Malgré une esthétique discutable, Croc-Blanc a le mérite de ne pas trahir l’esprit du roman de Jack London et de ne jamais prendre les enfants pour des imbéciles. Le résultat est donc plutôt convaincant.
Synopsis : Croc-Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et hostiles du Grand Nord, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu indienne. Mais la méchanceté des hommes oblige Castor-Gris à céder l’animal à un homme cruel et malveillant. Sauvé par un couple juste et bon, Croc-Blanc apprendra à maîtriser son instinct sauvage et devenir leur ami.
Une stylisation nécessaire, mais pas toujours heureuse
Critique : Animateur chevronné ayant travaillé sur des œuvres aussi importantes et ambitieuses que Numéro 9 ou Happy Feet 2, Alexandre Espigares est cette fois-ci réalisateur à part entière de ce Croc-Blanc qui représente un vrai défi pour un studio d’animation français, de par la diversité des paysages abordés, mais aussi par la multiplicité des textures à développer (pelage des loups, eau des torrents etc…).
Toutefois, devant l’ampleur de la tâche et la faiblesse du budget initial (un peu plus de 10 millions d’euros), les différents intervenants ont dû faire face à des choix esthétiques cornéliens. Conscients de l’impossibilité de livrer un rendu réaliste, ils ont donc opté pour une stylisation de l’image à base d’aplats de peinture. Ces derniers ont le mérite d’éviter les détails qui peuvent poser problème comme la fourrure, ici grossièrement dessinée.
Une version proche de l’esprit du roman de Jack London
En ce qui concerne les êtres humains, l’utilisation de la motion capture permet de rendre l’animation très fluide et naturelle. Le mélange de ces deux techniques finit par s’harmoniser, même si l’on doit bien avouer ne pas avoir été franchement séduit par l’esthétique des animaux et des personnages. La proposition a tout de même le mérite de l’originalité.
La vraie force du métrage vient essentiellement du scénario qui reprend assez fidèlement l’intrigue du roman de Jack London. Ici, point de gags pour plaire au plus grand nombre, ni de chansons et aucun dialogue entre humains et animaux. Ainsi, Serge Frydman et Philippe Lioret (réalisateur estimable de Welcome et du Fils de Jean) ont fait le pari du sérieux pour cette adaptation, se refusant à séduire les plus petits par des artifices cartoonesques.
Un message de respect envers les animaux à transmettre au jeune public
Que les parents se rassurent toutefois, la violence inhérente au roman (qui parle tout de même de combats de chien et d’animaux maltraités) est largement édulcorée, du moins sur le plan visuel puisque tous les combats se déroulent hors-champ. Le métrage fait preuve d’une certaine noirceur, mais bénéficie d’un point de vue intéressant puisque tous les événements sont vus par les yeux du chien-loup. Cela explique notamment un placement de caméra audacieux à hauteur d’animal, donnant souvent l’impression de gigantisme lorsque les humains entrent en action.
Au final, le métrage finit par émouvoir grâce à son message de respect envers les animaux. Visiblement, les enfants comprennent parfaitement cette idée puisque dans la salle de projection ont fusé des commentaires du style : « qu’ils sont méchants » dès qu’apparaissaient des humains peu recommandables. Doté d’une musique séduisante de Bruno Coulais et des talents vocaux de Raphaël Personnaz, Virginie Efira et surtout Dominique Pinon, Croc-Blanc est donc globalement une bonne surprise, même si l’on reste toujours réservé quant au rendu esthétique final.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 28 mars 2018
Acheter le film en édition collector
Voir le film en VOD
© 2018 SUPERPROD – BIDIBUL PRODUCTIONS – BIG BEACH – FRANCE 3 CINÉMA / Affiche : Turn Left (Paris) (agence). Tous droits réservés.