Cry Macho est assurément le film de trop pour la star Clint Eastwood, désormais frêle nonagénaire qui ne peut plus supporter le poids d’un film sur ses épaules. Sa présence même ruine toute crédibilité d’une intrigue déjà pas fameuse.
Synopsis : Une ancienne star de rodéo, devenu éleveur de chevaux, accepte la mission que lui confie l’un de ses anciens patrons : partir au Mexique pour ramener son jeune fils, qui vit avec sa mère alcoolique…
Cry Macho, un script vieux de 50 ans
Critique : Ecrit au début des années 70, le script de Cry Macho a connu l’un des plus longs développements de l’histoire du cinéma. Cette histoire a ainsi été refusée par de nombreux studios et son auteur N. Richard Nash a fini par en publier une version sous la forme d’un roman qui a connu un certain succès de librairie au milieu des années 70. Dès lors, le projet d’une adaptation cinéma revient sur le devant de la scène. Au cours des décennies, Cry Macho est passé entre de nombreuses mains, dont celles de Clint Eastwood à la fin des années 80. La star est alors attachée à d’autres projets qui lui tiennent davantage à cœur et botte en touche.
Finalement, Clint Eastwood a envisagé de reprendre en main ce projet après le joli accueil réservé à La mule (2018), dont le thème est assez similaire. Le studio Warner Bros. accepte de coproduire et de distribuer ce nouveau long-métrage, même si les cadres ont avoué ne pas croire en ce projet. Ils lui ont donné le feu vert essentiellement par fidélité envers Clint Eastwood qui leur a apporté de nombreux succès au cours des décennies.
Clint Eastwood, une erreur de casting ?
Il faut dire que le film s’appuie sur un scénario qui n’est jamais crédible à cause d’une donnée essentielle : Clint Eastwood, à 91 ans, n’est absolument plus à même de porter un film entier sur ses seules épaules. En seulement quelques années, son visage s’est encore émacié, sa démarche est désormais frêle et la star, malgré tous ses efforts, n’a plus le charisme d’autrefois. Il apparaît dans Cry Macho comme un petit grand-père fatigué, et cela a tendance à nous attrister plus qu’autre chose.
La star semble vouloir indéfiniment échapper au temps qui passe, mais cette fois, la vieillesse le rattrape. Il n’est donc pas crédible qu’un de ses anciens patrons (le chanteur country Dwight Yoakam) l’appelle à la rescousse pour ramener son fils du Mexique, un tel voyage n’étant pas envisageable à cet âge. Mais la suite du film ne fait que renforcer le malaise, puisqu’une femme d’une quarantaine d’années cherche à le séduire (ils ont donc cinquante ans de différence, tout de même), qu’il étale d’un coup de poing un jeune homme musclé sans l’air de faire le moindre effort et qu’il parvient même à dompter un cheval incontrôlable (à l’aide d’une doublure bien identifiable).
Cry Macho est l’œuvre d’un vieux monsieur fatigué à qui l’on ne jettera pas la pierre
Autant dire que l’on ne croit pas un seul instant à ce que Clint Eastwood nous montre ici. Affaibli, l’acteur livre une prestation assez frêle qui n’est pas aidée par celle du jeune Eduardo Minett qui n’est pas non plus d’une grande justesse. Certes, on retrouve là une thématique maintes fois abordée par Eastwood dans ses films précédents, à savoir l’affrontement, puis la réconciliation entre les générations (déjà visible dans Un monde parfait, La relève, Gran Torino, La mule). Mais au lieu de rattacher le film à sa filmographie, cela ne fait qu’en souligner les faiblesses au cœur d’une filmographie profuse.
Bien entendu, on ne tirera pas à boulets rouges contre ce mauvais film puisqu’il émane d’un très vieil artiste qui semble ici tirer sa révérence. N’oublions pas qu’il s’agit du film réalisé par un nonagénaire, ce qui est d’ailleurs une première à Hollywood. Le spectateur est donc prévenu de l’indigence du produit fini et préférera revoir les grands classiques de la star au lieu de s’infliger cette séance de torture, aussi ennuyeuse qu’inutile.
Un gros échec sur tous les territoires
Sorti aux Etats-Unis à la fois sur les grands écrans et en même temps sur la plateforme HBO Max, Cry Macho a été un très gros échec commercial avec seulement 10,2 millions de dollars de recettes générées en salles en Amérique du Nord pour un budget initial de 33 M$. La France, généralement plus accueillante pour l’œuvre d’Eastwood a également fait la fine bouche avec seulement 198 141 entrées sur l’ensemble du territoire. Un score que la star n’avait pas connu depuis le début des années 80. Au vu de la qualité du long-métrage, on saluera la patience des quelques égarés qui lui ont encore fait confiance. Une fois de trop ?
Critique de Virgile Dumez
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