Black Snake – la légende du serpent noir : la critique du film (2019)

Comédie, Parodie | 1h22min
Note de la rédaction :
4/10
4
Black Snake : la vengeance du serpent noir, affiche

Note des spectateurs :

Diversement inspirée, cette parodie de film de super-héros se regarde d’un œil distrait, mais doit être réservée à un public adolescent qui devrait y trouver son compte.

Synopsis : Après des années passées à Paris, Clotaire Sangala revient dans son pays natal, en Afrique. Élevé par un grand-père chinois expert en arts martiaux, persuadé d’avoir été trouvé dans une poubelle, Clotaire ignore tout du glorieux passé de ses parents. Accroc aux femmes et à la vie facile, égoïste et sans ambition, Clotaire va pourtant être rattrapé par son destin… Il va devenir «Black Snake», le super-héros masqué et ultrasapé, libérateur du peuple face au dictateur Ézéchias.

Critique : Révélé par son duo formé avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol évolue désormais en solo notamment depuis un Fastlife dispensable qui laissait transparaître l’égo d’un comique de plus en plus autocentré. Cela ne s’arrange pas nécessairement avec sa nouvelle comédie dans laquelle le comédien s’offre un rôle de super-héros. Parodie d’un genre généralement attaché au continent américain, Black Snake entend rééquilibrer la donne et offrir au continent africain son premier super-héros officiel. Comme nous sommes dans une œuvre de divertissement, Thomas Ngijol décrit d’abord son personnage comme un jouisseur peu au fait de la réalité de son pays d’origine. Egoïste, prétentieux et condescendant par rapport à ses frères africains, avec une tendance à abuser de substances illicites, le personnage prendra peu à peu conscience de ses responsabilités et de la nécessité de faire cesser les injustices de son pays.

Copyright Jabulile Pearl Hlanze

Situé dans les années 70, le film aurait pu être un hommage indirect à la Blaxploitation, mais finalement cette piste est rapidement abandonnée au profit d’une comédie à la vulgarité très contemporaine. Le langage n’est ainsi pas du tout raccord avec l’époque évoquée, mais le spectateur peu regardant passera rapidement outre cette incohérence. En fait, le comique préfère dénoncer ici l’ingérence française dans la politique africaine par un soutien intensif aux dictatures ayant contribué à la ruine du continent. Le personnage odieux incarné par Edouard Baer donne d’ailleurs lieu aux meilleures scènes du métrage, grâce à un racisme latent qui finit par s’extérioriser dans une scène hilarante. Toutefois, ces bonnes intentions sont souvent noyées dans un déluge de gags plus ou moins inspirés, avant d’être trop appuyées lors de la réunion finale du G6 qui tourne à la leçon de morale un peu bêta.

Capable de nous faire rire grâce à d’excellentes idées de gag, Thomas Ngijol se laisse parfois aller à la facilité. Et si l’on apprécie sa liberté de parole et sa volonté de dénoncer les clichés racistes, il tombe parfois dans le panneau de sa propre dénonciation. Loin d’être aussi irréprochables que les bons mots de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, les dialogues de Black Snake peuvent parfois se teinter d’ambiguïté dès qu’ils abordent le thème du racisme et celui de l’homosexualité. Rien de bien méchant bien entendu, mais l’ensemble laisse planer un léger doute quant aux intentions premières de l’auteur.

Alternativement drôle, foireux et finalement affublé d’un dernier quart d’heure raté, Black Snake n’est assurément pas une catastrophe, mais n’a pas non plus été la comédie de l’année 2019. Les adolescents en bordée auraient pu venir y jeter un œil, ils y auraient trouver leur dose de déconne quotidienne, mais l’échec au box-office fut fulgurant, malgré un gros budget.

Futur film culte grâce à une prochaine diffusion télévisuelle?

Critique de Virgile Dumez

 

Copyright UGC Distribution. Tous droits réservés.

Crédit photo du bandeau : Jabulile Pearl Hlanze

x