Sans extravagance, Dernier amour est une adaptation des Mémoires de Casanova qui séduit par sa finesse psychologique et l’approche mesurée de Benoit Jacquot, magnifique directeur d’acteurs.
Synopsis : Au XVIIIe siècle, Casanova, connu pour son goût du plaisir et du jeu, arrive à Londres après avoir dû s’exiler. Dans cette ville dont il ignore tout, il rencontre à plusieurs reprises une jeune courtisane, la Charpillon, qui l’attire au point d’en oublier les autres femmes. Casanova est prêt à tout pour arriver à ses fins mais la Charpillon se dérobe toujours sous les prétextes les plus divers. Elle lui lance un défi, elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire.
Critique : Toujours loin des attentes en extravagance du grand public, en matière de films en costume, Benoit Jacquot aborde le vieillissement de Casanova de façon rêche, austère, dans des ténèbres de lumières qui disparaissent, laissant les acteurs jouer leurs partition avec la grandeur qu’on leur connaît.
Dernier amour troque la désinvolture libertine pour la droiture de l’âme
Exilé en Angleterre, où il côtoie une élite libertine à la santé financière fluctuante, Casanova offre des souvenirs de désir et de premiers amours pour une prostituée – Stacy Martin, au jeu fin, mais toujours plein d’audace dans ses capacités manipulatrices. L’homme au visage marqué par la vie, l’âge qui ne trahit pas, n’a pas la décadence d’âme qu’on pourrait lui prêter aisément. Son attitude est courtoise, à la désinvolture, il préfère afficher une certaine droiture envers ses amis, y compris femmes, comme envers le personnage de Valeria Golino, complice du vice qui voit la roue tourner. La banqueroute est proche.
Photo : Carole Bethuel – Productions : Les films du Lendemain
Vincent Lindon, Benoit Jacquot, l’association du bon sens
Dans ce petit jeu du désir, où l’on ne ressortira pas diverti comme dans le cruel Mademoiselle de Joncquières de Mouret, on ressent la lourdeur d’une déliquescence, l’opacité de retomber sur une société au tournant du siècle des Lumières.
Ici Jacquot et les deux scénaristes de son grand succès Les adieux de la reine, confère une valeur humaine saine aux mémoires de Casanova, dont il s’agit d’une adaptation psychologique, qui préfère la profondeur à la truculence, l’austérité de traitement à la facilité du portrait bouffi de clichés.
Lindon est grand, mais Benoit Jacquot, en metteur en scène remarquable qu’il est, y est aussi pour beaucoup. Il sait conduire son fidèle comédien à des merveilles de sobriété, loin de l’exaltation dont Lindon peut être capable. Leur association est celle du bon sens. Pas certain pour autant, que cela puisse passionner au-delà du cercle des plus littéraires des cinéphiles, comme si la France refusait d’anoblir Jacquot malgré l’immensité de son œuvre qui perpétue une culture devenue bien trop rare à l’écran.
Toutes les sorties de la semaine du 20 mars 2019
© Diaphana Distribution – Productions : Les films du Lendemain
Le test DVD
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En raison d’un échec en salle, le film ne connaît qu’une discrète sortie DVD. La VOD lui apporte l’éclat de la HD.
Compléments : 0 / 5
Tristement vide.
Image : 3.5 /5
Le master, dans sa retranscription esthétique, choie le parti pris du chef opérateur, puisque la photographie est essentielle au film. Dans la limite technique du master SD, on retrouve bien beauté et fulgurance dans cette édition DVD.
Son : 4 / 5
Le Dolby Digital 5.1 a toute son importance pour profiter de la partition de Bruno Coulais, manifeste d’une certaine idée de la beauté. Elle ne manque pas de présence dans les arrières. Vocalement probante, la piste est pleinement satisfaisante.
Critique et test DVD : Frédéric Mignard