Bis jusqu’au bout des ongles, Class of 1999 s’avère être un spectacle assez jubilatoire par son rythme soutenu et son action constante. Un plaisir coupable qui file la pêche.
Synopsis : En 1999, l’insécurité atteint un niveau critique. Des gangs s’affrontent dans les rues à l’aide d’armes automatiques et certains quartiers sont inaccessibles aux autorités. Au milieu de l’une de ces zones, le proviseur d’un lycée de Seattle a recours aux services de Bob Forrest, patron d’une entreprise de robotique. Trois androïdes militaires reconvertis en professeurs viennent ainsi gonfler les rangs du corps enseignant…
Critique : En 1982, le cinéaste Mark L. Lester, jusque-là spécialisé dans l’exploitation pure et dure, signe une œuvre d’anticipation audacieuse intitulée Class 1984. Contre toute attente, le film cartonne dans le monde entier et devient même l’objet d’un culte auprès de ceux qui ont pu le découvrir en salles et surtout en VHS. Cela a permis à la carrière de Lester de prendre son envol et d’obtenir des budgets plus conséquents au cours des années 80.
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A la fin de cette décennie, l’embellie est moins évidente et Mark L. Lester envisage de se relancer en tournant la suite de son succès initial. Il se dote d’une armée de scénaristes pour donner corps à son idée : renverser la proposition de Class 1984 (en gros un prof luttant contre des élèves dangereux) pour ce Class of 1999.
Cette fois-ci, le pari de Lester est de parvenir à décrire une société américaine gangrenée par la violence, mais en critiquant les mesures trop dictatoriales des gouvernements et en prenant le parti d’un petit groupe de jeunes délinquants. Autant Class 1984 était une œuvre résolument réactionnaire, autant Class of 1999 se voudrait plus libéral (au sens américain du terme).
Si la thématique est bien évidemment importante, il ne faut toutefois pas trop intellectualiser un film qui se veut avant tout une exploitation carrément bis de filons alors à la mode. Ainsi, les gangs aux tenues excentriques nous renvoient directement aux films post-nuke de la décennie (Mad Max 2, mais aussi Les guerriers du Bronx). On retrouve ici des coupes punk ou mulet, des vêtements cloutés (à la Michael Jackson période Bad) et des véhicules customisés pour faire futuriste – par contre, les téléphones sont toujours à fil.
A cela, les auteurs ont cru bon d’ajouter l’arrivée au sein du lycée de trois professeurs cyborgs. Ce thème est également à la mode depuis le triomphe de Terminator (Cameron, 1984), carrément pompé durant la séquence finale, ou encore depuis RoboCop (Verhoeven, 1987).
Avec son intrigue absurde et ses emprunts évidents, Class of 1999 avait tout pour devenir un sous-produit déplorable et ennuyeux. Toutefois, Mark L. Lester parvient à insuffler au film un punch incroyable et un humour au second degré salvateur. Ainsi, l’action se déroule non-stop et s’avère plutôt impressionnante malgré des moyens réduits que le réalisateur sait optimiser. La caméra est très mobile, le découpage est habile, les effets spéciaux mécaniques plutôt réussis, tandis que la photographie présente encore un aspect cinématographique, contrairement à bon nombre de productions du début des années 90 défigurées par des images vidéo. Parmi les bons points, on peut également ajouter une bonne musique avec des contributions valables de Trent Reznor et de Midge Ure.
Enfin, le casting comporte un nombre conséquent de vétérans qui assurent. Stacy Keach écope du rôle le plus excentrique en albinos à la coiffure improbable. Malcolm McDowell est étonnamment sobre, tandis que Pam Grier est charismatique. L’intrusion de ces profs qui castagnent leurs élèves fait vraiment partie des plaisirs coupables d’une œuvre généreuse en action et en trouvailles marrantes.
D’une générosité rare dans le genre, Class of 1999 n’est certes pas un grand film, mais au royaume des plaisirs coupables qui filent la pêche, il se hisse assez haut. Les amoureux de cinéma bis peuvent lui vouer un culte. Il le mérite amplement.
On notera que le film n’a pas bénéficié d’une sortie en salles en France, car sa maison de production Vestron a fait faillite. Les droits ont ensuite été achetés par de nombreuses petites compagnies qui ont édité le long-métrage n’importe comment. Aujourd’hui, le film est disponible en blu-ray chez ESC Editions dans une copie très correcte et parée de suppléments passionnants.
Critique de Virgile Dumez
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