Chronique eighties d’une jeunesse décalée, avec Agnès Jaoui et Denis Podalydès. Du vent dans mes mollets est surtout une douce brise de fraîcheur.
Synopsis : Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d’amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de l’intrépide Valérie.
Mère névrosée, fille, mode d’emploi
Critique : Nouvelle réalisation de Carine Tardieu, remarquée en 2006 avec La tête de maman, Du vent dans mes mollets revient sur un thème central chez la cinéaste, à savoir la relation à la mère. Si son premier film s’intéressait à une ado de quinze ans, ici ce sont les rapports entre un petit bout de chou de neuf ans, un peu tristounet, et sa maman excentrique qui l’intéressent.
La mère est incarnée par Agnès Jaoui, dont on apprécie le retour quatre ans après Parlez-moi de la pluie. La comédienne s’amuse de son corps vieillissant, en toute humilité, dans la peau d’un personnage figé dans ses névroses, qui étouffe son mari un peu mou, à jamais privé de relations charnelles, et sa fillette qui ont tous deux bien besoin d’un vent de liberté.
Un conte initiatique salvateur
Comment vient se singulariser Du vent dans mes mollets dans la chronique initiatique d’une jeunesse un peu paumée dont le cinéma français aime se repaître avec un franc succès ? Déjà, en évitant soigneusement les travers potaches des Ducobu & Cie alors à la mode. Le film se plaît à jouer la carte rétro (l’intrigue se déroule au début des années 80) quand beaucoup insistent sur un ancrage contemporain (les films de Céline Sciamma, comme Naissance des pieuvres et la musique de Para One en 2007). Et surtout, la réalisatrice et écrivaine pour les enfants, reste proche de la réalité des choses (la première expérience de la mort et le regard enfantin sur la sexualité), sans faire de la concurrence au drame social comme le remarquable L’enfant d’en haut d’Ursula Meier qui sortait la même année.
Du vent dans mes mollets soufflait fraîcheur et facétie dans le cinéma français
Tardieu livre une œuvre personnelle éminemment plaisante. Elle apporte fraîcheur et facétie (la copine rebelle de l’héroïne est adorable) sans se contenter de chercher à plaire aux seules gamines. Il est évident qu’avec les personnages secondaires adultes en or que jouent Jaoui, Denis Podalydès, Isabelle Carré et Isabella Rossellini, une attention toute particulière est apportée au public adulte, qui appréciera la peinture d’une France des classes moyennes typique du début des années 80.
A la fin du mois d’août 2012, l’heure de la rentrée avait presque sonné ! Et plus de 600 000 spectateurs se sont laissés emporter par la brise. Du vent dans mes mollets demeure encore très fort dans les souvenirs et se conseille indubitablement, une décennie après.
Biographies +
Carine Tardieu, Isabelle Carré, Denis Podalydès, Isabella Rossellini, Agnès Jaoui, Judith Magre, Hervé Pierre, Christian Hecq, Anna Lemarchand