Boudu sauvé des eaux, certes, mais pas des clichés. Gérard Jugnot livre une comédie éventée parvenant tant bien que mal à soutirer quelques sourires grâce aux comédiens qui se font plaisir.
Synopsis : Plus rien ne va dans la vie de Christian Lespinglet. Alors que son couple bat de l’aile et que son assistante refuse ses avances, il sauve de la noyade un SDF rustre et grossier, Boudu. Ce dernier va s’installer chez lui et ébranler un peu plus son foyer déjà bien mal en point.
L’après Les Choristes de Gérard Jugnot
Critique : Avec Boudu, l’acteur le plus payé de France était de retour. En 2002 et en 2004, Gérard Jugnot avait connu un triomphe personnel avec Monsieur Batignole (en tant qu’acteur et réalisateur), puis avec Les choristes, cette fois-ci seulement en qualité d’acteur. Ces deux productions avait su redorer le blason des valeurs françaises. Il avait aussi connu en 2004 l’un de ses échecs les plus cinglants avec Trois petites filles, de Jean-Loup Hubert, mais personne ne s’en était vraiment rendu compte. L’honneur était sauf.
Un remake à peine sauvable pour ses acteurs
Le retour en tant qu’acteur réalisateur avec Boudu, une relecture du film de Jean Renoir (déjà “remaké” à Hollywood en 1985 par Paul Mazurski (Le clochard de Beverly Hills), était forcément très attendu de par le matériau de départ et le budget élevé (11 450 000 euros). Il s’agissait ni plus ni moins de son neuvième long métrage en tant que réalisateur.
L’idée de ce ravalement de façade était un peu saugrenue tant l’histoire semblait galvaudée en 2005. Comment attirer le spectateur gourmet avec un plat réchauffé qui renâclait la fadeur? En l’appâtant avec trois noms qui faisaient et font toujours plaisir à retrouver réunis au même générique.
Des années après, Boudu le remake prend toujours l’eau
Alors oui, vingt ans plus tard, le divertissement fonctionne encore un peu grâce à eux. Depardieu en fait des tonnes avec sa bonhomie et son rentre-dedans naturel. Frot affiche les névroses de la petite bourgeoisie de province avec une ingénuité toujours aussi drôle, et Jugnot en râleur franchouillard a une bouille sympa. Mais à part cela, l’on comprend aisément la réception mitigée du public en mars 2005, le film ayant dépassé à peine le million d’entrées dans toute la France, ce qui lui épargnait au moins le statut d’échec commercial. L’humanité et l’humour des personnages n’effacent pas l’inanité d’un produit calibré pour triompher en prime time.
Sans audace, Boudu a sombré dans l’oubli collectif
Gérard Jugnot a sûrement manqué d’exigence pour cette neuvième réalisation totalement oubliée désormais. Sa satire sociale légère, à l’humour prout-prout, n’égratigne personne malgré son apparente amoralité. Tout le monde y est bien trop gentil pour capter le cynisme de son époque, comme si Jugnot, en bonne figure du Français moyen, était incapable de noirceur. Le remake de Boudu aurait justement justifié de l’audace, mais sa cible en aurait été réduite. Et oui, Boudu aurait pu périr noyé ! Si seulement.