui permet de poser les bases de l’intrigue sentimentale est un modèle d’horlogerie comique. Non seulement les acteurs se renvoient la balle avec bonheur, mais les situations drolatiques sont magnifiées par des réparties cinglantes particulièrement savoureuses. Les manigances de Cary Grant pour conserver à la fois son ex-femme et sa meilleure reporter sont absolument jubilatoires.

His Girl Friday (La Dame du Vendredi) de Howard Hawks

La Dame du vendredi – Film issus du domaine public. © Coffret 3DVD 2019 Edtions Montpaernasse. Tous droits réservés. Photo DR, proposées par Les Edtions Montparnasse

On regrette alors que le trio se sépare et que Cary Grant disparaisse de l’écran durant vingt bonnes minutes. Effectivement, même si Rosalind Russell est d’un charisme fou à l’écran, il lui manque ensuite un partenaire à sa hauteur pour lui donner la réplique. Il s’agit dès lors de reprendre le fil de la pièce d’origine et de décrire le milieu du journalisme, avec humour. Au passage, les auteurs en profitent pour égratigner le personnel politique en dénonçant leurs magouilles électorales. L’air de rien, le film aborde des thèmes très sérieux comme la corruption, la peine de mort et même le suicide, mais toujours avec un rythme endiablé et des réparties qui font rire.

Un timing comique d’une redoutable précision

Après ce léger passage à vide, la comédie reprend toutes ses couleurs avec le retour du personnage de Cary Grant et la dissimulation du criminel en fuite dans un bureau de la salle de presse. Mieux, Howard Hawks semble totalement survolté, osant faire hurler ses acteurs à tout bout de champ et ne leur laissant pas une seule seconde pour souffler ou respirer.

Finalement Hawks tire la pièce de Ben Hecht vers la screwball comedy, avec des passages assez délirants de logorrhée verbale. Autant dire que tous les acteurs sont formidables dans cet exercice de haute volée. Il fallait effectivement un sens aigu du timing comique pour pouvoir tenir la distance sur l’ensemble d’un film.

La dame du vendredi, toujours efficace de nos jours

Gros succès aux Etats-Unis, La dame du vendredi n’est parvenu sur les écrans français qu’à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale, au mois de janvier 1945. On signalera d’ailleurs la maladresse de la traduction littérale du titre original, puisque Friday faisait référence au Vendredi de Robinson Crusoé, nuance qui a disparu de la traduction française erronée.

Aujourd’hui considéré à juste titre comme un des sommets de la comédie américaine de l’âge d’or, La dame du vendredi peut se déguster sur divers supports et plateformes, puisque le long-métrage est tombé dans le domaine public. On notera enfin que la pièce de Ben Hecht a encore été adaptée deux fois au cinéma par la suite. Il s’agit de Spéciale première de Billy Wilder en 1976 avec Jack Lemmon et Walter Matthau et de Scoop de Ted Kotcheff avec Burt Reynolds, Kathleen Turner et Christopher Reeves en 1988.

Film compris dans le coffret sur la Screwball Comedy édité par les Editions Montparnasse

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 12 janvier 1945

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Screwball Comedy, le coffret Montparnasse

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