Fréquence meurtre : la critique du film (1988)

Policier, Thriller | 1h43min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Fréquence meurtre, l'affiche

Note des spectateurs :

Rare exemple de thriller français avec psycho-killer, Fréquence meurtre a le mérite d’exister, par-delà ses nombreux défauts. Catherine Deneuve y est rayonnante et demeure l’unique intérêt du métrage.

Synopsis : Médecin au service d’urgences psychiatriques, Jeanne Quester anime la nuit une émission de radio où elle aide les auditeurs à résoudre les problèmes de leur vie. Un soir, une voix la replonge dans le cauchemar de l’assassinat de ses parents, survenu vingt-cinq ans plus tôt.

Un thriller français sous haute influence américaine

Critique : Publié dans la célèbre collection Série Noire en 1984 sous le titre Radio-Panique, le roman policier de Stuart Kaminsky initie alors le cycle des enquêtes de l’inspecteur Lieberman à Chicago qui comprendra par la suite une vingtaine de titres. Elisabeth Rappeneau, déjà connue comme scénariste de son frère Jean-Paul, en écrit une adaptation française, avec l’aide de Jacques Audiard, grand spécialiste du film noir. Le tout est financé par Les Films de la Guéville, société de production de Danièle Delorme et Yves Robert, qui compte redonner ses lettres de noblesse au thriller français à travers une œuvre largement influencée par le cinéma américain.

Rare exemple de psycho-killer français, Fréquence meurtre (1988) a été vendu au grand public comme une tentative d’adapter des histoires sombres, à la lisière du film d’horreur, dans un contexte français. Et de fait, Elisabeth Rappeneau tente à plusieurs reprises de donner une allure moderne à son thriller psychologique. Tout d’abord, elle fait de l’appartement de l’héroïne un grand loft comme on en voit habituellement dans les polars américains. Ensuite, elle emploie une musique pop destinée à séduire les plus jeunes et tente de faire de vastes mouvements d’appareils qui contrastent avec une réalisation plutôt sage dans l’ensemble. Enfin, quelques plans bien sanglants viennent bousculer le spectateur, ce qui est plutôt rare dans la production française classique.

Malgré la bonne volonté, le script ne suit pas

Malheureusement, ces efforts, réels, s’effondrent face à l’inconséquence du scénario qui traîne en longueur. Fondé sur un classique whodunit, le script paraît bien trop balisé pour que l’on ne se doute pas vingt minutes à l’avance de ce qui va advenir. Ainsi, la fausse piste apparaît trop fléchée pour qu’on ne la repère pas à des kilomètres. Il ne sera pas très difficile au spectateur lambda de trouver quel est le véritable coupable, même si on ne comprend pas tout de suite ses motivations.

En souhaitant moderniser à tout prix son film, Elisabeth Rappeneau a également commis l’erreur de l’ancrer irrémédiablement dans son époque. Désormais, la musique de Philippe Gall ressemble à s’y méprendre à toutes celles qui ont illustré les séries télévisées françaises des années 90 comme Navarro. Cela estampille Fréquence meurtre comme un vague téléfilm du samedi soir, mais aucunement comme une œuvre de cinéma. La réalisation est inégale, parfois même maladroite dans son approche du suspense, chaussant des gros sabots qui ruinent ses tentatives de suspense. Et que dire de sa publicité racoleuse pour une certaine radio libre de l’époque, vraiment pas discrète !

Un film mou, sauvé en partie par la magnifique Catherine Deneuve

Dans cet ensemble quelque peu décevant et ennuyeux, on sauvera bien évidemment les acteurs, tous convaincants. Ainsi, Catherine Deneuve illumine le film de sa présence magnétique, et ceci même si la psychologie de son personnage reste trop sommaire. On apprécie également André Dussollier et Etienne Chicot. Même Martin Lamotte s’en tire plutôt bien en inspecteur de police, lui qui était plutôt abonné aux rôles comiques à l’époque.

Toutefois, cela n’empêche nullement ce Fréquence meurtre d’être passablement ennuyeux, notamment à cause de son scénario inabouti. Le film devait initialement permettre à Catherine Deneuve de revenir sur le devant de la scène en cette fin des années 80 où elle a connu plusieurs revers au box-office. Pourtant, Fréquence meurtre ne tient pas ses promesses et ne rencontre qu’un timide accueil avec un peu moins de 500 000 entrées sur toute la France. A Paris, le film n’entre qu’à la sixième place du box-office, la semaine de sa sortie. Au national, il termine à la 56ème marche du podium annuel et finit par tomber rapidement dans l’oubli, n’étant quasiment jamais programmé à la télévision. De son côté, Elisabeth Rappeneau s’est orientée vers la télévision où elle a réalisé depuis une petite trentaine de téléfilms.

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Critique de  Virgile Dumez 

Les sorties de la semaine du 30 mars 1988

Fréquence meurtre, l'affiche

© 1988 Gaumont – CAPAC – France 2 Cinéma / Illustrateur : Taulé. Tous droits réservés.

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