Plus gros succès de la franchise, Destination finale 4 compense efficacement son absence de surprise narrative et sa durée ultra réduite (1 heure et vingt-deux minutes) par un recours salvateur au relief spectaculaire.
Synopsis : Alors que Nick et ses amis s’apprêtent à s’amuser devant une course automobile, celui-ci a une prémonition horrifiante : un terrible concours de circonstances fait voler en éclat une voiture de course, projetant des débris enflammés qui achèvent brutalement ses amis et fait s’écrouler sur lui une rangée des tribunes. En proie à la panique, Nick parvient à convaincre sa copine Lori et leurs amis Janet et Hunt de quitter les tribunes seulement quelques secondes avant la réalisation de son effroyable vision…
Persuadé d’avoir échappé à la mort, le groupe d’amis semble avoir une seconde chance, mais malheureusement pour Nick et Lori, ça ne fait que commencer. Alors que ses prémonitions se poursuivent et les survivants commencent à mourir les uns après les autres – de façon de plus en plus brutale – Nick doit trouver le moyen d’échapper à la mort une fois pour toute, à moins d’atteindre, lui aussi, sa destination finale.
Affiche : Troïka. © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Critique : La franchise des Destination finale s’ébroue à hurler que la mort tue ! Et oui, on savait tous que la vie, parfois, pouvait être une chienne, mais la faucheuse, elle, quand elle rappelle à l’ordre ceux qui lui ont échappé, peut se montrer particulièrement vicieuse. On se souvient en vrac des ingrédients complètement dingues qui ont fait la réputation de la série : un carambolage monstre, un grand huit vrillé des méninges, une explosion d’avion en plein vol à décrocher les fauteuils, des bimbos flambant dans leur caisson de bronzage, un métro hors de contrôle…
Les trépas sont donc “mortels” dans la saga de la mort qui tue, toujours plus tarabiscotés les uns que les autres, jouant du paroxysme sadique rigolard et douloureux où le spectateur est invité à voir la mort des protagonistes partout et à leur imaginer le pire comme agonie. Bref, l’audience est carrément conviée à scénariser ses propres sévices dans une mise en abîme macabre qui méritait bien un quatrième volet.
Mise en abîme mortelle dans Destination finale 4 © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Sans surprise dans la morgue du slasher post-Scream, Destination finale 4 est dans la pure lignée de ses honorables prédécesseurs. Après le scénar malin du premier, la surenchère humoristique et spectaculaire du second et l’exploitation fun mais pépère du troisième, ce nouvel épisode, dont le point de départ est cette fois-ci un massacre percutant lors d’une course automobile, évolue dans le zéro surprise, y compris dans l’absence de caractérisation des personnages, d’ailleurs aucun des protagonistes du film ne parviendra à devenir une vedette. C’est un peu la malédiction d’une franchise qui broie du jeune adulte sans complexe puisque le personnage dans cette série relève de l’archétype dépourvu du moindre caractère humain. Tuer le néant psychologique pour permettre à la conscience de chacun de ne pas se perdre dans les remorts.
Affiche teaser : Troïka. © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Pour s’assurer tout de même que les spectateurs ne se lassent pas du principe répétitif du concept (un groupe survit à un accident mortel, la mort essaie de les récupérer dans l’ordre supposé de leur fin), les producteurs ont opté pour l’utilisation de la 3D, ce qui a doublé le budget moyen de la saga (40M$ contre 20-25M$ pour les 3 premiers films).
On se situe dans le temps 4-5 mois avant la sortie phénoménale d’Avatar de James Cameron qui va faire de la technologie une arme de reconquête des salles. Quelques productions comme Voyage au centre de la terre 3D, Meurtres à la Saint-Valentin, le concert filmé U2 3D ou encore le conte animé Coraline ont devancé James Cameron.
Bien en a pris à New Line, derrière Final Destination, l’histoire est effectivement redondante et on s’ennuierait presque s’il n’y avait pas cet atout technologique de choix qui vise à nous amuser via le sursaut macabre.
Bobby Campo et Shantel Vansanten dans Destination Finale 4 © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Le réalisateur David R. Ellis -celui qui a mis en boîte le meilleur volet de la franchise, le second et qui a été sommé de remonter le niveau après le 3 jugé moins qualitatif-, n’utilise pas le relief pour augmenter la profondeur de champ et distiller de la subtilité aux images, contrairement à la plupart des productions de son époque. Il abuse des effets – objets contondants volants, tripaille aérienne, projectiles pervers – pour nous en mettre plein la tête à l’instar des personnages qui finissent souvent éclaboussés de sang. A grand recours d’effets numériques, ce bruyant avatar (le générique très rock) ne s’offusque pas des massacres ; il écrase et broie avec le lissage d’une technologie qui offre beaucoup et diminue les effets tout autant.
Pour cette raison, Destination finale 4, segment le plus faible de la série, même si très routinier, mérite un petit coup d’œil amusé mais dans les meilleures conditions de visionnage.
Dommage, la mode de la 3D est passée, en salle et en blu-ray 3D. Doit-on donc le revoir ? Pas forcément.
Bobby Campo dans Destination Finale 4 – © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Triomphe absolu de la saga, Destination finale 4 a réalisé 66 477 000$ de recettes aux USA, soit 12 millions de plus que le volet 3. C’est le meilleur résultat pour un film de la franchise originelle de 5 films. Mais attention, en raison du filmage en 3D, le budget avait considérablement enflé, passant à 40M$ contre 25M pour le 3e épisode pour lequel le relief avait été envisagé avant d’être abandonné en raison d’une technologie plus limitée ou trop chère.
Malgré tout, l’épisode 4 sera un carton mondial, avec plus de 186M$ de recettes globales, loin devant le 5e épisode qui le suit avec 157M$.
Outre les USA, on remarquera une accentuation de la performance au Royaume-Uni (20M$), en Russie (14M$), en Allemagne (12.6M$) et en France, 5e marché de la série avec 8 770 000$.
Concrètement, avec 1 110 898 entrées, cet épisode deviendra aussi en France le plus gros succès de la franchise initiale. Cela vaut au teen movie d’incorporer le top 50 annuel et devenir le meilleur résultat de Metropolitan FilmExport en 2009 devant District 9 de Neill Blomkamp, 17 ans encore avec Zac Efron.
Destination finale, un rafraichissement mortel. © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Les autres films d’horreur de l’année 2009 n’ont pas pu entrer en compétition avec ce champion : Jusqu’en enfer, qui marquait le retour à l’hémoglobine de Sam Raimi, se contentait de l’adhésion de 513 000 spectateurs, Saw VI de 477 000 amateurs de torture porn, Meurtres à la Saint-Valentin 3D interpellait à peine 156 000 nostalgiques du slasher des années 80. Néanmoins on soulignera l’arrivée d’une nouvelle franchise et non des moindres, car 2009, c’était aussi le lancement du phénomène Paranormal Activity qui n’est, certes, pas un film d’horreur, mais davantage un film d’épouvante, basé sur une trame surnaturelle. Et Paranormal Activity, produit par un certain Jason Blum, générera 173 entrées de plus que Destination finale 4 passant symboliquement devant lui, au classement annuel, en 47e place. L’épouvante franchissait une nouvelle étape et le found-footage flick s’apprêtait à faire son effet sur une nouvelle génération de spectateurs qui allaient progressivement apprendre à oublier la saga de la génération 2000 pour embrasser une nouvelle mode.
Affiche : Troïka. © 2009. New Line Productions Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
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