Deadstream réanime le genre du found footage en l’agrémentant de multiples références à la saga Evil Dead, mais échoue à rendre son protagoniste attachant. L’humour foireux retire de son intérêt aux passages anxiogènes plus réussis.
Synopsis : Une personnalité d’Internet pris dans une tourmente médiatique tente de reconquérir l’opinion en passant une nuit seule dans une maison hantée. Se faisant, il réveille un esprit vengeur et doit se battre pour sa survie.
Deadstream, un film pour les geeks
Critique : Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que le couple formé par Joseph et Vanessa Winter produit et tourne des courts-métrages horrifiques à la maison, à l’aide des moyens du bord. Pourtant, depuis le début de la décennie 2020, ils semblent enfin sortir de l’ombre en signant quelques titres pour la plateforme américaine Shudder. Ainsi, en 2022, ils ont proposé un segment du film à sketchs V/H/S 99, dans la foulée de leur premier format long intitulé Deadstream. On notera d’ailleurs que ce premier effort a été d’abord proposé avec succès dans plusieurs festivals de genre comme Sitges, le FrightFest ou encore Fantasia, cumulant plusieurs prix et récompenses.
En soi, il n’est pas étonnant qu’une telle œuvre provoque ce genre d’engouement au cœur d’un festival où se pressent des geeks en pagaille, car il s’agit assurément de la cible d’un tel divertissement. Ainsi, Deadstream revisite avec humour le sous-genre du found footage en l’assaisonnant à la sauce contemporaine. Cette fois, nous ne suivons pas quelque vidéaste passionné d’images, mais bien un influenceur qui vit de ses vidéos en streaming. Alors qu’il a été victime d’une mauvaise presse, l’adulescent totalement immature vient de perdre tous ses sponsors et doit donc frapper un grand coup pour remonter la pente. Il se lance donc comme défi de passer la nuit dans une maison réputée hantée.
Joseph Winter, un comédien irritant malheureusement omniprésent
Ce point de départ est plutôt intéressant, mais le spectateur va devoir s’armer de patience durant une première partie très plate qui est notamment gâchée par le personnage principal interprété par Joseph Winter. Le comédien s’avère particulièrement irritant, avec son humour à deux balles qui ne fait rire que lui, ses clins d’œil lourdingues à la culture woke du moment – on a du mal à saisir d’ailleurs s’il s’agit de second degré – et ses petits cris stridents. C’est d’autant plus dommage que le décor de la maison hantée est plutôt inquiétant et que certains éléments angoissants sont correctement amenés.
Mais Deadstream a surtout séduit les festivaliers par sa seconde partie qui est un hommage à peine voilé à la saga Evil Dead. Tout d’abord, la malédiction qui s’abat sur le protagoniste principal vient d’une évocation en latin, puis le déferlement de monstres dont la plupart crachent des fluides dégoûtants sur un protagoniste malmené nous met sur la piste du pauvre Bruce Campbell dans la saga culte des années 80. Mais cette influence devient quasiment embarrassante lorsque les deux cinéastes poussent le personnage dans une forêt hantée par plusieurs spectres et que celui-ci est contraint de se trancher un membre pour survivre. La proximité – pour ne pas dire la consanguinité – avec l’œuvre de Sam Raimi se retrouve aussi dans l’utilisation constante du grand angle et d’une forme qui rappelle les cartoons.
Un film possédé par le spectre de Sam Raimi et de son Evil Dead… en nettement moins bon
Finalement, si l’ensemble se regarde, on se demande tout de même où se trouve la moindre originalité ou touche personnelle dans ce qui semble être un film de fan. Certes, quelques passages horrifiques sont bien troussés et l’on apprécie le délire qui s’empare du métrage lors des vingt dernières minutes, mais il a fallu pour cela supporter l’humour peu efficace de Joseph Winter, en mode jeune abruti contemporain. On ne déconseillera pas forcément Deadstream aux plus jeunes générations qui devraient s’y retrouver. Encore une fois, il s’agit certainement d’une question d’âge.
Diffusé essentiellement dans des festivals, Deadstream a ensuite été programmé sur la plateforme Shudder dans les pays anglophones. En France, c’est VOD Factory qui en a fait l’acquisition pour une diffusion payante. Autrement, le métrage a été proposé sur Shadowz, puis OCS. Loin d’être une grande découverte, le found footage malin reste donc une toute petite production qui ne présente guère d’intérêt, y compris sur le plan purement cinématographique.
Critique de Virgile Dumez
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Joseph Winter, Melanie Stone, Vanessa Winter
