Kristen Stewart et Laura Dern relatent l’histoire incroyable mais vraie d’un mensonge polémique qui secoua la sphère des people, et les coulisses autour de la création du film Le livre de Jérémie d’Asia Argento, inspiré d’une histoire vraie, mais médiatiquement interprétée par un avatar.
Synopsis : L’incroyable histoire vraie de Jeremiah Terminator Leroy, coqueluche des médias pendant des années. Jeune auteur queer adulé, J.T. Leroy fascinait autant par ses textes que par sa personnalité atypique. Garbage lui a écrit une chanson, Gus Van Sant le voulait dans son film, Madonna et Courtney Love en étaient des aficionados… Seulement J.T. Leroy n’a jamais existé !
Les coulisses insolites du film Le livre de Jérémie d’Asia Argento
Critique : On se souvient tous de Le livre de Jérémie, drame naturaliste glauque qu’Asia Argento avait réalisé en 2004 et qu’elle avait fièrement portée sur la Croisette. Toute une histoire aux secousses sismiques qui ébranleront le microcosme des peoples avec les rebondissements post #MeToo, dénonçant les rapports ambigus entre la star italienne et l’acteur Jimmy Bennett attaquant la réalisatrice qui l’a porté à la célébrité.
L’histoire vraie d’un avatar, Jeremiah Terminator Leroy
Le livre de Jérémie avait été coécrit par J.T. LeRoy, d’après son propre ouvrage où le jeune homme dépeignait un univers de junkies et de prostitution qui avaient fait son enfance et adolescence. Entre une mère ravagée qui se prostituait sur les airs d’autoroute et des placements dans des foyers, rien n’avait arrangé son équilibre.
Officiellement, J.T. LeRoy s’était sorti de ce misérabilisme naturaliste et en avait tiré ses mémoires. Rebondissement, on découvre assez vite, que J.T. LeRoy n’existe pas et n’est qu’un personnage créé sur la place publique, un avatar guidé par l’auteure, Laura Albert, celle qui avait vraiment vécu les exactions familiales. Laura Albert s’était mise à nu sur le papier via un alter ego masculin et, pour différentes raisons, principalement psychologiques, n’a pas pu, su (voulu ?) affronter le poids de la biographie dans la promotion de l’ouvrage qui cartonne contre toute attente. Elle a ainsi demandé à la sœur de son ami, jeune femme androgyne un peu paumée, de devenir la représentation physique et médiatique de son alter ego littéraire, J.T. Le Roy.
Diane Kruger est Eva/Asia
J.T. Le Roy trouble et fascine Hollywood, son histoire fait des ravages auprès des plus grandes stars, de Madonna à Courtney Love (présente physiquement dans le film, et au générique via l’un des morceaux phare de son ancienne formation musicale, Hole), et fascine en particulier Asia Argento, devenue dans ce biopic Eva à laquelle Diane Kruger donne ses traits de façon inattendue. Jamais l’actrice européenne n’était apparue aussi prédatrice à l’écran, ajoutant une gamme à son impressionnante carrière.
J.T. Leroy, vraie arnaque pour faits réels
Le biopic présente forcément de nombreuses zones d’intérêt pour ceux qui ont suivi cette surprenante affaire, immortalisée par le festival de Cannes, d’autant que le casting androgyne de Kristen Stewart en relève la saveur, bien que l’actrice ne transcende pas le personnage, le laissant balbutier à la façon de beaucoup de marginaux que l’actrice a pu jouer dans le cinéma indépendant (Welcome to the Rileys, The Runaways, Sur la route, Personal Shopper…). Face à Laura Dern à la personnalité volontairement étouffante à l’écran, Kristen Stewart compose peu, mais charme bien plus que dans ses incartades hollywoodiennes récentes (Charlie’s Angels, Underwater) où elle n’était pas à l’aise.
Une mise en scène trop sobre pour une histoire qui ne l’est pas
Le talent des comédiennes est quelque peu limité par la réalisation lisse de Justin Kelly. Le réalisateur avait déjà peu brillé lors de la réalisation de King Cobra. Il s’agissait alors d’un autre biopic sexué, cette fois-ci sur la star du porno gay Brett Corrigan, qui trempait dans le meurtre, avec la bénédiction de James Franco, jamais le dernier pour embrasser des projets tordus.
Une histoire curieuse qui dépasse les platitudes du film
Au final, J.T. LeRoy ne froissera pas Asia Argento ; le film restera très en retrait dans les émotions de personnages dont le socle psychologique est relégué au dernier plan. Le cinéaste préfère s’essayer à une critique en demi-mot du milieu des médias peu soucieux de la vérité qui se cache sous le vernis des apparences.
J.T. LeRoy est un objet de curiosité au casting bien campé, mais qui méritait un réalisateur d’une trempe toute autre pour vraiment satisfaire.
Le test DVD
Metropolitan FilmExport a fait le choix de ne pas sortir le film en salle en période de coronavirus. N’y croyant pas totalement, l’éditeur le propose exclusivement en DVD et s’évite des frais avec un blu-ray que peu de monde aurait acheté.
Compléments : 0/5
Rien autour du film, pourtant, il y avait matière à approfondir l’extraordinaire contexte autour du film. Même Diane Kruger n’était pas disponible pour une featurette.
Image : 4.5/5
Faute d’un support HD, Metro offre la meilleure copie vidéo possible sur son support SD. L’apport colorimétrique, l’appui d’un contraste soigné, tout confère à la galette d’authentiques qualités qui permettent de ne pas regretter le support blu-ray.
Son : 3.5 / 5
Copie sans DTS, parée d’un simple Dolby Digital 5.1. On évite la piste française qui ne permet pas de profiter du jeu sur les voix autour de l’usurpation d’identité, à laquelle se prête Kristen Stewart. La piste originale demeure louable, la production souvent intimiste ne jouant pas sur des exploits d’effets surround.