Partenaire de légende de Bogart, reine du film noir et actrice de grande classe, Lauren Bacall fut l’une des grandes de stars de l’âge d’or hollywoodien.
Lauren Bacall, le glamour incarné
Née en 1924 à New York, l’actrice a dix-neuf ans quand elle est découverte par Howard Hawks qui en fait la partenaire de Humphrey Bogart dans Le port de l’angoisse, adapté d’un roman de Hemingway, et qui lançe le mythe Bacall : légèrement androgyne, voix rauque, démarche féline, Bacall crève l’écran et manifeste une assurance étonnante pour un si jeune âge. Les photos de l’époque commencent à immortaliser son visage et son allure indémodables, qui contribuent à faire d’elle une icône du septième art. Son abattage et sa sobriété d’actrice sont encore plus éclatants dans Le grand sommeil (1946), film culte indépassable, dans lequel elle retrouve Bogart, de nouveau sous la direction de Hawks, et sur un scénario de Faulkner, d’après un roman de Chandler. Ce chef-d’œuvre consacre l’alchimie du couple Bacall-Bogart (couple scellé par une union à la ville), avec des joutes amoureuses aux sous-entendus audacieux pour l’époque.
Au cours de cette fructueuse décennie, Bacall et Bogart sont à nouveau réunis dans deux grands classiques : Les passagers de la nuit (1947) de Delmer Daves, et Key Largo (1948) de John Huston. Ses autres partenaires de l’écran sont à la même période Kirk Douglas dans La femme aux chimères et Gary Cooper dans La route du tabac, deux films réalisés en 1950 par Michael Curtiz. Bacall veut ensuite prendre ses distances avec son image de femme fatale froide et ironique et s’essaie à la comédie, non sans une pointe d’autoparodie. Elle partage ainsi l’affiche avec Betty Grable et Marilyn Monroe dans Comment épouser un millionnaire (1953) de Jean Negulesco, et s’affirme sans peine auprès de Gregory Peck dans La femme modèle (1957) dont le tournage précède la mort de Bogart.
Entre comédies et drames
Dans ce dernier film, l’actrice trouve un metteur en scène de sa dimension en la personne de Vincente Minnelli, qui lui avait confié un rôle sombre dans La toile d’araignée (1955). Car Bacall est avant tout une excellente actrice dramatique, arrivant à susciter l’émotion sans les excès fréquents de certaines grandes stars rivales. C’est sans doute l’une des raisons qui incite Douglas Sirk à lui donner le rôle principal dans Écrit sur du vent (1956), l’un de ses grands mélodrames. Par la suite, Lauren Bacall vit un peu sur son mythe et espace ses apparitions, bien que collaborant avec des cinéastes aussi divers que Blake Edwards, Don Siegel ou Sidney Lumet. Pour ce dernier, elle incarne l’une des voyageuses dans Le crime de l’Orient-Express (1974), premier d’une série de films où elle joua les guest stars.
On se souvient notamment de l’éditrice dans Misery (R. Reiner, 1990), de la chroniqueuse de mode dans Prêt-à-porter (R. Altman, 1994), ou de ses apparitions dans le diptyque Dogville (2003) et Manderlay (2005), sous la direction de Lars von Trier. Bacall est par ailleurs une brillante comédienne de théâtre (Applause) et reçoit à deux reprises le Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale. À ces récompenses se sont ajoutés un Golden Globe et un Oscar d’honneur, décerné par la profession en 2010. Il faut aussi souligner que Lauren Bacall était une militante convaincue de la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression (elle manifesta avec Bogart contre le maccarthysme). Elle restera surtout comme l’incarnation le plus pur du glamour hollywoodien. Lauren Bacall est décédée en 2014.