Cavale sans issue offre une occasion à Jean-Claude Van Damme de prouver ses capacités dramatiques. Le résultat est pourtant bien décevant.
Synopsis : Sam Gillen parvient à s’évader de prison et se réfugie dans un bois près de la maison d’une veuve, mère de deux enfants. Celle-ci est souvent victime de tentatives d’intimidation de la part d’un promoteur immobilier et Sam décide un jour de s’interposer. Hélas, un ex petit ami de Clydie est un policier corrompu travaillant au compte de l’homme d’affaire véreux et il reconnaît tout de suite le sauveur fugitif…
Critique : Lorsque Jean-Claude Van Damme s’implique dans le projet de ce Cavale sans issue (1993), tout va pour le mieux pour l’acteur belge puisqu’il vient de connaître un beau succès avec Universal Soldier (Emmerich, 1992) qui confirme sa popularité naissante et élargit son audience au-delà du cercle des amateurs de films d’arts martiaux. Apparemment, tout semble réuni pour faire du nouveau film une réussite puisque le script est signé Joe Eszterhas qui est alors le scénariste le plus en vue de Hollywood grâce au triomphe de Basic Instinct (Verhoeven, 1992). Au niveau de la réalisation, celle-ci échoie à Robert Harmon qui a étonné tout le monde en 1986 avec son thriller Hitcher. Bref, les fées semblent s’être penchées sur ce projet qui, pourtant, se révélera une cruelle déception pour tous les artistes engagés.
Effectivement, loin d’être prévu pour être un film d’action, le script était avant tout une histoire romantique entre un évadé de prison et une veuve à charge d’enfants. Une sorte de variation autour du thème de L’homme des vallées perdues (Stevens, 1953) où un homme marginal s’éprend d’une famille qui n’est pas encore la sienne. Malheureusement, ce scénario a ensuite été modifié pour introduire davantage d’action et des rebondissements typiques d’un certain cinéma commercial. Dès lors, Cavale sans issue n’arrive plus vraiment à trouver sa voie, coincé entre une histoire romanesque traitée par-dessus la jambe et des séquences d’action qui sont en nombre insuffisant pour satisfaire les fans de JCVD.
Certes, il était ambitieux de la part de la star belge de vouloir incarner un personnage plus émouvant, mais encore faut-il en avoir la capacité. Ici, l’acteur n’est ni mauvais, ni vraiment convaincant. Il est surtout desservi par des dialogues d’une très grande pauvreté qui peuvent même s’avérer embarrassants. Bourré de clichés, Cavale sans issue semble avancer sur des rails, comme si plus personne n’y croyait vraiment. Ainsi, Rosanna Arquette semble s’ennuyer ferme – elle a déclaré par la suite avoir détesté cette expérience – et les autres acteurs paraissent en mode automatique. Le jeune Kieran Culkin (frère de Macauley) est sans doute le plus naturel de tous.
En ce qui concerne Robert Harmon, il est encore capable de trousser quelques bonnes séquences d’action, mais elles sont noyées dans un nombre conséquent de scènes plus banales usant du classique champ-contrechamp. On a ainsi parfois l’impression d’assister à la projection d’un simple téléfilm, et ceci malgré quelques beaux mouvements de caméra et des éclairages corrects.
Ni bon film d’auteur, ni grand trip d’action, Cavale sans issue se regarde donc sans réel déplaisir, mais également sans passion, comme un pur produit de son époque. Malgré son peu d’intérêt, le long-métrage a obtenu un certain succès d’estime lié à la popularité naissante de JCVD. Ainsi, aux Etats-Unis, le film a généré 22 millions de billets verts pour une mise de départ de 15 millions. En France, le film a été un échec sur Paris, mais cette contre-performance dans la capitale a été compensée par un attrait plus important en province. Au final, le métrage a attiré tout de même plus d’un million de spectateurs dans tout l’Hexagone (soit la 29ème place annuelle).
Critique du film : Virgile Dumez