Durango encaisse ou tue est un western au capital sympathie indéniable, à réserver toutefois aux amateurs du genre bienveillants.
Synopsis : Durango est un percepteur. Il ramène de l’argent volé à ses clients en encaissant dix pour cents de la somme. Quand le banquier Ferguson refuse de le rétribuer à la hauteur de ses demandes, la situation s’envenime très vite.
Critique : A l’origine, Durango encaisse ou tue était censé être le deuxième épisode d’une trilogie où Brad Harris, également producteur, incarnerait une sorte de succédané de Sartana. Dire que cette trilogie manque de cohérence serait un doux euphémisme. Dans le premier film, Wanted Sabata (1970), Harris incarnait un certain Sabata, alors que dans celui qui nous intéresse ici, il se fait appeler Durango. Quant au troisième épisode, il s’agit d’un assemblage de rushes des deux premiers intitulé Seminò morte… lo chiamavano il castigo di Dio (1972), inédit en France.
Durango encaisse ou tue nous présente une galerie de portraits peu convaincants…
L’un des plus gros écueils de ce Durango encaisse ou tue réside dans son casting. Brad Harris, acteur culturiste de péplum n’est pas vraiment indiqué pour ce type de rôle. Il peine à incarner un cow-boy taciturne crédible. Ses rouflaquettes et son costume le desservent, et lui confèrent un charisme restreint. Il est affublé d’un sidekick que beaucoup trouveront très vite agaçant, le mexicain El Tuerto. José Torres cabotine à outrance en singeant Eli Wallach ou Tomás Milián, même s’il faut reconnaître qu’il parvient parfois à égayer le métrage. Gino Lavagetto incarne quant à lui un antagoniste assez plat, loin de transfigurer l’éternelle figure de banquier véreux si chère au genre.
…mais se révèle plutôt agréable sur le plan artistique
Roberto Bianchi Montero, le réalisateur, doit composer avec un budget restreint, mais parvient à sauver les meubles. Le film semble avoir été tourné en Italie, et les décors, s’ils sont verdoyants, ne sont pas trop laids. Certains jolis paysages de montagne sortent du lot. L’éclairage est plutôt réussi, notamment pour les scènes nocturnes où à l’intérieur d’une grotte. La réalisation est classique mais efficace, et quelques rares mouvements de caméra viennent dynamiser l’ensemble. En sus, les scènes d’action sont correctement réalisées, même si elles auraient pu être plus ambitieuses et nombreuses.
Durango encaisse ou tue propose un scénario efficace qui se laisse suivre avec plaisir
Mario Guerra et Vittorio Vighi signent un script assez simple, mais parvenant à éviter les longueurs. Ils se payent également le luxe d’introduire quelques idées originales. Ainsi, le personnage de percepteur est assez novateur, et certains gimmicks le rendent mémorable. Il demande toujours dix pour cent de l’argent qu’il rapporte et laisse dix secondes à ses cibles pour encaisser ou tuer. De même, la scène où El Tuerto s’évade de prison grâce à un serpent est plutôt intéressante. Nonobstant, les limites budgétaires affectent parfois la cohérence du tout. On ne nous montre pas comment le banquier arrive à faire croire à sa mort à un village tout entier à un moment du film. On se demande aussi comment il a pu mettre à genoux un village avec les seuls deux hommes de main beaucoup trop récurrents du film. Heureusement, Coriolano Gori nous livre une partition sympathique, usant intelligemment de la guitare électrique, qui contribue à l’appréciation globale du métrage.
Durango encaisse ou tue est un film à contre-courant
Pour finir, saluons l’aspect sérieux de ce Durango encaisse ou tue, quand bien même les précédents westerns des scénaristes étaient comiques. En effet, le film, bien qu’arrivant en pleine vague du western parodique, ne cède pas à la facilité. Si l’on est loin d’être devant un chef d’œuvre, cette pellicule propose un divertissement sympathique qui a eu le mérite de ne pas trop contribuer à l’inexorable décadence du genre alors en marche.
Critique : Kevin Martinez