Délivre-nous du mal est un film d’horreur occasionnellement efficace, mais au discours lourdement prosélyte et bourré de clichés.
Synopsis : A New York, le policier Ralph Sarchie enquête sur une série de crimes. Il s’associe avec un prêtre non conventionnel, spécialisé dans les rituels d’exorcisme. Tous deux vont lutter contre les possessions qui terrorisent leur ville.
Délivre-nous du mal, archétype du film diabolique des années 2010
Critique : Véritable mode cinématographique dans les années 2010, que ce soit sur un mode traditionnel ou en version found footage, le thème de la possession démoniaque est évidemment au centre de Délivre-nous du mal. Le réalisateur Scott Derrickson s’en est même fait une spécialité depuis le succès de son Exorcisme d’Emily Rose largement teinté de christianisme militant. Le cinéaste, toujours doué pour instaurer une atmosphère tendue, nous a d’ailleurs donné quelques belles sueurs froides avec son précédent long métrage, le très inquiétant Sinister, qui avait le mérite de se détacher de toute référence biblique. Aussi attendait-on sa nouvelle incursion dans le genre avec une certaine impatience.
Un script peut Malin
Débutant par une classique enquête policière dont on perçoit tout de même quelques prémices étranges, Scott Derrickson semble rendre un hommage appuyé aux thrillers horrifiques qui ont proliféré sur nos écrans à la fin des années 90 suite au succès de Seven. On retrouve ainsi l’ambiance sombre et pluvieuse, les descentes de police dans des bouges infâmes où pullulent des cadavres en putréfaction. Pourtant, assez rapidement, le réalisateur change son fusil d’épaule et commence à introduire des éléments surnaturels qui rendent l’enquête bien moins intéressante. Effectivement, une fois que le spectateur comprend que des forces démoniaques sont à l’œuvre, le scénario se contente d’exploiter les lieux communs du film de possession. Si l’on excepte quelques belles séquences de frousse, notamment lorsque le démon s’invite la nuit pour traumatiser la fille du policier, l’ensemble manque d’originalité pour vraiment enthousiasmer. Certes, Scott Derrickson est toujours habile lorsqu’il s’agit de rendre inquiétant un objet en apparence anodin, mais ce système tombe à plat faute d’un script pertinent.
La messe est dite
Pire, le cinéaste retombe dans ses travers en assénant à qui veut l’entendre une morale judéo-chrétienne particulièrement indigeste. Soi-disant inspirée d’une histoire vraie, le scénario n’a d’autre but que de nous convaincre de l’existence du Malin, et par-là même de celle de Dieu. Il le fait de la manière la plus éléphantesque possible en conviant tous les clichés de séance d’exorcisme, crucifix et prêtre compris. Ainsi, la dernière partie (environ quinze minutes quand même) n’est que la description appliquée d’un exorcisme, comme on en a vu des dizaines depuis le triomphe du film séminal de William Friedkin. Il ressort de cette expérience la désagréable impression d’avoir été pris pour un imbécile par un auteur qui se veut apôtre en terre impie. On attendait un excellent film d’horreur et l’on se retrouve face à un pensum chrétien occasionnellement efficace.
Critique de Virgile Dumez