Reboot inutile d’une franchise à bout de souffle, Belle et Sébastien : nouvelle génération continue à dévaler la pente de la médiocrité et s’avère être le plus mauvais numéro de la saga. A éviter.
Synopsis : Sébastien, 10 ans, passe ses vacances à contrecœur à la montagne chez sa grand-mère et sa tante. Il doit donner un coup de main à la bergerie, rien de bien excitant pour un garçon des villes comme lui… mais c’est sans compter sur sa rencontre avec Belle, une chienne immense et maltraitée par son maître. Prêt à tout pour éviter les injustices et protéger sa nouvelle amie, Sébastien va vivre l’été le plus fou de sa vie.
Comment enterrer pour de bon une franchise!
Critique : Alors qu’il venait d’achever son premier film en prise de vues réelles L’aventure des Marguerite (2020), Pierre Coré s’est vu proposé par le producteur Clément Miserez de reprendre la franchise Belle et Sébastien et de la réactiver. Effectivement, le troisième volet s’intitulait bien Le dernier chapitre (Clovis Cornillac, 2018) et le jeune acteur Félix Bossuet était désormais trop âgé pour reprendre le rôle de Sébastien. L’idée d’un reboot séduit Pierre Coré qui se met à l’écriture du script avec l’aide d’Alexandre Coffre (réalisateur du calamiteux Les aventures de Spirou et Fantasio en 2018).
On ne peut pas dire que les noms attachés à ce projet de reboot fasse rêver, d’autant que la franchise n’a jamais été un sommet, si l’on fait exception d’un premier volet charmant tourné en 2013 par Nicolas Vanier. Les deux suites furent des déceptions sur le plan artistique, avec une dangereuse pente descendante d’un numéro à l’autre. Malheureusement, les auteurs du reboot ont décidé de creuser un peu plus profonde la tombe de l’œuvre de Cécile Aubry.
De l’art du recyclage de clichés
Tout d’abord, l’idée de transposer l’histoire d’amitié entre le jeune garçon de la ville et la chienne de berger à l’époque contemporaine n’est pas forcément judicieuse. Ainsi, les premières scènes situées en banlieue ont tendance à jurer au cœur d’une franchise généralement attachée à la défense de la nature. Certes, elles ont été tournées pour offrir un contraste avec les séquences de montagne, heureusement plus nombreuses, mais elles percutent toutefois l’image que l’on a de la saga. Ensuite, le script n’offre au spectateur qu’une série de clichés éculés.
© 2022 Gaumont – Radar Films – M6 Films / Photographie : Jérôme Prébois. Tous droits réservés.
Ainsi, le gamin de la ville laissé sous la garde de sa grand-mère de la campagne tient de l’archétype facile, d’autant que la matriarche est une râleuse compulsive. On retrouve ici l’affrontement classique entre un enfant et une personne âgée qui ne souhaite pas s’en occuper. Malheureusement, les personnages apparaissent assez rapidement comme antipathiques. De la mère de famille (insipide Caroline Anglade), à sa sœur inconséquente (irritante Alice David) jusqu’à la grand-mère incarnée par Michèle Laroque, aucun protagoniste n’est vraiment attachant. Même le gamin joué de manière aléatoire par le petit Robinson Mensah Rouanet n’arrive jamais à la cheville du Sébastien de Félix Bossuet. On saluera bien entendu les efforts du jeune acteur pour livrer une performance la plus juste possible, mais son rôle est tout simplement mal écrit.
Belle et Sébastien : nouvelle génération, comme un air de téléfilm
Enfin, du côté des méchants, Syrus Shahidi manque de présence à l’écran, tandis qu’Aurélien Recoing ne force pas son talent dans un emploi qu’il a déjà arpenté maintes et maintes fois. En matière de réalisation, Pierre Coré ne fait pas vraiment le poids non plus puisqu’il livre des images bucoliques banales qui ressemblent beaucoup à ce que l’on peut voir dans les séries télévisées françaises du style Alex Hugo. Finalement, le seul véritable intérêt du film réside encore une fois dans le jeu parfaitement maîtrisé des animaux. Même la séquence finale où le jeune Sébastien fait du parapente est ruinée par des effets spéciaux numériques atroces.
Inintéressant au possible, Belle et Sébastien : nouvelle génération est donc un film parfaitement dispensable qui n’apporte rien à la franchise. Alors que le premier volet a réuni plus de 3 millions de bambins en 2013, le second 1,8 million et le troisième 1,6 million, ce reboot n’a pas réussi à atteindre les 600 000 spectateurs. La marque d’un désaveu du public envers une franchise qui n’a décidément plus rien à offrir. Dès son premier jour d’investiture, le mercredi 19 octobre 2022, Belle et Sébastien : nouvelle génération était un échec programmé avec seulement 11 109 entrées dans 612 cinémas, soit une moyenne catastrophique de 18 par écran.
Un échec commercial qui devrait mettre fin à la franchise
Comme le film n’est pas enthousiasmant, la suite n’a fait que confirmer le peu d’intérêt du grand public pour ce reboot inutile. On notera d’ailleurs un désaveu encore plus grand dans la capitale où le métrage s’est vautré à 40 659 spectateurs, tandis que la province a permis au film de générer 595 200 tickets. Pas de quoi pavoiser pour autant, puisque le long-métrage s’est largement fait doubler, dès son entame, par Le nouveau jouet (James Huth) avec Jamel Debbouze qui cherchait à capter le même public.
Critique de Virgile Dumez
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© 2022 Gaumont – Radar Films – M6 Films / Affiche : Silenzio. Photos : Thibault Grabherr, Louann Core, Jerome Prebois. Tous droits réservés.
Biographies +
Pierre Coré, Michèle Laroque, Caroline Anglade, Aurélien Recoing, Alice David, Robinson Mensah Rouanet, Syrus Shahidi
Mots clés
Franchise Belle et Sébastien, Les chiens au cinéma, La montagne au cinéma, Films avec des animaux pour les enfants
