Plus proche d’une série télé que du film de cinéma, Balle perdue s’empare de l’action à l’américaine avec une certaine vigueur, tout en souffrant d’un script bancal. Inégal, mais sympathique.
Synopsis : Petit génie de la mécanique, Lino est réputé pour ses voitures-bélier. Jusqu’au jour où il se fait arrêter pour un braquage qui tourne mal. Repéré par le chef d’une unité de flics de choc, il se voit proposer un marché pour éviter la prison. 9 mois plus tard, Lino a largement fait ses preuves. Mais soudain accusé à tort de meurtre, il n’a d’autre choix que de retrouver l’unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue…
Un film d’action made in France disponible sur Netflix
Critique : Depuis le début des années 2010, le cinéaste Guillaume Pierret et son producteur Rémi Leautier travaillent en toute indépendance à la réalisation de courts-métrages dédiés à l’action. Lorsqu’ils écrivent le scénario de Balle perdue vers le milieu de la décennie, il est difficile de produire une telle œuvre vouée à l’action et aux cascades, surtout lorsque le réalisateur n’a aucune expérience dans le long-métrage.
Pourtant, la situation s’éclaircit lorsque les deux complices franchissent la porte de la société Netflix qui opte pour l’achat de ce produit made in France qui viendra compléter son offre aussi bien sur notre territoire qu’à l’étranger. Dès lors, le tournage est lancé au mois de mai 2019 à Sète et dans ses alentours. On notera que l’acteur principal choisi, à savoir Alban Lenoir, s’est largement impliqué dans la création de l’œuvre, au point d’être crédité comme coscénariste.
Un air d’EuropaCorp
Initialement, Balle perdue (2020) avait pour but de démontrer la capacité des Français à créer des films d’action à l’américaine, sans pour autant posséder des budgets équivalents. En ce sens, on peut saluer la réussite d’une telle entreprise puisque la plupart des séquences de course poursuite sont effectivement très efficaces. Bien entendu, le cadre français et le choix des voitures utilisées (toutes anciennes et peu prestigieuses) nous renvoient davantage aux sagas Taxi ou du Transporteur initiées au temps d’EuropaCorp qu’à Fast and Furious, mais l’ensemble n’est pas dépourvu d’un certain charme, notamment dans ses cascades qui sentent bon la sueur et le cambouis, là où les films hollywoodiens usent et abusent parfois d’effets numériques voyants.
Malheureusement, pour soutenir les différentes séquences d’action, il aurait fallu songer à un script un peu plus charpenté. Ainsi, les ressorts de l’intrigue proprement policière sont un peu trop gros et, parfois, franchement incohérents. On ne comprend notamment jamais pourquoi les truands ne se sont pas débarrassés du véhicule du flic joué avec bonheur par Ramzy Bedia, ce qui amène à une course à l’échalotte pour retrouver la preuve de la culpabilité de certains ripoux.
Un script à la peine, mais Balle perdue regorge de cascades impressionnantes
Finalement, au niveau de l’intrigue, Balle perdue ressemble à s’y méprendre aux scénarios inutilement tarabiscotés des deux dernières saisons de la série Braquo – où officiait déjà Nicolas Duvauchelle, toujours très bon. Les décisions prises par les protagonistes sont parfois absurdes et n’ont pour but que d’envenimer la situation pour fournir au spectateur des séquences de plus en plus impressionnantes. Niveau crédibilité, Balle perdue se tire surtout une balle dans le pied en permanence.
Heureusement, le métrage n’est pas trop mal réalisé et bénéficie de l’implication totale d’Alban Lenoir qui s’impose ici comme une nouvelle vedette crédible du cinéma d’action. Ses combats à mains nus sont brillamment exécutés (en mode Jason Statham), tandis qu’il fait preuve d’un véritable charisme lors des scènes plus dramatiques. Les seconds couteaux sont également de bonne tenue, même si on peut regretter le choix de Pascale Arbillot en cheffe de brigade, tant l’actrice a du mal à s’imposer dans cet univers masculin, contrairement à Stéfi Celma, bien plus crédible.
Balle perdue, l’un des plus gros succès français sur Netflix
Finalement, Balle perdue s’avère être un divertissement sympathique, mais quelque peu bancal par son script. Le produit fini ressemble surtout beaucoup aux séries françaises actuelles, et nettement moins à un film de cinéma. Finalement, sa présence sur la plateforme Netflix se justifie donc pleinement.
Contre toute attente, le métrage a cartonné non seulement en France, mais aussi dans le monde entier puisque Netflix a communiqué sur près de 37 millions de connections pour ce film dans le monde. Il s’agissait notamment en 2020 du deuxième film étranger le plus vu sur la plateforme dans sa version américaine. De quoi initier le début d’une saga qui s’est poursuivie depuis avec Balle perdue 2 (2022) et même un Balle perdue 3 actuellement en phase de tournage.
Critique de Virgile Dumez
Voir le film sur Netflix
Biographies +
Guillaume Pierret, Pascale Arbillot, Alban Lenoir, Nicolas Duvauchelle, Ramzy Bedia, Anne Serra, Stéfi Celma, Rod Paradot
Mots clés
Exclusivités Netflix, Les voitures au cinéma, Les flics ripoux au cinéma, La drogue au cinéma