Birth est une histoire d’amour peu banale qui repousse les limites de l’âge, mais pas celles d’Hollywood.
Synopsis : Dix ans après la mort de l’homme qu’elle adorait, Anna est enfin décidée à se reconstruire une nouvelle existence. Avec la bénédiction de sa mère, Eleanor, elle s’apprête à épouser Joseph.
Alors que toute la famille prépare l’événement, un jeune garçon surgit et déclare être la réincarnation du premier mari d’Anna. Face à l’incrédulité et aux émotions, l’univers de la jeune femme bascule. L’enfant sait des choses que seuls elle et son défunt mari pouvaient connaître…
Pour Anna et ses proches, commence alors un fascinant voyage entre ce qu’ils croyaient savoir de la vie et ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux-mêmes…
La critique : Ancien clipper de talent, Jonathan Glazer a su imposer ses ambitions cinématographiques avec son très remarqué premier long métrage, Sexy beast. Dire qu’il était attendu au tournant pour son deuxième film tient de l’euphémisme. Malheureusement, il est peu probable que son nouvel opus puisse lui permettre de consolider sa réputation tant la déception est grande à l’issue de la projection. Les premières minutes sont magistrales. Le cinéaste installe un climat trouble en promenant son élégante caméra dans un Central Park glacial où il ne fait pas bon courir, puisque le jogger que l’on suit dans son effort sportif est subitement terrassé par la mort. Plan suivant, un nouveau-né ouvre ses yeux. L’adhésion du spectateur est alors immédiate.
Cette superposition vie/mort nous mène au vif du sujet, la réincarnation, un thème rarement exploité au cinéma. On pense parfois à l’efficace film de Robert Wise, Audrey Rose, l’une des rares productions hollywoodiennes à avoir osé aborder de front ce thème difficile. Le spectateur a alors de quoi se montrer curieux, le mystère règne et toutes les directions scénaristiques sont possibles. L’attention portée à la psychologie des personnages est des plus séduisantes. Le cinéaste les filme avec retenue et pudeur, s’éloignant de l’approche contemporaine plutôt rentre-dedans, pour revenir à un traitement plus subtil, savamment utilisée dans les années 70 par des cinéastes comme Robert Mulligan dans L’autre ou Nicolas Roeg dans Ne vous retournez pas (deux films fantastiques tournant autour de l’enfance).
Il est pourtant difficile de ne pas ressortir de la projection de Birth frustré par le tour que prend progressivement l’intrigue du film. L’histoire d’amour surnaturelle qui se développe entre Nicole Kidman et la réincarnation juvénile de son mari ne nourrit pas suffisamment le suspense. Il vaut mieux être averti, le film est plus un drame psychologique qu’un thriller surnaturel. La réincarnation est au final traitée superficiellement par des scénaristes paresseux, plus intéressés par le rationnel que par le fantastique dans lequel ils ont voulu nous plonger initialement. La conclusion poussive et prévisible achève nos espoirs de voir le grand film tant attendu. La faute à des ambitions scénaristiques limitées qui desservent l’ingéniosité de la mise en scène.
Une belle consolation cependant, l’interprétation inspirée de Nicole Kidman, aussi formidable que dans The Hours, parfaite en femme déchirée qui succombe peu à peu à la tentation pédophile. D’ailleurs, lors du dernier Festival de Venise, beaucoup de spectateurs ont mal réagi à la vision du baiser amoureux qu’elle donne à l’enfant qui prétend être son époux. Un brin de subversion dans un film si sage, c’est toujours cela de gagné.
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Critique : Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 3 novembre 2004
Affiche française
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