Baroud d’honneur plutôt efficace, Expendables 4 risque bien d’être le chant du cygne d’une saga à bout de souffle, même si on est loin du ratage du troisième volet grâce à l’implication de Jason Statham, toujours au top de sa forme.
Synopsis : Les Expendables doivent faire face à un groupe de terroristes mené par Rahmat, qui souhaite déclencher une troisième guerre mondiale. Après le décès de Barney Ross, les « anciens » Lee Christmas, Toll Road et Gunnar Jensen seront accompagnés dans cette mission par trois nouveaux membres : Easy Day, Galan et Lash ainsi que Gina, ex-petite-amie de Christmas. Ils feront tout leur possible pour empêcher un nouveau conflit mondial.
Expendables 4, l’épisode le plus cher de la saga
Critique : Si les deux premiers volets d’Expendables ont pu séduire les nostalgiques des films d’action des années 80 avec leur cortège de vieilles gloires sur le retour, le numéro 3 réalisé par Patrick Hughes en 2014 a généralement fait l’unanimité contre lui. L’écriture bâclée et la réalisation chaotique en ont fait un échec immédiat aux Etats-Unis. Pourtant, le long-métrage a fini par être une bonne affaire grâce aux recettes internationales.
De quoi motiver la création d’un épisode supplémentaire, et ceci dès le milieu des années 2010. Pourtant, il a fallu attendre 2021 pour que le tournage débute enfin à Londres, mais aussi en Grèce et en Bulgarie – une habitude de la maison de production Millenium qui a tout de même déboursé la coquette somme de 100 millions de dollars. Pourtant, on a le sentiment un peu désagréable que l’essentiel de l’argent est passé dans le salaire des stars, d’utant que le film souffre d’effets numériques parfois aléatoires.
Stallone passe le flambeau à Jason Statham, et c’est tant mieux!
Annonçant d’abord son intention d’en faire le dernier volet de la saga, Sylvester Stallone a finalement révisé son jugement et annoncé qu’il s’agissait du premier volet d’une nouvelle trilogie. Sans doute l’acteur s’est-il engagé un peu vite puisque les premiers chiffres catastrophiques venus des Etats-Unis et également de France indiquent que le public ne veut plus retrouver les vieux baroudeurs et leur amis bourrins.
Sylvester Stallone, jusque-là maître des opérations, semble ici passer le flambeau à Jason Statham qui est le véritable personnage principal de ce quatrième opus. Et tant mieux ! Pourtant, les cinq premières minutes d’Expendables 4 font craindre un naufrage encore pire que le troisième volet. Ainsi, la scène de ménage entre Jason Statham et sa dulcinée incarnée avec énergie par Megan Fox nous renvoie directement à ce qu’il y a de pire dans le cinéma américain, à savoir un jeu uniformément exagéré et un humour lourd plombé par des dialogues stupides. L’intervention de Sylvester Stallone, désormais incapable de jouer à cause d’un visage figé dans l’inexpressivité, vient confirmer l’ampleur du désastre. Heureusement, cette entrée en matière s’efface très vite car les scénaristes ont eu conscience que le spectateur ne vient pas voir un Expendables pour suivre les histoires sentimentales des protagonistes.
Expendables 4, de l’action non stop… ou presque
Et effectivement, en moins d’un quart d’heure, le spectateur assiste à l’assaut impressionnant d’une base militaire où sont cachés des détonateurs nucléaires. Cette opération risquée s’avère un pur désastre pour nos Expendables qui perdent au passage un membre éminent de leur groupe.
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Endeuillée, la team – car on pense fortement à la saga Fast and Furious – va donc chercher à se venger, tout en traquant un dangereux terroriste interprété avec efficacité par le toujours impressionnant Iko Uwais (le diptyque génial The Raid). Dès lors, Jason Statham devient le protagoniste principal de cette aventure, agréablement secondé par Megan Fox – encore incroyablement préservée des affres du temps – mais aussi par les solides 50 Cent, Dolph Lundgren et Tony Jaa. Ce dernier nous offre d’ailleurs quelques excellents moments d’arts martiaux dont il a le secret. Toutefois, Jason Statham n’est pas en reste et donne beaucoup de sa personne dans un rôle qu’il maîtrise de bout en bout.
Un scénario prévisible, mais dynamité par une action pétaradante
Très proche de Piège en haute mer (Andrew Davis, 1992) avec Steven Seagal, le script nous invite à bord d’un cargo qui contient une arme nucléaire, et dans lequel se glisse un grain de sable nommé Jason Statham. Dès lors, le jeu du chat et de la souris peut donner lieu à une série de scènes d’action, de fusillades et de cascades qui sont plutôt bien gérées par le réalisateur Scott Waugh, lui-même ancien cascadeur. Sa réalisation, sans être extraordinaire, a le mérite de choisir la lisibilité de l’action au sur-découpage qui charcute tant de films d’action actuels.
Certes, Expendables 4 déroule un scénario prévisible à cent pour cent – vous devriez identifier le traitre en quelques minutes seulement – mais le spectacle est suffisamment bien exécuté pour que l’on puisse y prendre un plaisir simple. Constitué à 90 % de scènes d’action, Expendables 4 offre donc au spectateur ce qu’il est venu chercher, sans jamais se prendre la tête ou essayer de s’élever au-delà de son statut de série B décérébrée.
Visiblement, le grand public semble se détourner de ce type de divertissement bourrin dopé à la testostérone, si l’on en croit les premiers résultats américains piteux. La France semble suivre la tendance, ce qui devrait précipiter les plus anciens du casting vers la maison de retraite la plus proche. Une page se tourne, sans doute définitivement.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 11 octobre 2023
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Scott Waugh, Dolph Lundgren, Sylvester Stallone, Jason Statham, Andy Garcia, Tony Jaa, Randy Couture, Curtis “50 Cent” Jackson, Megan Fox, Iko Uwais